« La classe ouvrière doit prendre le pouvoir politique »

le 23 septembre 2024
Rachele Fruit, candidate du SWP à la présidence des États-Unis, est interviewée par Fox News lors de la marche de la fête du Travail à New York le 7 septembre. Elle s’est entretenue avec des travailleurs là-bas, à la Foire du livre de Harlem et lors d’une réunion publique. Le macaron utilisé pour sa campagne reprend l’appel à construire un parti des travailleurs.
Militant/Mike ShurRachele Fruit, candidate du SWP à la présidence des États-Unis, est interviewée par Fox News lors de la marche de la fête du Travail à New York le 7 septembre. Elle s’est entretenue avec des travailleurs là-bas, à la Foire du livre de Harlem et lors d’une réunion publique. Le macaron utilisé pour sa campagne reprend l’appel à construire un parti des travailleurs.

Rachele Fruit : « Nous devons construire un parti des travailleurs » 

SARA LOBMAN

NEW YORK — « La lutte pour savoir quelle classe gouverne est la question centrale à laquelle sont confrontés les travailleurs du monde entier », a dit Rachele Fruit aux 48 personnes qui participaient à une réunion publique ici le 8 septembre. « La classe ouvrière américaine joue un rôle décisif dans cette lutte. »

La réunion et la réception ont été le point culminant d’une tournée de deux jours ici. Le 7 septembre, Rachele Fruit a participé au défilé de la fête du Travail à New York, où elle a parlé avec des dizaines de travailleurs et a été interviewée par un journaliste de Fox 5 NY. L’après-midi, elle s’est rendue à la Foire du livre de Harlem, où elle a rencontré des personnes venues au stand des éditions Pathfinder.

Tout au long du week-end, elle a rencontré des travailleurs intéressés par une campagne de la classe ouvrière qui constitue une alternative aux deux principaux candidats des dirigeants capitalistes : Donald Trump et Kamala Harris. Elle a également expliqué pourquoi les travailleurs doivent rompre de manière décisive avec les Partis démocrate et républicain et construire leur propre parti, un parti ouvrier, que nous pourrons utiliser pour que des millions d’entre nous luttent afin de faire avancer nos intérêts de classe. Rachele Fruit a exhorté toutes les personnes qu’elle a rencontrées à soutenir cette campagne et à s’impliquer. Plus d’une quinzaine de personnes l’ont fait, dont plusieurs qui ne connaissaient pas le parti.

La crise économique du capitalisme mondial apporte la dévastation et la guerre à des millions de personnes, a-t-elle affirmé lors de la réunion, soulignant le point tournant décisif qu’ont constitué l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le pogrom du Hamas, soutenu par l’Iran, qui a tué 1 200 personnes, dont la plupart étaient des Juifs vivant en Israël.

« Nous appelons à un parti des travailleurs basé sur les syndicats, un parti qui peut organiser toute la classe ouvrière », a dit Rachele Fruit, la candidate du SWP à la présidence des États-Unis, lors d’une réunion à New York le 8 septembre.
Militant/Mike Shur« Nous appelons à un parti des travailleurs basé sur les syndicats, un parti qui peut organiser toute la classe ouvrière », a dit Rachele Fruit, la candidate du SWP à la présidence des États-Unis, lors d’une réunion à New York le 8 septembre.

Bien qu’affaiblis, les États-Unis sont « toujours la plus grande puissance impérialiste et ils cherchent à étendre leur contrôle économique, militaire et politique dans le monde entier, tout comme le font leurs concurrents. Aucun nouvel ordre capitaliste mondial capable de rendre le monde plus sûr ou plus pacifique n’est possible ».

« À mesure que les conditions de vie de la classe ouvrière se détériorent et que les guerres s’intensifient, des millions de travailleurs sont entraînés dans la politique », a-t-elle ajouté.

« Nous plaçons la lutte contre la haine des Juifs et la défense de la souveraineté de l’Ukraine au cœur de ce que nous discutons avec tous les travailleurs que nous rencontrons. Ma campagne a réellement commencé le 10 octobre, lorsque j’ai assisté à un rassemblement contre le pogrom sanglant du Hamas en Israël trois jours plus tôt et que j’ai pris la parole pour le dénoncer au nom du SWP.

« La lutte des travailleurs pour conquérir le pouvoir est le seul moyen de créer les conditions pour mettre fin aux conditions d’exploitation et d’oppression qui sont la source de la richesse des capitalistes, a dit Rachele Fruit. Il s’agit d’une perspective révolutionnaire. Ça va nécessiter un mouvement discipliné de millions de membres de la classe ouvrière déterminés à créer un monde nouveau. »

Nous appelons à un parti ouvrier basé sur les syndicats

« Nous appelons à un parti des travailleurs qui soit basé sur les syndicats mais capable d’organiser toute la classe ouvrière pour que nous puissions lutter ensemble » pour des emplois pour tous à des salaires automatiquement ajustés permettant de couvrir la hausse des prix, pour un programme de travaux publics financé par le gouvernement afin de créer des emplois à des salaires de niveau syndical pour construire ce dont les travailleurs ont besoin, comme des écoles, des hôpitaux, des garderies pour enfants et des logements abordables. »

Le plus important, c’est qu’un tel parti pourrait diriger « un mouvement social dans une lutte pour remplacer le pouvoir politique des capitalistes par un gouvernement des travailleurs, a-t-elle dit. Il pourrait dénoncer et combattre tous les outrages, tous les crimes que les dirigeants capitalistes commettent contre nous ».

« Je sais que beaucoup de travailleurs sont d’accord », a dit un participant à la réunion au cours de la discussion. « Mais la plupart des responsables syndicaux ne semblent pas aller dans cette direction ; ils soutiennent le plus souvent l’un des partis capitalistes. Comment pouvons-nous changer cela ? »

Lors d’une visite à la Foire du livre de Harlem à New York, le 7 septembre, Rachele Fruit s’est entretenue avec de nombreuses personnes intéressées par une alternative de la classe ouvrière aux partis patronaux, les démocrates et les républicains.
Militant/Mary MartinLors d’une visite à la Foire du livre de Harlem à New York, le 7 septembre, Rachele Fruit s’est entretenue avec de nombreuses personnes intéressées par une alternative de la classe ouvrière aux partis patronaux, les démocrates et les républicains.

« Parmi les travailleurs avec lesquels je parle », la nécessité d’organiser un parti ouvrier indépendant des patrons et de leurs partis est « extrêmement populaire », a répondu Rachele Fruit. Et objectivement, « c’est ce qui doit arriver ». Mais un véritable élan dans cette direction ne se produira que lorsque les travailleurs se joindront aux luttes et prendront confiance en eux en tant que classe. « Dans chaque ville où je me rends, j’ai l’occasion de rencontrer des travailleurs, de discuter avec eux, de marcher sur les lignes de piquetage et de leur offrir ma solidarité. »

Elle a décrit les nombreuses personnes qu’elle a rencontrées : les travailleurs de l’hôtellerie qui ont fait grève de Boston à Honolulu pendant le week-end chargé de la fête du Travail ; les Teamsters de la brasserie Molson Coors à Fort Worth, au Texas, qui ont lutté contre l’obligation de travailler 16 heures par jour ; les travailleurs d’un entrepôt à Montréal ; ainsi que les travailleurs des chemins de fer et les travailleurs d’Amazon au Royaume-Uni, qui luttent pour un syndicat.

La question la plus importante que les gens lui posent, a-t-elle dit, est : Comment pouvons-nous être sûrs que nous sommes capables d’affronter tout cela ? Des centaines de milliers de travailleurs aux États-Unis, au Canada et ailleurs se sont battus pour obtenir un salaire qui leur permette de vivre, des horaires qui leur permettent de fonder et d’élever une famille et des conditions de travail sûres, a dit Rachele Fruit. Les travailleurs changent au cours de ces luttes. « Nous commençons à voir sous un jour nouveau chacun d’entre nous, en particulier, notre humanité et notre capacité de solidarité. Grâce à ces luttes syndicales, nous apprenons qu’il n’y a pas de solutions individuelles. C’est notre action collective qui compte. C’est le début de notre conscience en tant que classe.

« Nous avons une histoire révolutionnaire aux États-Unis. Les réalisations historiques de la classe ouvrière dans la guerre d’indépendance contre la Grande-Bretagne, la guerre civile contre l’esclavage, la gigantesque poussée ouvrière qui a conduit à l’organisation des syndicats industriels dans les années 1930 et la révolution sociale prolétarienne qui a mis fin à la ségrégation de Jim Crow dans le Sud dans les années 1950 et 1960 prouvent ce dont la classe ouvrière américaine est capable. »

« Nous soulignons notre continuité. Deux révolutions puissantes ont conquis le pouvoir à l’époque impérialiste : en Russie en 1917, sous la direction de V. I. Lénine et du Parti bolchevique ; et à nouveau à Cuba en 1959, sous la direction de Fidel Castro.

« Nous pouvons le faire ici même aux États-Unis », a-t-elle dit.

Nécessité d’unir la classe ouvrière

Un infirmier de la région d’Albany a demandé à Rachele Fruit d’aborder la question des travailleurs immigrés. Il a dit que ses collègues immigrés avaient peur d’adhérer à un syndicat ou de se mettre en grève.

« Nous sommes en faveur de l’amnistie pour tous les travailleurs immigrés vivant aux États-Unis, a dit Rachele Fruit. Tous les travailleurs ont besoin des mêmes droits. Nous ne sommes pas des travailleurs “américains”. Nous sommes des travailleurs de toutes nationalités aux États-Unis. C’est une question de vie ou de mort pour la classe ouvrière. Si elle ne se bat pas dans ce sens, la classe ouvrière sera déchirée. »

Rachele Fruit a rappelé que les travailleurs de l’hôtellerie en grève en Californie ont forcé les entreprises à accepter de ne pas utiliser le système E-verify du gouvernement fédéral qui sert à attraper les travailleurs qui n’ont pas les papiers que les dirigeants jugent nécessaires. « Ce fut grâce à la force des travailleurs. »

Elle a cité l’exemple des 55 000 travailleurs de l’éducation au Canada qui ont fait grève en 2022 alors que le gouvernement avait adopté une loi déclarant la grève illégale. « D’autres travailleurs les ont soutenus et ils ont fini par gagner. »

Une aide-soignante à domicile qui assistait à la réunion a expliqué qu’elle avait été médecin au Venezuela. Mais même à l’époque, « tous mes amis étaient des travailleurs de l’hôpital, des concierges ou des liftiers ». En Amérique latine, nous avons une expression, a-t-elle ajouté : « Le syndicat nous rend forts ».

Les premières salves de la troisième guerre mondiale

« Il y a plus de 30 ans, le Parti socialiste des travailleurs a expliqué que la guerre des États-Unis contre l’Irak représentait les premières salves de la troisième guerre mondiale, a dit Rachele Fruit. Aujourd’hui, des millions de personnes entendent ces coups de canon devenir plus assourdissants.

« L’impérialisme n’est pas une politique choisie par un gouvernement. La marche vers la guerre et le pillage est inhérente à l’impérialisme. On ne peut y mettre fin qu’en organisant un mouvement révolutionnaire de travailleurs et d’agriculteurs pour prendre le pouvoir d’État et renverser la domination capitaliste.

« Nous ne sommes pas des pacifistes bourgeois, a poursuivi Rachele Fruit. Notre programme n’est pas celui d’une coexistence pacifique. Nous sommes pour organiser la classe ouvrière afin qu’elle se batte dans nos intérêts de classe. Nous sommes pour la victoire des Ukrainiens sur le régime de Poutine. Nous sommes pour qu’Israël, le seul gouvernement qui a intérêt à défendre les Juifs, batte le Hamas.

« Et nous nous opposons aux troupes, aux bases et aux armements américains n’importe où dans le monde. Nous savons que l’armée américaine n’est jamais utilisée pour promouvoir les intérêts des travailleurs, ici ou à l’étranger. Elle sert toujours les intérêts de prédateurs de la classe dirigeante américaine.

« Les gouvernements en Ukraine et en Israël sont des gouvernements capitalistes et ils dépendent d’alliés impérialistes inconsistants qui font passer leurs propres intérêts en premier. Mais s’ils gagnent les guerres qu’ils mènent pour leur survie, la classe ouvrière de ces pays aura plus d’espace pour s’organiser, s’unir et tendre la main à ses alliés des classes ouvrières d’autres pays. En fin de compte, a dit Rachele Fruit, la solution est liée à la construction d’un parti révolutionnaire de la classe ouvrière de toutes les nationalités qui se bat pour le pouvoir des travailleurs dans chaque pays, y compris en Israël et en Ukraine. »

C’est ce que le Parti socialiste des travailleurs s’efforce de faire ici, a-t-elle conclu. « Nous vous invitons à nous rejoindre. »

En réponse à un appel lancé par John Studer, directeur national de la campagne du SWP, les participants à la réunion ont donné 3 634 dollars US pour aider à financer les neuf dernières semaines de la campagne.