Année 81, no 11 le 20 mars 2017
Le nouveau décret continue d’interdire temporairement l’entrée aux États-Unis des ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane mais stipule explicitement que l’interdiction ne s’applique pas aux résidents permanents ni à toute personne ayant déjà un visa, une des parties du décret précédent qui a contribué à alimenter de grandes manifestations dans le pays.
Il impose une suspension de 90 jours de l’autorisation d’entrée des citoyens de l’Iran, de la Lybie, de la Somalie, du Soudan, de la Syrie et du Yémen, les mêmes pays que l’administration de Barack Obama avait précédemment désignés pour un contrôle plus serré. L’Irak ne fait plus partie de la liste, ce que la Maison-Blanche justifie par le fait que le gouvernement irakien applique déjà une sélection renforcée. L’interdiction d’entrée s’appliquera à partir du 16 mars.
Le décret n’impose plus une interdiction d’entrée illimitée aux réfugiés Syriens. Au lieu de cela, il inclut la Syrie dans un moratoire de 120 jours interdisant l’entrée des réfugiés de n’importe où dans le monde et abaisse la limite annuelle des réfugiés admis à entrer légalement sur le territoire des États-Unis à 50 000, moins de la moitié de ce qu’elle a été.
En même temps, les expulsions d’immigrés sans papiers continuent, avec la menace d’être plus largement mises en Ĺ“uvre suite au décret du 25 janvier de Trump. Des travailleurs de toutes nationalités discutent largement ces actions contre la section immigrée de la classe ouvrière US.
Pendant des décennies, les travailleurs qui sont nés ici ont travaillé et vécu aux côtés de travailleurs sans papiers. Ils ont appris à se connaître et à se faire mutuellement confiance. Les expulsions et les descentes de la police de l’immigration sont moins populaires qu’elles n’ont jamais été au sein de la classe ouvrière.
« Nous sommes une famille syndicale et une famille Trump, » a dit Karen Tranchina à Candace Wagner qui avait frappé à sa porte pour présenter le Parti socialiste des travailleurs le 5 mars dans le quartier Sunset Park à Brooklyn. « Je n’aime pas beaucoup ce que Trump dit et fait mais je hais réellement Hillary Clinton. »
Karen Tranchina a dit qu’elle connaît de nombreuses personnes sans papiers, « des Italiens, des Mexicains, de partout. J’ai des amis qui disent qu’on devrait les expulser tous, je ne suis pas d’accord avec ça. »
Ce que veulent les patrons, c’est une section surexploitée de la classe ouvrière qu’ils peuvent utiliser pour tirer les salaires vers le bas. « Les syndicats doivent lutter pour l’amnistie comme faisant partie de la lutte pour unifier la classe ouvrière, » lui a dit Candace Wagner. « C’est sensé, » lui a dit Karen Tranchina.
Osborne Hart, le candidat du Parti socialiste des travailleurs à la mairie de New York, a rencontré un groupe d’Africains de l’Ouest à Orange, dans le New Jersey, le 5 mars. Il a dit : « Le SWP exige l’amnistie, que tous ceux qui sont ici restent ici, et l’arrêt des descentes de police et des expulsions. Et nous sommes contre tout contrôle basé sur la religion, la nationalité ou les idées politiques. »
« Chaque pays possède ses propres frontières et ses propres lois sur l’immigration ,» a dit Shermelle Colemen Grant à Róger Calero et à ce correspondant, alors qu’ils faisaient campagne de porte à porte pour le Parti socialiste des travailleurs dans le quartier de Hunts Point dans le Bronx. « Je crois que les immigrants qui commettent des crimes devraient être expulsés. Par contre, un bon nombre de mes voisins dans ce bâtiment sont immigrants. Et ils n’ont rien fait de mal. Ils ne veulent que travailler. Ils sont préoccupés par ce qui se passe. »
« Je ne veux pas que mes voisins soient déportés »
« Certaines personnes disent que les Noirs et les Latinos ne s’entendent pas, mais ce n’est pas vrai, a affirmé Shermelle Colemen Grant. Nous partageons notre nourriture. Nos enfants jouent ensemble. Je ne veux pas qu’ils soient déportés. »« Nous devons construire un mouvement ouvrier révolutionnaire et ne pas leur permettre de nous diviser, » a dit Róger Calero.
De concert avec sa rhétorique anti-immigrante et à ses menaces d’accélérer la mise en vigueur de ces mesures anti-ouvrières, Donald Trump a repris à son compte les démarches effectuées auparavant par les anciens présidents Barack Obama et George W. Bush pour une « réforme » de l’immigration lorsqu’il a dit au New York Times le 28 février que les démocrates et les républicains doivent faire des compromis. Plus tard dans la journée, dans son discours devant le Congrès, Donald Trump a déclaré que les États-Unis devraient s’éloigner de « l’immigration peu qualifiée » et s’orienter plutôt vers un « système basé sur le mérite. »
La majorité des travailleurs immigrés ne paniquent pas, leur confiance ayant été renforcée par la réussite des grèves et des manifestations dans tout le pays pour la Journée sans immigrés du 16 mars, ils attendent plutôt de voir ce qui va se passer. « Nous sommes conscients de la force que nous possédons, » a dit par téléphone, Mario Ramírez, un organisateur de Voces de La Frontera de Milwaukee, au Wisconsin, le 8 mars. Le groupe a organisé une manifestation de 20 000 personnes le 13 mars pour protester contre les descentes et les déportations et il fait partie de la planification de manifestations à l’échelle nationale pour le 1er mai. En 2006, des millions de travailleurs ont déclenché une grève pour s’opposer au projet de loi débattue dans le Congrès qui cherchait à criminaliser les travailleurs sans-papiers.
En réalité, sous Donald Trump, les policiers du service de Contrôle de l’immigration et des douanes US (ICE) appliquent les mêmes politiques sur le terrain que sous l’administration de Barack Obama. Les descentes largement diffusées du 6 au 10 février qui ont mené à l’arrestation de plus de 680 immigrants étaient plus petites que bien des actions semblables sous Barack Obama.
Comme pour ces descentes, ICE prétend qu’il cherchait à cibler les individus qui avaient déjà purgé des peines pour des crimes graves ou qui étaient accusés de délits majeurs. Et en appréhendant des personnes à la maison, sur la rue ou en d’autres endroits, d’autres travailleurs sans-papiers qui n’étaient accusés d’aucun crime sérieux ont aussi été faits prisonniers.
Il y a aussi eu des cas où des personnes qui se présentaient à ICE de façon régulière en attendant une audition liée à leur appel contre une ordonnance d’expulsion et qui s’attendaient à recevoir une extension comme elles en avaient reçu auparavant pendant plusieurs années, mais qui au contraire ont été déportées.
Le 4 mars, la chaîne CNN a rapporté que le département de la Sécurité intérieure, « passait en revue une proposition de séparer les enfants des adultes lorsqu’ils essaient d’entrer au pays illégalement. » En vertu de la politique actuelle, les familles sont regroupées dans les centres de détention ou elles sont relâchées en attendant leurs audiences d’immigration. Le département de la Sécurité intérieure a également menacé de poursuivre les parents qui sont sans papier comme trafiquants s’ils paient quelqu’un pour emmener leurs enfants aux États-Unis.
Jusqu’à présent, ces propositions demeurent des propositions sur papier.
Le juge de la Cour de district des États-Unis Derrick Watson a fixé la date du 15 mars pour une contestation judiciaire d’Hawaï contre les ordonnances révisées de Donald Trump concernant les réfugiés et les visiteurs de six nations à majorité musulmane. Un jour seulement avant que la loi ne soit appliquée.
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