« Solidarité avec les grévistes de Boeing et des ports ! »

« La classe ouvrière doit construire un parti des travailleurs et lutter pour prendre le pouvoir politique »

Vivian Sahner
le 14 octobre 2024
Rachele Fruit (à gauche), candidate du Parti socialiste des travailleurs à la présidence des États-Unis, participe le 1er octobre à la ligne des postiers à Eagan, au Minnesota, dans le cadre d’une journée nationale de protestation organisée par le Syndicat américain des travailleurs des postes.
Militant/Mary MartinRachele Fruit (à gauche), candidate du Parti socialiste des travailleurs à la présidence des États-Unis, participe le 1er octobre à la ligne des postiers à Eagan, au Minnesota, dans le cadre d’une journée nationale de protestation organisée par le Syndicat américain des travailleurs des postes.

UNION CITY, N.J. – « Le prix des carburants est si élevé que les camionneurs ont peu de revenus et les agriculteurs, encore moins de ce qu’ils produisent », a dit Paul de Leon, un camionneur d’Elizabeth, à Rachele Fruit, la candidate du Parti socialiste des travailleurs (SWP) à la présidence des États-Unis, alors qu’elle faisait campagne dans un relais routier sur l’autoroute à péage du New Jersey, le 27 septembre dernier. Il doit y avoir un moyen de gagner sa vie, a-t-il ajouté.

« Il en sera ainsi jusqu’à ce que les travailleurs dirigent le pays », et nous sommes capables de le faire, a répondu Rachele Fruit. « Aujourd’hui, les travailleurs résistent. Nous construisons la solidarité avec ces luttes. »

« Quelles sont vos idées pour rassembler les travailleurs ? » a demandé de Leon. « Je ne vois pas comment traverser ce pont. »

« Nous sommes en faveur d’un mouvement de la classe ouvrière, d’un parti des travailleurs, d’un parti politique pour défendre nos intérêts, a dit Fruit. Les démocrates et les républicains ne défendront jamais les intérêts de la classe ouvrière. Ce sont les partis des patrons. Le changement commence sur les piquets de grève. Lorsque vous voyez les 33 000 machinistes en grève chez Boeing, vous pouvez voir le pouvoir de notre classe. La solidarité est la clé. »

Pour en savoir plus sur les positions du parti, de Leon s’est procuré un exemplaire du livre Le creux de la résistance ouvrière est derrière nous : le Parti socialiste des travailleurs regarde vers l’avant  par les dirigeants du SWP Jack Barnes, Mary-Alice Waters et Steve Clark.

Le lendemain, lors d’une réunion de campagne à Union City, Rachele Fruit a dit : « Au cours des six derniers mois, nous avons parlé de septembre comme du mois où 45 000 membres de l’Association internationale des débardeurs, 33 000 machinistes de Boeing et 200 000 travailleurs des postes allaient faire face à des échéances contractuelles. Et maintenant, nous y sommes.

« En menant ces luttes, les travailleurs acquièrent de l’expérience et la confiance de lutter plus fort pour ce qui est nécessaire, a-t-elle ajouté. Après que les infirmières de trois hôpitaux de Pittsburgh ont obtenu des augmentations et de meilleurs ratios infirmières/patients, Katie Kiesel, infirmière et membre du syndicat SEIU Healthcare Pennsylvania, a déclaré au Militant  que ce n’était qu’un début : ce n’est que lorsque toutes les infirmières et tous les travailleurs hospitaliers de la région seront solidaires que nous pourrons transformer complètement les soins de santé dans cette région. Nous nous engageons, a dit Fruit, à construire un mouvement qui y parviendra. »

Au cours des deux dernières années, les prix de la nourriture, du loyer, du gaz et d’autres produits de première nécessité ont grimpé en flèche. Alors que les conditions de vie se détériorent et que les guerres s’intensifient, des millions de personnes sont poussés vers la politique et cherchent des moyens de lutter pour leur survie. C’est pourquoi les travailleurs sont aujourd’hui plus nombreux à se syndiquer et à utiliser leurs syndicats.

« Ce qu’il faut, a dit Rachele Fruit, c’est un parti politique pour mobiliser et unir les travailleurs, indépendant des partis patronaux. Il doit être basé sur les syndicats et capable d’organiser l’ensemble de la classe ouvrière pour lutter afin de remplacer le pouvoir politique capitaliste par un gouvernement ouvrier.

« C’est un combat qui peut être gagné. C’est la chose la plus importante que nous devons apprendre de la révolution cubaine. »

La crise des capitalistes, pas la nature

« Au cours des dernières 48 heures, a dit Fruit, nous avons vu la dévastation causée par l’ouragan Helene à travers le golfe du Mexique, la Floride, la Géorgie, les Carolines du Nord et du Sud, le Tennessee et bien d’autres endroits. » Elle a souligné le nombre croissant de morts et les 4 millions de personnes sans électricité.

« Des événements comme celui-ci affectent notre classe dans le monde entier, a-t-elle ajouté. Mais il n’y a qu’un seul pays où la classe ouvrière a été mobilisée et organisée pour tenter d’empêcher les pertes humaines dans des catastrophes comme celle-ci. C’est Cuba, pays révolutionnaire où la classe ouvrière est au pouvoir. Le gouvernement s’assure que personne n’est abandonné pendant les ouragans, dans un contraste frappant avec le comportement des dirigeants U.S. lorsque des tempêtes frappent le pays.

« Les travailleurs cubains, a dit Fruit, confrontés aux pires difficultés et à un embargo impérialiste, ont montré au monde ce qu’il est possible de réaliser, comment les relations sociales peuvent changer, comment les êtres humains peuvent changer. Le Parti socialiste des travailleurs se bat farouchement pour défendre leur révolution.

Elle a poursuivi : « Nous sommes à quelques jours du premier anniversaire du massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas et le Jihad islamique, avec l’aide et la direction du gouvernement capitaliste réactionnaire d’Iran. »

Ce pogrom a fait 1 200 morts, pour la plupart des civils juifs, plus de 5 000 blessés et 250 otages. Viols et violence sexuelle ont été organisés contre des femmes et des hommes – de manière stratégique, délibérée, célébrée et documentée par les responsables.

« Le 7 octobre a été un moment de vérité, un test pour tous les courants et partis politiques, a dit Rachele Fruit. Lorsque nous faisons campagne dans nos syndicats et dans les communautés ouvrières, nous expliquons que la haine des Juifs, un reflet de la crise du capitalisme, est une question de vie ou de mort pour la classe ouvrière. Nous devons nous opposer à toute tentative de calomnier et d’attaquer les Juifs ou de s’en servir comme boucs émissaires.

« Nous défendons Israël, un pays capitaliste, en tant que refuge pour les Juifs du monde entier », a-t-elle souligné. C’est le seul pays qui luttera les armes à la main contre le massacre des Juifs. « Mais Israël ne peut pas résoudre le problème. »

Combattons la haine des Juifs, joignons-nous aux événements du 7 octobre

« La solution réside dans la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire de toutes les nationalités dans chaque pays, y compris en Israël et surtout aux États-Unis, un parti qui lutte pour que les travailleurs prennent le pouvoir. »

Rachele Fruit a souligné les propos du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à l’ONU le 27 septembre : « Mon pays se bat pour sa survie. Israël aspire à la paix, mais nos ennemis cherchent à nous anéantir. […] Nous gagnerons parce que nous n’avons pas le choix. »

Il a dit qu’il fallait choisir « entre une réconciliation historique entre Arabes et Juifs ou la tyrannie et la terreur de nouveaux 7 octobre ». De nombreux représentants de l’ONU ont quitté la salle pendant ses remarques.

Rachele Fruit a exhorté tous les participants à la réunion à se joindre aux événements organisés pour commémorer le pogrom du 7 octobre.

« Il n’existe aucun nouvel ordre mondial capitaliste qui pourrait rendre le monde plus pacifique », a-t-elle dit.

« Dans toute l’Afrique, les gouvernements sont massivement endettés auprès de prêteurs comme la Banque mondiale, Washington et, plus récemment, auprès des dirigeants de la Chine. » Un participant à la réunion a posé une question sur le débat aux Nations unies concernant l’octroi à l’Afrique, qui compte 54 pays et quelque 1,5 milliard d’habitants, de deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, mais sans droit de veto : « Est-ce un obstacle à la résolution des problèmes ? »

« L’ONU est issue de la Deuxième Guerre mondiale et c’est un instrument des gouvernements capitalistes, a répondu Rachele Fruit. Ils sont le problème. Ils se battent entre eux pour voler toute la richesse des travailleurs.

« Nous les travailleurs, nous devons nous organiser et aborder de front nos problèmes, comme Thomas Sankara a dirigé les travailleurs et les paysans du Burkina Faso à le faire », a-t-elle ajouté, en évoquant la révolution démocratique et populaire de 1983-1987 dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Construisez et joignez-vous à la campagne du SWP

« Il reste cinq semaines à cette campagne », a précisé John Studer, directeur national de la campagne du Parti socialiste des travailleurs, durant la discussion. « Les travailleurs savent qu’il y a quelque chose qui ne va pas du tout avec l’économie. Ils détestent l’attaque du 7 octobre contre les Juifs en Israël.

« La plus grande question, c’est de savoir si la classe ouvrière est capable ou non de faire quelque chose pour le changer. Le SWP pense que oui et nous voulons en discuter avec le plus grand nombre de travailleurs possible. Nous voulons que les travailleurs rompent avec les partis capitalistes, soutiennent la campagne du SWP et en fassent partie. Joignez-vous à nous lors des actions du 1er octobre pour soutenir les travailleurs des postes et à celles du 7 octobre. »

Joanne Kuniansky a contribué à cet article. Elle est la candidate du SWP au Sénat des États-Unis dans l’État du New Jersey.