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Année 80, no 26      le 18 juillet 2016

 

Un tribunal au Québec donne le feu vert au procès
d’un travailleur du rail victime d’un coup monté

 
JOHN STEELE
MONTREAL — Lors d’une audience le 22 juin, le juge de la Cour supérieure du Québec Gaétan Dumas a refusé de rejeter les accusations contre le conducteur de train Tom Harding, victime d’un coup monté pour l’explosion d’un train hors contrôle au centre-ville de Lac-Mégantic, au Québec, le 6 juillet 2013.

Pour la première fois, les procureurs ont enfin précisé les détails de leurs allégations contre Tom Harding et le contrôleur de train Richard Labrie, deux ans après avoir porté 47 chefs d’accusation de négligence criminelle causant la mort contre les deux travailleurs, soit un chef d’accusation pour chacune des personnes décédées. Les deux sont membres de la section locale 1976 du Syndicat des Métallos. Jean Demaître, ancien cadre de la Montreal, Maine and Atlantic Railway, fait face à des accusations semblables. Le procès devrait avoir lieu au cours de 2017.

La société de chemin de fer a initialement été accusée elle aussi de négligence criminelle. Pendant l’audience, l’avocat de la société, qui est maintenant en faillite et dont les actifs ont été vendus, a demandé d’être dispensé de l’affaire en disant qu’il ne reçoit pas d’instructions claires.

La « requête en cassation » soumise par l’avocat de Tom Harding, Thomas Walsh, a affirmé qu’à plusieurs reprises le procureur a refusé à Tom Harding l’accès à l’information nécessaire pour sa défense. « Depuis trois ans les actions du [procureur] garantissent que le procès ne sera pas juste, » a dit Thomas Walsh à l’audience.

La nuit de la catastrophe, Thomas Harding, seul travailleur à bord du train parce que Transports Canada, une agence du gouvernement, permettait à la compagnie de faire rouler les trains de pétrole avec un équipage d’une personne, a effectué les procédures de l’entreprise qu’il avait suivies pendant des années. Après son quart de travail de 12 heures, Thomas Harding a garé le train sur une voie en pente à 11,25 km de Lac-Mégantic. Il a laissé la locomotive de tête en marche pour alimenter les freins pneumatiques, a appliqué les freins à main sur sept wagons et a pris un taxi pour se rendre à un hôtel à Lac-Mégantic.

Un incendie s’est déclaré dans la locomotive après le départ de Thomas Harding. Après avoir éteint le feu, les pompiers ont fermé le moteur. La dépressurisation des freins à air a commencé. Quand le répartiteur de train l’a appelé pour lui parler du feu, Thomas Harding a offert d’aller vérifier les équipements. On lui a dit de se recoucher, que tout était sous contrôle. Il ne savait pas qu’un responsable des voies ferrées sans connaissance des moteurs avait été envoyé pour vérifier la situation.

Plus tard, Thomas Harding a été réveillé par l’explosion. Il a aidé les pompiers à dételer et déplacer d’autres wagons-citernes qui auraient pu exploser. Un grand nombre de personnes à Lac-Mégantic le considère comme un héros.

La poursuite vient de sortir sa « Théorie de l’affaire » qui énumère les bases spécifiques pour les accusations. Elle allègue que Thomas Harding n’a pas appliqué suffisamment de freins à main, qu’il se fiait seulement aux freins à air de la locomotive malgré la cargaison dangereuse, qu’il n’a pas procédé à un test des freins requis, et après avoir appris que le moteur avait été arrêté, qu’il n’a pas informé ses supérieurs que le train n’était pas sécurisé sans les freins à air, et n’est pas retourné pour vérifier la stabilité du train après l’extinction de l’incendie dans la locomotive.

Selon un rapport du Bureau de la sécurité des transports sur la catastrophe, même si Tom Harding avait mis les freins à main sur neuf wagons-citernes, comme le suggère le règlement de la compagnie, le train aurait roulé quand même, car il en aurait fallu au moins 17.

De plus, « une personne seule ne peut pas faire un bon test de freins, » a dit au Militant Chris Yeandel, un mécanicien à la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique, qui travaille à partir de Montréal. « Il faut un conducteur dans la cabine et un chef de train au sol qui doit vérifier que les roues ont cessé de bouger après le réglage du jeu. Ça ne se fait pas avec un équipage d’une personne. »

Besoin de solidarité
En avril, la direction provinciale du Syndicat des employés d’hôpitaux de la Colombie- Britannique a adopté une motion de solidarité avec Tom Harding et Richard Labrie et a fait don de 500 $ à leur fonds de défense. « Il s’agit ici d’aider la défense juridique de ces travailleurs, victimes d’un coup monté, qui fait d’eux des boucs émissaires, » a dit Betty Valenzuela, membre de l’exécutif provincial et secrétaire-trésorière de la section locale du Syndicat des employés de l’Hôpital général de Vancouver.

Envoyez des messages de solidarité au Syndicat des Métallos, section locale 1976, 2360, De Lasalle, bureau 202, Montréal, QC H1V 2L1. Courriel : info@1976usw.ca. Envoyez des copies de vos messages à : Thomas Walsh, 165, rue Wellington N, Suite 310, Sherbrooke, QC, Canada J1H 5B9. Courriel : thomaspwalsh@hotmail.com. Les contributions financières à la défense de Tom Harding et Richard Labrie peuvent être envoyées : au Canada, au Syndicat des Métallos, 565, boulevard Crémazie Est, bureau 5100, Montréal, QC H2M 2V8 ; aux États-Unis, faites parvenir vos chèques au Tom Harding Defense Fund, First Niagara Bank, 25 McClellan Drive, Nassau, NY 12123.

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