Année 79, no 9 le 16 mars 2015
« La patrie peut compter sur ces cinq soldats, » a déclaré Gerardo Hernández. Nous serons « toujours fidèles aux idées de Martí, Che, Fidel et Raúl. »
Gerardo Hernández parlait au nom des hommes, connus dans le monde comme les Cinq Cubains, qui ont été réunis sur le sol cubain le 17 décembre, plus de 16 ans après avoir été arrêtés et jetés en prison par le gouvernement US. Ils avaient été faussement accusés de complot en vue de faire de l’espionnage et, dans le cas de Gerardo Hernández, de conspiration pour commettre un meurtre. Leur véritable « crime » était leur engagement à défendre la révolution socialiste à Cuba.
En cédant aux demandes de libération des Cinq Cubains à travers le monde, les dirigeants capitalistes US opèrent un changement de tactique plus large qui s’inscrit dans l’objectif historique de supprimer l’exemple des relations de propriété et des relations sociales conquises par les travailleurs et les agriculteurs à Cuba depuis plus de 55 ans.
La distinction de « Héros de la république » avait été décernée de nombreuses années auparavant à Gerardo Hernández, Ramón Labañino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González par l’Assemblée nationale du pouvoir populaire de Cuba, le 29 décembre 2001, quelques jours seulement après qu’un tribunal fédéral américain les a condamnés à des peines de prison draconiennes dont trois à la prison à vie sans libération conditionnelle. Mais la cérémonie de La Havane marquant le cent-vingtième anniversaire de la reprise de la guerre pour l’indépendance de Cuba en 1895, a été l’occasion de remettre à chacun les médailles correspondant à cette reconnaissance.
Diffusé en direct à la télévision cubaine, cet événement du 24 février était à la fois un hommage solennel aux Cinq Héros et un moment de fête et de joie pour le peuple cubain. Par décision du Conseil d’État, l’Ordre de Playa Girón a également été décerné à chacun d’entre eux pour leur « défense résolue de la patrie. »
« Notre première pensée est une pensée de gratitude et de fidélité envers tous ceux qui, au long de l’Histoire, par leur sacrifice, ont rendu possible que nous puissions vivre dans une Cuba socialiste, révolutionnaire et victorieuse, conscients qu’il revient à notre génération et à celles qui viendront après nous, de défendre la continuité de cette œuvre, les rêves et les idéaux de nos libertadors.»
Après les remarques de Gerardo Hernández, Eusebio Lea, historien de la ville de La Havane, a parlé de la lutte pour l’indépendance de Cuba contre la domination coloniale espagnole. Le programme s’est terminé avec une performance de La Colmenita, le groupe cubain de théâtre d’enfants de renommée mondiale.
Parlant quelques jours plus tard sur Radio Rebelde à Cuba, René González a dit que ce qui l’avait le plus touché pendant la cérémonie était l’émotion sur le visage de Raúl au moment de remettre les médailles. « Je pense qu’il voyait ses fils recevoir de sa génération les résultats de la lutte menée par cette génération depuis de si nombreuses années. »
Quelques jours plus tard, Gerardo Hernández, Ramón Labañino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González ont passé cinq heures avec Fidel Castro à discuter de leurs expériences. « Aucun des Cinq Héros n’a effectué son travail à la recherche d’applaudissements, de prix ou pour la gloire, » a écrit Fidel dans son compte-rendu de la rencontre. « Ils ont reçu leurs titres honorifiques parce qu’ils ne les ont pas cherchés. »
Ci-dessous nous reproduisons le texte intégral de l’allocution de Gerardo Hernández du 24 février, telle que publiée en français par le Conseil d’État de Cuba. La transcription en espagnol sera publiée dans le prochain numéro.
Cher camarade général d’armée Raul Castro Ruz, président du Conseil d’État et du Conseil des ministres,
Camarades,
Honorer les Cubaines et les Cubains qui, un jour comme aujourd’hui, il y a 120 ans, décidèrent de reprendre les armes pour lutter pour l’indépendance de la Patrie, est la meilleure manière de recevoir le Titre honorifique de « Héros de la République de Cuba » qui nous est généreusement conféré, à nous, cinq Cubains de cette époque, dont le seul mérite est d’avoir fait leur devoir.
José Marti, l’âme de ce soulèvement national du 24 février 1895, écrivit que la valeur d’un héros se mesure au respect qu’il porte à ceux qui l’ont été. C’est pourquoi, un jour comme aujourd’hui, notre première pensée est une pensée de gratitude et de fidélité envers tous ceux qui, au long de l’Histoire, par leur sacrifice, ont rendu possible que nous puissions vivre dans une Cuba socialiste, révolutionnaire et victorieuse, conscients qu’il revient à notre génération et à celles qui viendront après nous, de défendre la continuité de cette œuvre, les rêves et les idéaux de nos libertadors.
La première pensée des Cinq en ce jour s’adresse à un homme dont le leadership et la vision stratégique ont été décisifs dans la bataille qui a conduit à notre libération, et qui, par son exemple, nous a toujours inculqué l’esprit de lutte, de résistance et de sacrifice. Un homme qui nous a appris que le mot reddition n’existe pas dans le dictionnaire d’un révolutionnaire, et qui très tôt affirma à tous les Cubains que les Cinq reviendraient dans la patrie. Commandant en chef, cette décoration qui nous arborons aujourd’hui avec fierté est aussi la vôtre [Applaudissements].
À notre général d’armée Raul Castro, qui n’a pas eu de répit jusqu’à ce que la promesse de Fidel soit accomplie, et aux camarades qui comme lui portent sur leur poitrine cette étoile honorable et ont toujours constitué un exemple pour les Cinq, nous vous disons que cette décoration est aussi la vôtre [Applaudissements].
Au peuple cubain qui a fait sienne la cause des Cinq, et qui aujourd’hui encore continue de nous encourager par ses témoignages de soutien et son d’affection ; à la direction du Parti et du Gouvernement de notre pays ; aux organisations de masse, institutions, avocats, religieux, personnalités et gouvernements d’autres pays qui se sont solidarisés avec notre cause : cette décoration est aussi la vôtre [Applaudissements].
Nous tenons aussi à remercier également les frères du monde entier qui ont lutté coude à coude pendant plus de 16 ans de batailles juridiques et politiques, et nous leur disons : cette décoration est aussi la vôtre [Applaudissements].
À nos familles, qui ont lutté, souffert et résisté avec fermeté durant tant d’années, et à toutes les personnes qui ont mérité de voir ce jour, et qui ne sont plus parmi nous : cette décoration est aussi la vôtre [Applaudissements].
Aux héros et héroïnes sans visage qui jamais ne pourront recevoir un hommage public comme celui-ci mais qui ont consacré, consacrent et consacreront demain leurs vies à la défense de la patrie depuis des tranchées anonymes, sachez que, où que vous soyez, cette décoration est aussi la vôtre [Applaudissements].
Cet honneur qui nous est fait aujourd’hui est à la fois un défi qui exige de nous d’être à la hauteur des nouveaux défis qu’affronte la Révolution. À maintes reprises, depuis notre retour, des compatriotes nous ont interpellés pour nous dire qu’ils auraient aimé avoir eu comme nous l’occasion de protéger notre peuple des agressions. À eux et à tous les patriotes cubains, nous leur disons que notre mission n’est pas terminée et qu’ils peuvent s’y joindre.
La mise à jour de notre modèle économique afin de construire un socialisme plus efficient, prospère et durable, ainsi que le processus de rétablissement des relations avec les États-Unis interviennent dans une conjoncture de changements qui exige de nous tous de faire preuve d’intelligence, de professionnalisme, d’engagement et de fermeté, pour identifier et affronter les nouveaux défis et les nouveaux dangers qui se profilent. Il y a et il y aura beaucoup de manières de défendre Cuba, et Cuba aura toujours besoin d’enfants loyaux qui veillent sur elle. C’est pourquoi cela nous encourage de savoir qu’au sein de ce peuple révolutionnaire il y a beaucoup de « Cinq » prêts à tout sacrifier pour leur patrie.
Ramon, René, Fernando, Antonio et moi recevons avec fierté et gratitude ce grand honneur que la patrie nous confère. La patrie peut compter sur ces cinq soldats qui aujourd’hui, devant leur peuple, réaffirment leur engagement de la servir jusqu’à leur dernier jour et de rester toujours fidèles aux idéaux de Marti, du Che, de Fidel et de Raul.
Je vous remercie [Applaudissements].
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