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Année 80, no 48      le 26 décembre 2016

 

Le soutien pour abroger la censure du Militant dans la prison d’Attica se développe

 
SETH GALISNKY
Plus d’un mois après que le Militant a fait appel de la confiscation de son numéro du 3 octobre par les autorités de la prison d’Attica, le département des Services correctionnels de l’État de New York n’a toujours pas répondu. La direction d’Attica a interdit un deuxième numéro du Militant, celui du 31 octobre. Elle prétend que si elle permettait qu’un article informant de l’appel entre dans la prison, cela pourrait « inciter à la désobéissance. »

Jalil Muntaqim (anciennement Anthony Botton), abonné au Militant, a dû faire face à d’autres actes arbitraires de censure et de violation de ses droits constitutionnels de la part des autorités d’Attica.

L’an passé, la direction d’Attica a interdit quatre livres qui lui avaient été envoyés, y compris un recueil de poèmes qu’il a écrit. La direction a aussi interféré dans ses courriers électroniques.

L’article du Militant censuré par la direction « consiste objectivement en un exposé véridique de faits, » a écrit David Goldstein, l’avocat du Militant, dans son appel contre la dernière censure en date. David Goldstein fait partie du cabinet d’avocat Rabinowitz, Boudin, Standard, Kinsky & Lieberman, en pointe dans la défense des libertés civiles.

« Il est difficile de conclure que la censure de ce bref article soit autre chose qu’une interdiction totale de toute référence à Attica, au soulèvement d’Attica ou aux droits constitutionnels des prisonniers, à moins de répéter comme un perroquet un point de vue approuvé par la direction de la prison, » écrivait Goldstein. Toutefois les autorités de la prison, y compris à Attica, n’ont aucun droit de censurer le Militant ou d’interdire tout reportage sur la censure à Attica. »

« Rien dans l’article ne pouvait être rationnellement interprété comme une « incitation à des actes de désobéissance, » écrivait Goldstein.

« Que la direction de la prison soit d’accord ou pas avec ce qui est écrit dans les pages de cette publication ou de n’importe quelle autre, les hommes à l’intérieur d’Attica restent citoyens des États-Unis avec des droits garantis par notre constitution, » écrivait la docteure Heather Ann Thompson dans une déclaration de soutien envoyée au Militant le 4 décembre. « Ces hommes ont le droit de lire et penser par eux-mêmes et il n’y a rien dans les pages du Militant qui pose une menace directe ou immédiate à la sécurité d’un employé ou responsable de la prison à l’intérieur d’Attica. »

Heather Ann Thompson, professeure d’histoire à l’Université du Michigan, est l’auteur de « Blood in the Water : The Attica Prison Uprising of 1971 and Its Legacy » [Du sang dans l’eau : le soulèvement de la prison d’Attica de 1971 et son héritage]. Le livre souligne à la fois l’humanité des prisonniers qui se sont rebellés contre les conditions atroces, les abus, la torture et la violence utilisés par la police et les gardiens après qu’ils ont repris le contrôle de la prison.

Son livre a été revu par des dizaines de journaux au cours de la période entourant le quarante-cinquième anniversaire du soulèvement, le 9 septembre. Le numéro du Militant daté du 3 octobre a fait figurer en première page un article sur la rébellion.

Le Comité du service des amis américains (AFSC) s’est aussi exprimé contre la censure du Militant à Attica. Le besoin de sécurité « ne devrait pas être exercé de façon à limiter injustement et inconsidérément l’accès à l’information pour ceux qui sont incarcérés, » a écrit Lewis Webb Jr. le 2 décembre. Il est directeur du programme de justice curative de l’AFSC.

« Le Militant est formidable à lire pour les hommes et les femmes derrière les barreaux, » a écrit Antonia Brooks, porte-parole des Mères et familles de prisonniers en Alabama, dans une déclaration appelant les autorités de l’État de New York à lever la censure du journal.

Jalil Muntaqim, un ancien membre du parti Panthère noire, Armée de libération noire et un fondateur du mouvement Jericho, qui soutient la lutte pour l’amnistie des prisonniers politiques aux US, a été placé en cellule d’isolement le 6 décembre. Selon un rapport posté sur www.freejalil.com, la direction de la prison a apparemment protesté lorsqu’il a mentionné le parti Panthère noire dans une partie de son cours sur l’histoire noire qu’il enseigne à des dizaines de ses co-détenus.

Il est incarcéré depuis l’âge de 19 ans, accusé d’avoir tué deux policiers en 1971. Jalil Muntaqim s’est vu refusée la libération conditionnelle à plusieurs reprises. Ses partisans ont demandé au gouverneur Andrew Cuomo de commuer sa peine.

« Attica et le département des Services correctionnels agissent comme s’ils étaient au-dessus des lois, » a dit le directeur du Militant John Studer. « Ceux qui se joignent à la lutte contre la censure du Militant défendent la liberté de la presse et la liberté d’expression. »

Des déclarations de soutien sont essentielles pour maintenir la pression jusqu’à ce que les autorités d’Attica annulent leur décision et permettent aux abonnés de lire le journal.

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