Volume 78, no 35 le 6 octobre 2014
Les participants à cette grande manifestation à caractère social se sont mobilisés contre la dévastation croissante de la terre et du travail. Cette dévastation prend ses racines dans le fonctionnement naturel du système capitaliste : la chasse aux profits des patrons à l’échelle mondiale, fouettée par la concurrence, pour produire davantage et plus rapidement sans tenir compte des conséquences pour les travailleurs et la nature.
La marche coïncide avec un accroissement de la résistance et de la syndicalisation de travailleurs mécontents des faibles salaires, de l’accélération du rythme de travail et de la détérioration de la sécurité au travail. Cette marche renforce la résistance de la classe ouvrière tout comme les luttes ouvrières renforcent les manifestations à caractère social.
Cette mobilisation fait suite à la rébellion des travailleurs du rail de Burlington Northern qui ont rejeté la tentative des patrons de réduire l’équipage des trains à une seule personne, ce qui aurait augmenté les probabilités de déraillements et de déversements de produits toxiques tel que celui survenu à Lac-Mégantic, au Québec, l’an passé.
Elle se produit également peu après les grandes manifestations dénonçant les meurtres par la police de Michael Brown, à Ferguson dans le Missouri, et d’Eric Garner, à Staten Island dans l’État de New York.
Elle survient alors qu’une épidémie du virus Ebola ravage les pays les moins développés en Afrique, là où une grande partie de la classe ouvrière n’a accès ni à l’électricité ni à un système sanitaire. Parallèlement, des millions de personnes se joignent à la classe ouvrière en Chine, en Inde, en Afrique et à travers le monde semi-colonial — et cherchent des alliés lorsqu’elles commencent à lutter pour des conditions de vie modernes et font face au fonctionnement destructeur de la production capitaliste.
Contrairement aux nombreuses actions précédentes pour l’environnement, des contingents syndicaux importants ont participé à cette marche.
« Le syndicat des infirmières se bat pour la sécurité des patients et pour des effectifs adéquats. Nous voulons sauver des vies, » a dit Lilia Marquez, 55 ans, une infirmière de l’hôpital Bellevue qui défilait avec l’Association des infirmières de l’État de New York. Leur banderole disait : « Nous avons à coeur nos patients et notre planète. »
Parmi les organisations ouvrières présentes, se trouvaient les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, les Travailleurs des communications d’Amérique (CWA), l’Union internationale des employés de services, sections 32BJ et 1199, représentant les travailleurs d’entretien des bâtiments et les travailleurs de la santé ; ainsi que le Congrès du travail du Canada.
D’autres marches pour le climat ont eu lieu à Oakland, en Californie, à Los Angeles, à Seattle, à Miami, à Omaha et à Lincoln, au Nébraska, ainsi que dans d’autres villes des États-Unis et dans le monde.
Quelle voie en avant ?
Les propositions sur ce qu’il faut faire variaient considérablement. Certains pensaient que le problème est une question sociale et mettaient de l’avant un cours ouvrier pour la défense des salaires, la lutte pour le contrôle ouvrier sur les conditions de travail et la défense des luttes des travailleurs contre l’exploitation et la destruction de l’environnement. D’autres exprimaient des perspectives non scientifiques, catastrophistes et anti-ouvrières, condamnant l’industrialisation et blâmant les travailleurs dans des secteurs comme l’énergie nucléaire, le transport ferroviaire de pétrole brut et l’extraction de charbon pour la façon dont les processus de production des patrons ne tiennent pas compte de la sécurité.
Une délégation internationale organisée par la Coalition mondiale sur les migrations a défilé à New York. « Les personnes déplacées par les catastrophes climatiques sont de façon disproportionnée des agriculteurs/populations rurales, la classe ouvrière, les peuples autochtones et les communautés de couleur, » a déclaré le groupe.
De nombreux manifestants sont venus d’écoles secondaires et de collèges. Mac Lubold, âgé de17 ans, est venu avec 50 élèves de l’école secondaire Concord dans le New Hampshire. « Un de nos amis a entendu parler de la marche et a organisé un bus, » a-t-il dit au Militant.
Un contingent venu de Far Rockaway dans le Queens et d’autres quartiers ravagés par l’ouragan Sandy en 2012, a participé à la manifestation, comme l’ont fait des contingents de la Louisiane et du Mississippi, États durement frappés par l’ouragan Katrina en 2005 et où les effets de la tempête se font encore sentir.
Les destructions causées par ces tempêtes ont constitué un désastre social découlant du système de rentes contrôlé par les dirigeants U.S. et qui condamne ceux qui peuvent payer le moins à vivre dans les zones les plus vulnérables. Il découlait aussi du refus des dirigeants U.S. d’évacuer les résidents et de l’aide dérisoire qu’ils ont apportée aux victimes des catastrophes.
Certains manifestants ont blâmé les méthodes d’extraction et de transport de l’énergie telles que la fracturation hydraulique et les oléoducs, ou la technologie elle-même, pour les dommages faits à l’environnement.
Certains de leurs slogans disaient : « Gardez le pétrole dans le sol » et « Pas de fracturation aux États-Unis ». Certains appelaient à un retour à un passé imaginaire, primitif et idyllique.
De nombreux participants ont été attirés par l’idée que le ravage de la terre et du travail par le capitalisme est une question sociale et de classe, et que la voie en avant se situe le long de la ligne de marche révolutionnaire de la classe ouvrière. Les participants aux manifestations de New York, San Francisco et Lincoln, au Nébraska, ont acheté 116 abonnements au Millitant ainsi que 48 exemplaires des numéros 13 et 14 de New International, comprenant les articles « Notre politique commence avec le monde » et « L’intendance de la nature incombe aussi à la classe ouvrière : en défense de la terre et du travail. »
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