Année 80, no 23 Année 80, no 23
Washington s’inquiète surtout de la puissance navale croissante du gouvernement chinois, qui dispute la domination du Pacifique par l’impérialisme US, butin de la défaite du Japon par les États-Unis dans la deuxième guerre mondiale.
Depuis deux ans Beijing bâtit sur des récifs, des bancs de sable et des îlots dans la mer de Chine méridionale — à travers laquelle passe un tiers du trafic maritime mondial — afin d’y créer des terrains d’aviation et, dans un cas au moins, y placer des missiles sol-air. En au moins trois occasions dans les sept derniers mois, des bateaux de guerre US ont navigué de façon délibérée à proximité de ces îles artificielles. Seulement quelques jours avant le voyage de Barack Obama en Asie, deux avions de chasse chinois ont volé à moins de 15 mètres d’un avion de reconnaissance de la marine US près des îles.
Le premier jour de la visite d’Obama au Vietnam, il a annoncé la levée de l’interdiction US de vente d’armes à Hanoi vieille de plusieurs décennies. Une collaboration militaire limitée entre les deux gouvernements a commencé en 2004.
Obama a tenté de réécrire l’histoire dans son discours du 24 mai au Centre national des congrès à Hanoi, laissant entendre que la guerre des États-Unis au Vietnam était le résultat d’un malentendu.
« Les rivalités de la guerre froide et la crainte du communisme nous ont attiré dans un conflit, » a dit Obama, laissant trois millions de Vietnamiens morts, ainsi que 58 315 soldats US morts.
Il n’a pas évoqué le fait que d’abord Paris et ensuite Washington ont envoyé des centaines de milliers de soldats pour écraser le combat révolutionnaire vietnamien pour l’indépendance et un pays unifié. En 1975, Washington a enfin été contraint de se retirer à cause de la résistance des combattants de la liberté vietnamiens, ainsi que des millions de personnes qui sont descendues dans la rue aux États-Unis et ailleurs pour exiger « États-Unis, dehors maintenant ! »
Au cours des 20 dernières années, à mesure qu’Hanoï accueillait la croissance des investissements capitalistes, le commerce annuel entre les États-Unis et le Vietnam a augmenté de 450 millions de dollars à 45 milliards de dollars, juste un peu derrière la Chine.
Le gouvernement vietnamien considère avec prudence le renforcement de la collaboration militaire avec Washington comme une protection contre la puissance militaire et économique croissante de Beijing, limitrophe du Vietnam.
Bien que le gouvernement vietnamien n’ait pas oublié la longue guerre contre l’impérialisme US, il a également fait face à l’intervention militaire du gouvernement chinois. Suite au renversement par les soldats vietnamiens du régime meurtrier de Pol Pot soutenu par la Chine au Cambodge en 1979, ils ont dû repousser l’invasion de Beijing dans laquelle une dizaine de milliers de soldats et civils vietnamiens ont été tués. En 1988, plus de 60 marins vietnamiens sont morts lors d’un affrontement avec les forces chinoises sur le contrôle d’une partie des îles Spratly.
Dans le cadre de l’accord informel entre Hanoï et Washington, le Vietnam recevra probablement des radars, des capteurs, des avions de surveillance et des drones des États-Unis, ainsi que des navires de patrouille de la Garde côtière US remis à neuf. Le New York Times rapporte que la marine américaine s’attend à recevoir l’autorisation d’utiliser de plus en plus la baie de Cam Ranh au Vietnam, un port de mer en eau profonde récemment modernisé sur la mer de Chine méridionale.
Visite à Hiroshima
À partir du Vietnam, Barack Obama s’est rendu au Japon pour le sommet du Groupe des Sept. Le 27 mai, il a prononcé un discours à Hiroshima ; c’est la première fois qu’un président américain en exercice visite la ville que Washington a anéantie avec une bombe atomique le 6 août 1945.
« La mort est tombée du ciel et le monde a été transformé, » a dit Barack Obama à l’ouverture de son discours au Mémorial de la paix d’Hiroshima, comme si la première utilisation de l’arme nucléaire dans la guerre avait été une catastrophe naturelle.
Mais la bombe atomique n’est pas simplement tombée du ciel, c’était la décision délibérée prise par le président Harry Truman de détruire une ville composée principalement de civils. Jusqu’à 80 000 personnes sont mortes instantanément ; le nombre total de morts est estimé à plus de 135 000 personnes.
Barack Obama n’a pas dit mot de la deuxième bombe encore plus puissante que l’armée US a jeté trois jours plus tard sur Nagasaki et qui a tué entre 50 000 et 73 000 personnes. Vingt mille des personnes tuées dans les deux villes étaient des ouvriers coréens qui avaient été enrôlés de force par l’armée japonaise.
L’objectif est de « finalement éliminer l’existence d’armes nucléaires, » a prétendu Barack Obama. Il n’a fait aucune mention du fait que son administration a commencé la « modernisation », au coût d’un milliard de dollars, de la réserve américaine de quelque 4 500 armes nucléaires. Selon le New York Times, l’administration Obama a démantelé moins de bombes nucléaires que tout autre président américain depuis la fin de la guerre froide.
Le discours de Barack Obama à Hiroshima, avec le premier ministre japonais Shinzo Abe à ses côtés, a également renforcé la militarisation de l’impérialisme japonais.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Abe a augmenté les dépenses militaires à 41,8 milliards de dollars, le montant le plus élevé que le Japon ait dépensé ; il a levé l’interdiction établie depuis des décennies d’exporter des armes et adopté des lois pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale permettant aux forces militaires d’entreprendre des missions de combat outre-mer.
Bien que ces mesures aient été bien accueillies par l’administration Obama, elles ont accru l’inquiétude de la Chine, de la Corée, du Vietnam et des Philippines, les cibles des conquêtes et de la colonisation de l’impérialisme brutal japonais avant et pendant la deuxième guerre mondiale.
Il y a plus de soldats US basés au Japon que partout ailleurs à l’extérieur des États-Unis : 39 000 à Okinawa et d’autres bases US et 14 000 sur des navires à proximité.
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