Année 80, no 23 le 13 juin 2016
Le gouvernement du Parti socialiste affirme que son projet de loi donnera plus de « flexibilité » aux patrons et réduira le chômage. Cela fait des années que les travailleurs font face à un taux de chômage très haut — aujourd’hui plus de 10 pour cent — ainsi qu’à un recours accru à des contrats « temporaires » que les patrons utilisent pour diviser les travailleurs et dégrader les salaires et les conditions de travail. La proposition de révision du code du travail permettrait aux entreprises d’imposer des changements dans les heures de travail et les heures supplémentaires, allonger la semaine de travail de 35 heures et crée des accords locaux inférieurs à ceux fixés par les accords de branches, des accords qui sont censés s’appliquer à tous les lieux de travail, qu’il y est ou pas la présence d’un syndicat.
La proposition a suscité de grandes manifestations aux printemps. Quand c’est devenu évident que le projet de loi ne passerait pas à l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement, le président François Hollande a décidé le 10 mai d’utiliser une disposition dans la constitution de 1958 pour le faire adopter sans vote.
En réponse, les syndicats CGT et FO ont appelé à des grèves. La direction de l’autre principal syndicat, la CFDT, soutient les mesures du gouvernement. En quelques jours, des barricades mis en place par des militants syndicaux, des jeunes, des camionneurs et d’autres ont bloqué l’accès aux dépôts de pétrole. Les travailleurs se sont mis en grève dans chacune des huit raffineries de pétrole. Le gouvernement a déclaré le 25 mai qu’il puisait dans les réserves stratégiques pour réapprovisionner les stations d’essence qui étaient à sec.
Les travailleurs portuaires bloquent certains des plus grands ports, dont Le Havre et Marseille. Le 26 mai, des travailleurs dans l’ensemble des 19 centrales nucléaires du pays ont commencé une grève partielle. Des syndicats des travailleurs des aéroports et des compagnies aériennes ont appelé à la grève, ainsi que les syndicats des transports en commun à Paris.
Une enquête publique par la société de sondage IFOP le 26 mai a indiqué 60 pour cent de soutien aux grèves.
Le 26 mai, une journée nationale de protestation contre le projet de loi sur le travail a mobilisé des dizaines de milliers de manifestants à Paris et dans d’autres villes.
Marc Kinzel à Marseille et Jean Vilaça à Paris ont contribué à cet article.
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