Volume 77, no 26 le 8 juillet 2013
BRIAN WILLIAMS
Les marchés boursiers à travers le monde ont dégringolé après que Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, a annoncé le 19 juin que la Fed pourrait commencer dans l’année à mettre un frein à ses procédés d’impression de papier monnaie appelés « assouplissements quantitatifs. » Comme cette déclaration provoquait des remous dans les agences de presse, le président Barack Obama a annoncé publiquement sur PBS, pendant l’émission de Charlie Rose du 17 juin, que le mandat de Ben Bernanke arrive à sa fin. « Il est déjà resté en place beaucoup plus longtemps qu’il ne le voulait ou qu’il était censé le faire, » a déclaré Barack Obama.
Les divisions s’approfondissent de plus en plus parmi les dirigeants américains sur l’opportunité de poursuivre les programmes massifs de « stimulants » de la Fed. D’un côté, ses partisans craignent que leur arrêt ne fasse qu’aggraver la contraction de la production et augmenter le chômage. D’un autre côté, l’opposition de plus en plus insistante montre du doigt l’augmentation de la dette publique, se plaint de l’absence de tout progrès vers l’objectif cité et craint les pressions inflationnistes à long terme. Bien que les deux côtés mettent le doigt sur des problèmes réels du capitalisme, aucun ne présente de solution.
À la tête de la Réserve fédérale depuis huit ans, Ben Bernanke a mené un effort sans précédent de « stimulants » monétaires. Depuis 2008, la Fed a acheté de banques américaines des dizaines de milliards de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires ainsi que les propres obligations du gouvernement U.S., transférant ainsi 2,5 $ billions aux banques. La théorie était que les patrons emprunteraient cet argent facile et augmenteraient la production, ce qui créerait des emplois.
Mais les patrons sont confrontés à une crise de la production et du commerce sans précédent depuis des décennies. En conséquence, leurs plus grandes sources de profits ne demandent pas d’investissements dans les équipements et la main-d’œuvre pour accroître la production. Ils ont plutôt choisi de s’asseoir sur des réserves de milliards de dollars ou de trouver des rendements plus élevés dans des actions et autres « instruments » financiers, essentiellement des paris spéculatifs sur la hausse ou la baisse de toutes sortes de papiers commerciaux, ce que Karl Marx appelait « capital fictif. »
L’âge moyen des équipements de production aux États-Unis est proche de 20 ans, presque le double de ce qu’il était en 1990, selon le Bureau d’analyses économiques.
L’argent facile créé par les programmes de la Fed a été utilisé pour faire monter le prix des actions U.S. en bourse mais n’a rien fait pour inciter les patrons à créer le moindre emploi.
Aux États-Unis, l’indice de 500 actions de Standard & Poor a chuté de 2,5 pour cent au lendemain de l’annonce de Ben Bernanke, sa plus forte baisse en une journée depuis novembre 2011. Le cours des actions a chuté encore plus en Europe, en Asie et en Amérique latine.
La crainte de voir la Réserve fédérale se désengager de l’impression de dollars en quantités toujours plus grandes met en évidence l’instabilité financière mondiale croissante dont l’origine profonde se trouve dans l’incapacité des capitalistes à contrecarrer le ralentissement de la production et du commerce. Elle souligne le rôle que joue l’impression de dollars dans les efforts déployés par les classes possédantes partout dans le monde pour reporter à plus tard les krachs financiers dans l’espoir que la contraction économique prendra fin avant.
Selon un rapport de l’Institut pour la gestion de l’offre, la fabrication manufacturière aux États-Unis a subi une contraction en mai, atteignant son plus bas niveau depuis la « reprise » post-récession de 2007-2009, qui commencé il y a près de quatre ans.
En même temps, l’économie chinoise ralentit, anéantissant les illusions de nombreux dirigeants capitalistes aux États-Unis et dans d’autres pays impérialistes sur la capacité de l’éternel « miracle chinois » de relancer le commerce et la production mondiale.
Mais plus la Chine compte sur le capitalisme, plus elle devient vulnérable à toutes les pressions et les crises de ce mode de production.
Après que Ben Bernanke a parlé, les cours boursiers en Chine ont chuté de plus de trois pour cent. Les banques chinoises sont en train de resserrer l’accès au crédit, limitant la capacité des industriels de financer la production.
En juin, la production manufacturière en Chine a chuté à son plus bas niveau en neuf mois, selon l’index des directeurs d’achat HSBC, alors que les nouvelles commandes à l’exportation ont diminué. Le mois précédent, les exportations chinoises vers les marchés des États-Unis et de l’Union européenne ont respectivement chuté de 1,6 pour cent et 9,7 pour cent par rapport à l’an passé, selon le Wall Street Journal.
À mesure que la production manufacturière chinoise ralentit, les importations diminuent aussi, ce qui du même coup a des conséquences sur les industries capitalistes partout dans le monde. La demande de charbon métallurgique et d’autres ressources nécessaires à la fabrication de l’acier en Chine ont chuté, ce qui engendre des licenciements et des fermetures de mines aux États-Unis où les exportations de charbon ont chuté de 31 pour cent en avril.
Au cours du premier trimestre de 2013, le produit intérieur brut de la zone euro, une mesure des biens et des services, a baissé pour le sixième trimestre consécutif, ce qui affecte l’ensemble des 17 pays de la zone commune de devise et de commerce.
Le quotidien Guardian basé à Londres a rapporté que ces « données accablantes » ont conduit Naoyuki Shinohara, directeur général adjoint du Fonds monétaire international, à déclarer au quotidien que l’économie mondiale ne « créera pas d’emplois pour les millions de personnes qui sont devenus chômeurs au cours des cinq dernières années. »
Alors que les patrons partout dans le monde n’ont pas de solution au ralentissement de la production et du commerce, ils travaillent pour augmenter leurs marges de profit industriel sur le dos de la classe ouvrière en augmentant les cadences de travail et en réduisant les salaires.
Depuis son plus bas niveau à la suite de la récession de 2007-2009, la production U.S. a augmenté à des niveaux atteignant presque celui d’avant la récession. Mais la même quantité de travail est produite par deux millions de travailleurs en moins. Et selon les chiffres du gouvernement, les salaires et les avantages sociaux des travailleurs U.S. ont chuté à leur plus bas niveau depuis 1955.
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