Les démocrates s’attaquent à la liberté d’expression et aux autres droits dont les travailleurs ont besoin

Terry Evans
le 15 mars 2021
La une du Militant du 2 août 1941 ainsi que celles du Minneapolis Star Journal et du Minneapolis Morning Tribune, du 28 juin de la même année. Les dirigeants américains ont utilisé le FBI, leur police politique, pour viser les travailleurs d’avant-garde et tenter de fabriquer un coup monté contre eux. Les dirigeants du Parti socialiste des travailleurs et du syndicat des Teamsters à Minneapolis ont été particulièrement visés parce qu’ils avaient dirigé l’opposition syndicale à l’entrée de Washington dans la seconde guerre impérialiste.
La une du Militant du 2 août 1941 ainsi que celles du Minneapolis Star Journal et du Minneapolis Morning Tribune, du 28 juin de la même année. Les dirigeants américains ont utilisé le FBI, leur police politique, pour viser les travailleurs d’avant-garde et tenter de fabriquer un coup monté contre eux. Les dirigeants du Parti socialiste des travailleurs et du syndicat des Teamsters à Minneapolis ont été particulièrement visés parce qu’ils avaient dirigé l’opposition syndicale à l’entrée de Washington dans la seconde guerre impérialiste.

Les démocrates poursuivent leurs attaques contre la liberté d’expression et les droits dont les travailleurs ont besoin. Leur principal outil, c’est une campagne qu’ils mènent sur plusieurs fronts pour présenter la perturbation du Congrès le 6 janvier par des milices de droite, des théoriciens du complot et une infime minorité des milliers de partisans de Donald Trump rassemblés à Washington ce jour-là, comme si elle avait été rien de moins qu’une « insurrection ».

Dans leur offensive, les libéraux tentent de déchaîner davantage la police politique des dirigeants capitalistes, le FBI. Cela est dangereux pour les travailleurs, qui ont besoin de la liberté d’expression pour repousser les attaques contre leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de travail par les patrons et leur gouvernement.

Ce qui est arrivé le 6 janvier représente « l’attaque la plus odieuse que j’ai jamais vue contre les règles démocratiques », a dit Merrick Garland, le candidat de Joseph Biden au poste de procureur général, lors des audiences de confirmation du Sénat le 22 février.

Il a ajouté que sa priorité numéro un en tant que procureur général serait de lutter contre le « terrorisme intérieur ». Le directeur du FBI, Christopher Wray, s’est engagé à faire de même.

« C’était une insurrection planifiée, nous le savons maintenant », a réitéré la sénatrice Amy Klobuchar le 23 février.

Le département de la Justice a arrêté et inculpé quelque 300 personnes en rapport avec l’intrusion du 6 janvier, y compris sous des accusations de complot. Ces dernières s’attaquent à la liberté de pensée.

Avec les lois sur la sédition et le complot, exprimer une opinion peut devenir un crime. Le gouvernement et le FBI ont souvent fait appel à ces lois lorsqu’ils tentaient de fabriquer des coups montés contre des travailleurs d’avant-garde, y compris les dirigeants du Parti socialiste des travailleurs.

Merrick Garland a rejeté la comparaison entre l’action du 6 janvier et les attaques provocatrices contre des bâtiments fédéraux et des magasins menées par les antifa et certains dirigeants de Black Lives Matter pendant de nombreux mois à Portland, en Oregon, et ailleurs. Seul le 6 janvier a été « une attaque fondamentale contre nos institutions démocratiques », a soutenu Garland. En fait, les deux actions sont dangereuses pour la classe ouvrière en ouvrant la porte aux attaques du gouvernement contre l’espace politique dont les travailleurs ont besoin.

Le secrétaire à la Sécurité intérieure Alejandro Markoyas a renchéri en faisant part de son intention d’élargir sa chasse aux « extrémistes internes », y compris les « extrémistes de la suprématie blanche, antigouvernementaux ou anti-autoritaires ». Il faut empêcher ces gens, a-t-il ajouté, d’utiliser « la bannière du premier amendement pour dissimuler leurs tentatives de provocation ».

Le New York Times invente une attaque

Pour y arriver, les lois sur le complot sont essentielles, car il y a eu peu de véritables attaques violentes le 6 janvier. Les médias libéraux ont fait de leur mieux pour y remédier, même s’ils ont dû promouvoir un « discours » qui n’était tout simplement pas vrai.

Le New York Times  a publié le 8 janvier un article intitulé « Un policier du Capitole meurt des suites de blessures causées par l’émeute pro-Trump ». L’article prétendait que le policier du Capitole Brian Sicknick a été assassiné quand « il a été frappé avec un extincteur ». Dans un autre article, le journal a ajouté : « Souffrant d’une profonde entaille à la tête, M. Sicknick a été transporté d’urgence à l’hôpital, placé sous respirateur artificiel » et est mort. Ils ont attribué ces « révélations » à des « agents des services policiers » anonymes.

Le Times  et d’autres médias ont maintenu ces allégations pendant plusieurs semaines. Cette accusation a même été incorporée dans le projet de loi des démocrates pour destituer le président Trump.

Mais rien de tout cela n’était vrai, ce qu’ils ont appris bien avant de le reconnaître. Au moment où, selon le Times, Sicknick était sous assistance respiratoire, il a « envoyé un texto mercredi soir [le 6 janvier] pour dire que bien qu’il avait été aspergé de poivre, il était de bonne humeur », a dit son frère à ProPublica.

On ne sait toujours pas pourquoi Sicknick s’est effondré et est mort.

Le Times n’a jamais publié de rétractation. Il s’est contenté de revenir tranquillement sur ses premiers articles en ligne et de publier ce que les rédacteurs ont appelé une « mise à jour ».

Cinq personnes sont décédées le 6 janvier : Ashli Babbitt, qui a été abattue par des flics, trois personnes qui ont eu des urgences médicales et Sicknick. Elles étaient toutes des partisans de Donald Trump.

Les libéraux cherchent à censurer la presse

Le chef de la sécurité intérieure, Alejandro Markoyas, a également déclaré que des mesures étaient nécessaires de toute urgence pour supprimer « la désinformation médiatique et les histoires fausses ».

Lors des audiences du Congrès le 24 février, les démocrates ont commencé à créer les conditions pour une censure accrue en prétextant vouloir éradiquer « la désinformation qui cause un préjudice au public », c’est-à-dire tout ce avec quoi ils ne sont pas d’accord.

Dans sa chronique du 2 mars dans le Times, Ross Douthat cite des « experts » qui ont appelé Biden à nommer un « tsar de la réalité » chargé d’appliquer la version de la réalité qu’appuie l’administration.

Les patrons de Facebook, Twitter et d’autres « médias sociaux » ont emboîté le pas en annulant les comptes de ceux qu’ils jugent discutables, aussi bien de la droite que du mouvement ouvrier.

L’aile droite de la politique capitaliste profite de manœuvres comme celles-ci pour se présenter comme la défenseure de la liberté d’expression, tout en mettant de l’avant ses propres conceptions pour mieux défendre le régime capitaliste.

La volonté des libéraux de censurer et d’attaquer les droits politiques des républicains et de Trump pour en tirer un avantage partisan reflète une réalité plus profonde : les libéraux méprisent les travailleurs et craignent leurs luttes à venir contre les attaques des patrons.

Depuis de nombreuses années, des millions de travailleurs et d’agriculteurs voient leurs conditions de vie se détériorer et ils reconnaissent de plus en plus que le fait de changer l’administration à Washington n’a rien fait pour corriger la situation. Tant que les travailleurs ne rompront pas avec les démocrates et les républicains et qu’ils ne construiront pas notre propre parti, un parti des travailleurs basé sur les syndicats, des millions de personnes continueront à se tourner vers des politiciens capitalistes comme Trump, qui prétendent vouloir prendre des mesures pour créer des emplois et drainer le « marais » politique à Washington.

Aucun des partis des patrons n’offre de moyen de régler les problèmes auxquels font face les travailleurs.

« Les candidats du Parti socialiste des travailleurs en 2021 appuient les luttes que les travailleurs et nos syndicats organisent aujourd’hui pour des emplois, de meilleurs salaires et conditions de vie, pour défendre les droits dont nous avons besoin pour décider et commencer à aller de l’avant », a dit au Militant  Joanne Kuniansky, candidate du SWP au poste de gouverneure du New Jersey. « Nous utilisons nos campagnes pour expliquer que ce n’est qu’à travers nos propres luttes que les travailleurs peuvent se battre pour ce dont nous avons besoin, sans nous contenter de ce que les patrons et leurs partis démocrate et républicain prétendent être possible. »