Volume 78, no 8      le 3 mars 2014

Les actions ont commencé en novembre après que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, sous la pression de Moscou, a refusé de signer un accord commercial avec l’Union européenne. « Dans sa quête pour maintenir le contrôle économique et politique sur le pays, a dit Tom Fiske, le président russe Vladimir Poutine a exercé une forte pression sur le gouvernement ukrainien — un mélange de menaces et de la carotte d’un prêt de 15 milliards de dollars et d’une baisse du prix du gaz naturel.

« Les manifestations qui ont éclaté ne portaient pas sur des désaccords concernant qui de l’Union européenne ou de Moscou proposait à l’Ukraine un meilleur accord commercial, a expliqué Tom Fiske, mais sur la lutte des masses en Ukraine contre la domination russe. Des centaines de milliers d’Ukrainiens sont descendus dans la rue contre le gouvernement Ianoukovitch et sa politique. »

La domination russe de la majeure partie de ce qui est aujourd’hui l’Ukraine remonte au dix-septième siècle, a dit Tom Fiske. Les tsars ont interdit la langue ukrainienne, ont essayé de la remplacer par le russe et ont fait venir des centaines de milliers de Russes pour y vivre, comme un contrepoids aux aspirations nationales ukrainiennes. « L’Ukraine est typique de la Russie tsariste, a-t-il dit. Comme l’a fait remarquer Vladimir Lénine, le dirigeant central de la révolution russe de 1917, l’empire russe était une prison de nations. »

La révolution socialiste qui a porté les travailleurs et les agriculteurs au pouvoir en Russie en 1917, et quelques années plus tard, en Ukraine, a commencé à ouvrir toutes grandes ces portes de prison. « Ça a été l’occasion d’un grand changement en Ukraine, a dit Fiske. Des soviets, des conseils révolutionnaires, se sont répandus à travers le pays.

« Le parti bolchevique et le gouvernement révolutionnaire sous la direction de Lénine ont réalisé une politique d’ukrainisation pour renverser la russification des tsars, encourageant ainsi l’enseignement de la langue ukrainienne et le développement de la culture nationale ukrainienne, a dit Tom Fiske. Les bolcheviks étaient en faveur du droit à l’autodétermination et de la liberté complète des nations opprimées d’être indépendantes.

« La montée d’une caste privilégiée liée à la bureaucratie gouvernementale, dont le représentant le plus important est devenu Joseph Staline, a remis en cause ces avancées, » a noté Fiske.

Tout en écrasant les droits nationaux des peuples opprimés à travers l’ancien empire russe, le gouvernement de l’Union Soviétique sous Staline a réimposé la russification de l’Ukraine. Des dirigeants communistes en Ukraine ont été assassinés sous les ordres de Staline.

Le cours contrerévolutionnaire du régime stalinien en Union Soviétique durant des décennies a mené à son effondrement en 1991, a dit Tom Fiske. Ceci a ouvert un espace politique pour que les travailleurs puissent s’organiser et faire de la politique sur la base de leurs propres luttes et revendications. Parallèlement, une classe capitaliste aspirante provenant en grande partie de ceux qui avaient des liens avec l’ancienne bureaucratie gouvernementale a commencé à accumuler de la richesse, surtout par le vol de la propriété de l’État. Les nouveaux gouvernements ont mis le cap sur la réimposition de relations sociales d’exploitation capitaliste.

Le régime autoritaire actuel du président Vladimir Poutine est dirigé par ce qui reste de l’appareil de la police secrète stalinienne et représente un obstacle majeur. Poutine lui-même a longtemps été un agent du KGB qui s’est élevé au rang de lieutenant-colonel et qui par la suite a dirigé le Service de sécurité fédérale, le successeur du KGB.

Alors que l’Ukraine a obtenu son indépendance formelle au début des années 1990, son gouvernement fonctionne de façon semblable à celui de Moscou, utilisant la répression policière pour étouffer l’opposition à son cours anti-ouvrier.

Les gouvernements impérialistes de l’Union européenne et des États-Unis ne sont pas les amis des travailleurs et des agriculteurs de l’Ukraine, a dit Tom Fiske. Ils veulent que le gouvernement ukrainien « arrête de subventionner le gaz et réduise ce qu’ils voient comme un salaire social trop élevé, » afin d’assurer le remboursement des prêts et de maximiser les profits.

« Les luttes pour l’indépendance de la domination russe en Ukraine font partie de la lutte pour ouvrir de l’espace politique et préparer la classe ouvrière aux batailles à venir, a dit Fiske. Cela inspirera d’autres nationalités opprimées à défendre leurs droits contre la domination russe dans les pays de l’ex-Union soviétique, y compris en Ukraine elle-même, comme pour les Tatars en Crimée. »

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