Année 81, no 47 le 18 décembre 2017
Ils exprimaient ainsi l’indignation qui se répand dans les communautés africaines après un récent exposé de CNN-TV sur les abus des migrants par les trafiquants d’êtres humains en Libye et dans d’autres régions de l’Afrique du Nord. Le rapport incluait des vidéos secrètes d’Africains de l’Ouest vendus aux enchères en Libye.
Des centaines d’immigrants africains ont organisé une manifestation similaire à Paris. Certains portaient des pancartes disant : « Non à l’esclavage et aux camps de concentration en Libye » et scandaient : « Libérez nos frères ! »
Plus de 700 000 migrants de toute l’Afrique se trouvent actuellement en Libye, selon un récent rapport des Nations unies. Ils cherchent à échapper aux conditions sociales et économiques dévastatrices du continent. La grande majorité d’entre eux cherchent à émigrer en Europe, risquant la mort par noyade en Méditerranée et les mauvais traitements aux mains des trafiquants, y compris les passages à tabac, les enlèvements et l’esclavage.
Les efforts coordonnés des dirigeants capitalistes européens ont rendu le voyage plus difficile et la masse de migrants en Libye s’est accrue. Puisque les contrebandiers ne peuvent pas faire du profit à partir des traversées vers l’Europe, ils se sont tournés vers la vente aux enchères d’esclaves pour amasser des fonds.
Des porte-parole du gouvernement libyen officiel ont dénoncé ces ventes aux enchères. Cependant, le gouvernement, reconnu par Washington et d’autres dirigeants impérialistes, a peu de contrôle sur les conditions dans le pays. Des responsables libyens ont mis en place une agence contre l’immigration clandestine et lancé un appel à l’aide des gouvernements africains pour déporter les migrants vers leurs pays d’origine.
« La solution pratique consiste à s’attaquer aux véritables raisons qui poussent les gens à quitter leur pays d’origine, les traiter et élaborer des solutions définitives pour elles, » a déclaré le ministère des Affaires étrangères libyen.
Les participants à la manifestation étaient unis pour exiger la fin des ventes aux enchères d’esclaves, pour respecter les droits des migrants et pour soutenir la dignité de tous les Africains.
Alors qu’ils se rassemblaient, les manifestants avaient des discussions animées sur ce qu’il fallait faire quant à la crise économique et politique en Afrique aujourd’hui et à la migration qu’elle engendre. Beaucoup étaient heureux de voir des livres de Thomas Sankara et des dirigeants du Parti socialiste des travailleurs ainsi que le Militant, apportés par les membres du SWP qui ont participé avec eux à la manifestation.
Thomas Sankara était le dirigeant du gouvernement révolutionnaire populaire du Burkina Faso de 1983 à 1987, année où il a été assassiné et la révolution renversée. Beaucoup d’Africains voient le cours anti-impérialiste et révolutionnaire de Sankara, et son identification à la révolution cubaine, comme pertinents aujourd’hui en Afrique et pour les travailleurs du monde entier.
Certains pensaient que la manifestation aurait dû se concentrer sur le désastre social et économique imposé à toute l’Afrique par les puissances impérialistes, de Washington à Paris, Rome et Madrid. D’autres étaient attirés par les demandes d’annulation de la dette des pays africains aux puissances impérialistes et pour l’utilisation de ce capital afin de répondre aux besoins des populations laborieuses à travers le continent.
Certains ont vu la condamnation de la Libye par les gouvernements capitalistes à travers l’Afrique comme une tentative de détourner l’attention de leurs propres politiques désastreuses qui renforcent la crise imposée par l’héritage colonial et l’exploitation impérialiste et contribuent à alimenter la migration de centaines de milliers de personnes vers l’Europe. Les participants ont acheté huit exemplaires des livres contenant les discours de Thomas Sankara. Plusieurs ont échangé leurs coordonnées et ont dit qu’ils achèteraient les livres quand ils auront l’argent.
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