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Année 81, no 9      le 6 mars 2017

 

Les Autochtones au Canada remportent
une victoire dans le cas des enlèvements
d’enfants par le gouvernement

 
JIM BRADLEY
Le juge de la Cour supérieure Edward Belobaba a statué le 14 février en faveur d’un recours collectif pour dommages par des Autochtones de l’Ontario contre la tristement célèbre « rafle des années 1960 » (Sixties Scoop) du gouvernement fédéral canadien. Cette décision reflète un appui grandissant parmi les travailleurs pour la lutte des 1,4 million d’Autochtones contre l’héritage de décennies de discrimination raciste que leur a imposée Ottawa.

Entre 1965 et 1984, le gouvernement fédéral, en collaboration avec plusieurs gouvernements provinciaux, a enlevé de leurs maisons par la force quelque 200 000 enfants autochtones et les a placé sous la garde de familles d’accueil non autochtones à travers le pays. Cette réinsertion de masse était un effort pour effacer l’héritage culturel des jeunes autochtones sous le couvert du programme, ridiculement mal nommé, de protection de l’enfance.

« Beaucoup de mal a été fait, a statué Edward Belobaba. Les enfants « raflés » ont perdu contact avec leurs familles. Ils ont perdu leur langue, leur culture et leur identité autochtones. »

« Les enfants retirés sont disparus « sans aucune trace, » a-t-il dit.

Marcia Brown Martel, chef de la Première nation Beaverhouse, a été « raflée » de sa communauté Objibwa à North Bay en 1967 à l’âge de 4 ans. En 2009, 42 ans plus tard, elle a lancé le recours collectif au nom de 16 000 autres Autochtones.

« Quelle journée vivons-nous, » a dit Marcia Brown Martel à une conférence de presse à Toronto après le règlement.

Le recours demande 85 000 dollars canadiens (65 000 dollars US) pour chacune des 16 000 victimes, soit un total de 1,3 milliard de dollars canadiens. Les dommages n’ont pas encore été accordés. Plusieurs autres cas de la rafle des années 1960 sont en suspens dans d’autres provinces.

Carolyn Bennet, ministre fédérale des Affaires autochtones et du Nord, a dit qu’Ottawa n’avait pas l’intention d’aller en appel. Auparavant, deux gouvernements différents à Ottawa ont tenté d’obtenir un non-lieu.

Les dirigeants possédants dans d’autres anciennes colonies britanniques ont également appliqué des politiques d’assimilation. Entre 1910 et 1970, on estime qu’entre 10 et 33 pour cent des enfants d’Aborigènes en Australie ont été enlevés de force de leurs familles pour « assimilation ». Aujourd’hui, ces jeunes sont connus sous le nom des Générations volées.

Il y a neuf ans, Ottawa a dû présenter officiellement des excuses pour son système raciste de pensionnats qui a fonctionné de 1870 à 1996 en collaboration avec les Églises catholique, anglicane, presbytérienne et unie. Au cours de cette période, plus de 150 000 enfants autochtones ont été retirés de force de leur maison et emprisonnés dans ces établissements qui étaient ouvertement conçus pour « tuer l’Indien dans l’enfant. » Selon des estimations conservatrices, 6 000 jeunes sont morts de conditions malsaines, négligence et abus sexuels.

En plus de présenter des excuses, le gouvernement canadien a été forcé de verser un règlement de recours collectif de deux milliards de dollars canadiens aux survivants et d’établir la Commission de vérité et réconciliation relative aux pensionnats indiens, qui a parcouru le pays pendant cinq ans pour enregistrer les témoignages de survivants. La commission a entendu 6 750 soumissions et son rapport a condamné le système de pensionnats comme « une partie intégrante d’une politique consciente de génocide culturel. »

Les peuples autochtones (Indiens de l’Amérique du Nord, Métis (d’ascendance mixte française et autochtone) et les Inuits du Grand Nord) représentent quatre pour cent de la population canadienne de 36,5 millions de personnes. Vingt-trois pour cent d’entre eux vivent dans la pauvreté extrême dans des réserves administrées par le ministère des Affaires indiennes dans le cadre de l’odieuse Loi sur les Indiens de 1876. Plus de 50 pour cent vivent dans des zones urbaines.

Les Autochtones ont un taux d’emploi qui est environ 13 pour cent inférieur à celui des non-Autochtones et leur revenu annuel moyen s’élève à environ les trois quarts de celui des non-Autochtones.

La résistance accrue des Autochtones aux conditions que leur imposent les dirigeants capitalistes du Canada et la solidarité qu’ils ont gagnée de la part des travailleurs à travers le pays ont exercé une pression accrue sur les dirigeants canadiens, tout comme la tendance à long terme à une intégration accrue des Autochtones dans la classe ouvrière.

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