MONTRÉAL — Quelque 1 000 syndiqués se sont rassemblés ici le 14 mars pour exiger que le gouvernement du Québec retire son projet de loi anti-ouvrier 89. Ils ont manifesté près de la Plaza Centre-Ville où le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, devait prendre la parole.
Le projet de loi permettrait au gouvernement du Québec de forcer les travailleurs en grève à reprendre le travail et de leur imposer des conventions collectives par arbitrage obligatoire. C’est une attaque directe contre le droit de grève.
Les quatre grandes centrales syndicales – la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la Confédération des syndicats nationaux, la Centrale des syndicats du Québec et la Centrale des syndicats démocratiques – ont participé au rassemblement, de même que la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, la Fédération autonome de l’enseignement, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec.
Caroline Senneville, présidente de la CSN, a déclaré à City TV : « Tous les syndicats du Québec sont représentés ici. C’est une première manifestation, et je peux vous dire que ce ne sera pas la dernière. »
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement provincial, les neuf organisations syndicales soulignent que « si le projet de loi 89 sert un groupe en particulier, c’est bien celui des patrons ». Ils ont annoncé la convocation le 31 mars d’une réunion plus large des syndicats pour discuter des prochains pas à prendre pour stopper l’attaque du gouvernement.
« Il s’agit d’une attaque frontale en réponse à notre mobilisation de 2023 », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l’enseignement, en parlant de la mobilisation massive des 600 000 travailleurs du secteur publique du Québec lors de leur dernière négociation avec le gouvernement. Leur lutte pour de meilleures conditions dans les soins de santé et d’éducation pour la classe ouvrière s’est gagné un large soutien.
D’autres délégations syndicales participent à la manifestation
Des postiers se sont également joints à la manifestation. Le gouvernement fédéral leur a ordonné de reprendre le travail en décembre dernier. En septembre, Ottawa a fait la même chose avec les débardeurs de la côte Ouest et ceux de Montréal et Québec.
« Je suis ici parce que je veux contribuer à maintenir le rapport de forces actuel et toutes les choses que nous avons gagnées dans le passé », a déclaré au Militant Richard Martin, président de la section locale 255 du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes à Vaudreuil, en banlieue de Montréal.
Un contingent de travailleurs mis en lock-out par les patrons de l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth, membres de la CSN, a participé à la manifestation. « Ils ne peuvent pas nous bâillonner, ils ne peuvent pas nous empêcher de manifester », a expliqué Chana François. « Ils ne pensent qu’à leurs poches ». En lock-out depuis trois mois, les travailleurs viennent de se faire imposer une injonction qui limite leur piquetage.
Un contingent représentant les 2 000 aides-enseignants en grève contre l’Université Concordia s’est également joint à l’action.
« La manifestation a été une excellente occasion pour les différents syndicats de s’unir et de lutter contre cet atroce projet de loi que le gouvernement veut faire adopter », a déclaré Giulio Archambeault, travailleur du chemin de fer pour le Canadien National et membre des Teamsters.
L’été dernier, le gouvernement fédéral est intervenu pour mettre fin à une grève nationale des chemins de fer et imposer l’arbitrage obligatoire. « Les patrons s’en servent pour obtenir ce qu’ils veulent, a dit Archambeault. Les arbitres sont généralement du côté de la direction. »