Année 79, no 14 le 20 avril 2015
« Nous croyons que nous allons gagner, » scandaient 30 personnes qui protestaient devant un McDonald’s à Houston le 2 avril.
« Cela fait deux ans que je participe aux manifestations et elles prennent de plus en plus d’ampleur, » a dit au Militant Carlton Warren, un travailleur de Jack-in-the-Box âgé de 22 ans. « Le vice-président de la compagnie a dit que nous ne pouvions pas porter des T-shirts ou des autocollants soutenant la lutte. Je les porte malgré tout. »
Les travailleurs prennent confiance au fur et à mesure que leur lutte se propage. La journée d’action nationale du 15 avril promet d’être la plus grande de toutes les actions menées jusqu’à présent.
Affirmant qu’« une main-d’œuvre motivée, » c’est bon pour les affaires, le directeur général de McDonald’s Steve Easterbrook a annoncé le 1er avril que la société allait augmenter les salaires à 1 $ au-dessus du salaire minimum local et qu’après un an de service, elle permettrait aux travailleurs d’accumuler jusqu’à cinq jours de congés payés par an. Mais les changements s’appliquent uniquement aux 90 000 travailleurs directement employés par la société. Le reste des 750 000 employés de McDonald’s travaillent dans des restaurants franchisés et n’auront rien. Le 1er avril, la une du magazine Fortune résumait la situation ainsi : « L’augmentation des salaires à McDonald’s n’aide qu’une partie des travailleurs et pourrait ne pas être très motivante. »
Les travailleurs ont réagi à cette annonce en organisant des manifestations le lendemain devant plusieurs restaurants dans 24 villes.
« C’est une victoire pour certains, mais pas une victoire pour tous, » a dit Darius Cephas, un travailleur de McDonald’s âgé de 23 ans qui gagne 9,25 $ de l’heure, lors d’un rassemblement de 50 personnes à Boston. « Nous avons besoin de 15 $ de l’heure ! Nous ferons en sorte qu’ils nous entendent. »
« Et les autres parmi nous, nous ne méritons pas tous une augmentation de salaire ? » a demandé Katherine Cruz, une travailleuse de McDonald’s lors d’un rassemblement devant un restaurant sur la Cinquième avenue à New York. « Mais cela montre que nous sommes en train de gagner. Ils ont peur de nous. »
L’annonce par McDonald’s a eu lieu moins de deux mois après que Walmart a augmenté les salaires d’embauche à 9 $. Walmart planifie une autre augmentation l’année prochaine en réponse à plusieurs années d’organisation et de protestations des membres et sympathisants de l’Organisation unie pour le respect chez Walmart (Notre Walmart). Les détaillants Target, Marshalls et TJ Maxx ont rapidement suivi.
En plus d’une augmentation substantielle des salaires et d’un syndicat, les travailleurs ont d’autres revendications : une semaine complète de 40 heures, un horaire régulier et la sécurité au travail. Les travailleurs de McDonald’s s’élèvent contre la forte incidence de brûlures causées par les friteuses et les grils.
Le soutien à ce combat s’élargit
La lutte pour 15 $ et un syndicat et la vague de protestations contre la brutalité policière s’entrecroisent surtout après que le flic de Staten Island qui a tué Eric Garner par étranglement l’été dernier est ressorti libre.
Les travailleurs de restauration rapide et de Walmart ont été appuyés par les bagagistes et les employés d’entretien des aéroports, les travailleurs de la santé à domicile et d’autres travailleurs qui gagnent à peine plus que 7,25 $ l’heure, le salaire minimum fédéral.
Des travailleurs de la construction organisés par la section locale 79 du syndicat des journaliers à New York se sont rassemblés le 4 avril en solidarité avec des travailleurs de restauration rapide, des soins de santé à domicile et les travailleurs des aéroports qui ont participé à la manifestation.
« Ceux qui luttent pour 15 $ de l’heure ont besoin de quelqu’un pour se tenir à leur côté, » a expliqué aux manifestants Dennis Lee, organisateur de la section 79. La page Facebook de la section 79 décrit le rassemblement ainsi : « Grande manifestation samedi dernier. La prochaine sera encore meilleure, le 15 avril, à 6 heures du matin ! »
À New York, les travailleurs se rassembleront sur les sites autour de la ville. À 16 heures, tous les partisans de 15 $ et un syndicat se réuniront au Columbus Circle pour un rassemblement et une manifestation à travers la ville. Le syndicat SEIU [Service Employees’ International Union] rapporte que ses membres viendront de toute la région métropolitaine.
À Chicago, « La lutte pour 15$ » a organisé une projection gratuite du film Selma le 4 avril. Des centaines de personnes y ont assisté et ont obtenu des informations concernant le rassemblement prévu le 15 avril à l’Université de l’Illinois.
Après la projection quelque 20 travailleurs de restauration rapide et leurs partisans sont entrés dans un McDonald’s à proximité en chantant et en brandissant des pancartes en anglais et en espagnol à la grande joie des travailleurs derrière le comptoir.
« Je travaille toujours pour 8 $ l’heure et je ne peux pas survivre avec ça, » a dit aux travailleurs rassemblés Gloria Machuca, une mère de six enfants qui a travaillé chez McDonald’s à Houston pendant 15 ans. « Leur seul souci est que la nourriture sorte et rapidement, » a-t-elle dit au Militant.
« Une augmentation d’un dollar de l’heure est correcte, mais nous ne nous arrêterons pas jusqu’à ce que nous obtenions 15 $ et un syndicat, » a dit Carlton Warren qui a été brûlé au travail. « La graisse nous éclabousse. Nous n’avons aucune trousse de premier secours et pas de gants quand nous nettoyons le gril brûlant, » a-t-il dit.
Danielle London à Houston ; Jan Goldsmith à Boston; Emma Johnson, Tom Lewis et Caroline West à New York; ainsi qu’Anne Parker à Chicago ont contribué à cet article.
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