De nouvelles manifestations éclatent contre le Hamas à Gaza, alors que les conflits impérialistes s’intensifient

Seth Galinsky
le 2 juin 2025
Marche à Khan Younès à Gaza le 19 mai au début de trois jours de manifestations pour exiger le départ du Hamas. La vaste majorité des Palestiniens rejette le culte de la mort et de destruction du Hamas.
Marche à Khan Younès à Gaza le 19 mai au début de trois jours de manifestations pour exiger le départ du Hamas. La vaste majorité des Palestiniens rejette le culte de la mort et de destruction du Hamas.

Dans le cadre du plus grand mouvement de protestation contre le Hamas jusqu’à présent, des milliers de Palestiniens ont défilé quotidiennement à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, du 19 au 21 mai. Ils ont scandé « Hamas, dehors, dehors ! » ainsi que « Hamas, vous êtes une bande de nulles – le peuple de Gaza ne veut pas mourir » et « Arrêtez la guerre ! Arrêtez le déplacement. »

De plus en plus de Gazaouis considèrent que le départ du Hamas est le seul moyen de changer leurs conditions oppressives – et ils agissent en conséquence.

La marche s’est déroulée dans la foulée de l’annonce faite par Israël, le 19 mai, selon laquelle les civils devaient immédiatement évacuer Khan Younès avant une offensive militaire d’envergure et se rendre dans le campement de tentes surpeuplé d’Al-Mawasi, où campent des milliers de personnes ayant fui les précédentes vagues de combats.

Avant de lancer le massacre de 1 200 personnes en Israël le 7 octobre 2023 et de prendre 251 otages – le plus grand pogrom visant les Juifs depuis l’Holocauste – le Hamas savait que l’armée israélienne riposterait. C’est pourquoi il a placé ses postes de commandement à l’intérieur et sous les hôpitaux, les écoles, les mosquées et les maisons, mais n’a construit le moindre abri pour les civils.

Les déclarations de dirigeants du Hamas qui vivent confortablement à l’étranger ont également alimenté la colère contre le groupe soutenu par Téhéran. Sami Abou Zuhri, chef du département politique du Hamas à l’étranger, a déclaré à la télévision libyenne qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter des morts et de la destruction à Gaza.

« Saviez-vous que le nombre de nouveau-nés à Gaza est égal au nombre de martyrs tués dans cette guerre ? » depuis le 7 octobre, s’est-il vanté. « Nous allons reconstruire les maisons et produire des dizaines d’autres [bébés] pour chaque martyr. C’est le prix que nous devons payer. »

La vaste majorité des Palestiniens à Gaza rejettent le culte de la mort et de destruction du Hamas. Les manifestants ont scandé : « Abou Zuhri, tu es une ordure, nos enfants ont le droit de vivre ! »

Un Gazaoui : c’est le Hamas, pas les Juifs

« Enregistrez ça et laissez ces fils de p… de dirigeants du Hamas voir ce que les gens endurent », a déclaré un homme filmé alors qu’il suivait l’ordre israélien d’évacuer Khan Younès. « Non, ce ne sont pas les Juifs, c’est le Hamas. »

Il est frappant de constater le peu de place consacré par les médias bourgeois d’Israël, des États-Unis et du monde entier à ces manifestations et à d’autres manifestations similaires dans la bande de Gaza.  C’est parce qu’elles battent en brèche le mythe colporté aussi bien par les libéraux que par les conservateurs selon lequel la plupart des Gazaouis soutiennent le Hamas.

Mais pour les travailleurs du Moyen-Orient et du monde entier, le courage et la résistance des manifestants à Gaza revêtent une grande importance.  Cela montre qu’il existe des ouvertures pour une autre voie, celle du développement de la conscience de classe ouvrière et de la construction de partis révolutionnaires ouvriers qui rassemblent les travailleurs juifs, arabes, immigrés et autres dans la défense de leurs propres intérêts.

C’est ce que le Hamas, qui s’inspire du nazisme, et ses partisans dans le régime réactionnaire de Téhéran craignent le plus.

Le 20 mai, les autorités israéliennes ont autorisé l’entrée à Gaza de 93 camions transportant de la nourriture pour bébés, de la farine pour les boulangeries, des médicaments et d’autres vivres, la première livraison importante depuis début mars, sous la pression de Washington et d’autres pays qui ont déclaré que Gaza était au bord de la famine en raison de l’embargo israélien.

Plus tard dans la même journée, l’attachée de presse à la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a indiqué que « le président a clairement fait savoir qu’il souhaitait voir ce conflit dans la région prendre fin».

« La guerre peut prendre fin demain si les derniers otages sont libérés, si le Hamas dépose les armes, si ses dirigeants criminels sont exilés et si Gaza est démilitarisée », a réaffirmé le bureau de Netanyahou le 19 mai.

La volonté de Téhéran de se doter d’armes nucléaires

Entre-temps, l’administration Trump n’a pas renoncé à ses négociations avec le régime iranien sur les capacités nucléaires de Téhéran.

Alors que Netanyahou recherche le soutien de l’impérialisme américain, il sait parfaitement que pour les dirigeants américains, la défense d’Israël est subordonnée à leurs propres intérêts économiques et politiques au Moyen-Orient. Il sait que les négociations entre les États-Unis et l’Iran pourraient se terminer par un accord dangereux similaire à celui que l’administration de Barack Obama avait accepté, à savoir une limitation temporaire de l’enrichissement de matériel nucléaire par Téhéran.

Dans le cadre du positionnement américain pour les négociations, Steven Witkoff, l’envoyé de Donald Trump, insiste pour que Téhéran renonce à tout enrichissement. Mais l’enrichissement « se poursuivra avec ou sans un accord », a déclaré Abbas Araghchi, ministre iranien des affaires étrangères et principal négociateur dans les pourparlers, et il n’est pas négociable.

La raison en est que l’objectif de Téhéran, comme celui du Hamas, est la destruction d’Israël et l’élimination des Juifs qui y vivent.

« Le régime sioniste », a déclaré le 17 mai le guide suprême iranien Ali Khamenei après le voyage de Trump au Moyen-Orient, « est une tumeur cancéreuse mortelle et dangereuse [qui] doit certainement être éradiquée, et elle le sera ».

Même une petite arme nucléaire, semblable à celle que Washington a larguée sur Hiroshima et Nagasaki, qui franchirait le système de défense aérienne d’Israël pourrait tuer des centaines de milliers de Juifs et d’Arabes en Israël, un nouvel Holocauste.

C’est pourquoi Netanyahou a déclaré qu’Israël fera ce qu’il faudra pour empêcher Téhéran d’acquérir cette capacité, avec ou sans l’accord de Washington. Cela signifierait des frappes israéliennes ciblées sur les installations nucléaires et les installations de missiles balistiques en Iran.

Semi-guerre civile en Israël

Washington et les autres puissances impérialistes intensifient leur pression sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre, au moment même où les forces israéliennes réalisent des avancées significatives dans la bande de Gaza. Elles prennent et gardent le contrôle de nouvelles zones, détruisent des tunnels, éliminent les chefs des escadrons de la mort du Hamas et se préparent à organiser l’aide humanitaire de manière à empêcher qu’elle ne tombe entre les mains du Hamas.

Cette pression attise également la semi-guerre civile à l’intérieur d’Israël, où les opposants bourgeois de Netanyahou cherchent à l’évincer à tout prix. Ils servent également de courroie de transmission aux exigences de l’impérialisme américain.

« Israël est en passe de devenir un État paria, comme l’Afrique du Sud par le passé », a déclaré sur le média israélien Kan l’ancien général des Forces de défense israéliennes Yaïr Golan, aujourd’hui chef des Démocrates, parti d’opposition. « Un pays sain d’esprit ne fait pas la guerre à des civils, n’a pas pour hobby de tuer des bébés et ne se fixe pas pour objectif d’expulser des populations ».

Golan a poursuivi en accusant le gouvernement d’être dirigé par des « personnes immorales » qui « n’ont aucun lien avec le judaïsme ».

Le fait que le dirigeant d’un grand parti bourgeois israélien puisse répéter les mêmes calomnies que les dirigeants du Hamas, qui haïssent les Juifs, et du régime de Téhéran témoigne de la profondeur des divisions à l’intérieur d’Israël.

Israël est un pays capitaliste divisé en classes et les Forces de défense israéliennes sont une armée capitaliste. Mais il n’y a aucune preuve que les soldats israéliens prennent pour cible des civils ou des bébés, contrairement à ce que le Hamas a fait le 7 octobre et continue de justifier.

Au contraire, les Forces de défense israéliennes évacuent souvent des civils des zones de combat avant de lancer des offensives, alors que cela signifie que le Hamas et ses alliés sont prévenus à l’avance. Les travailleurs de Gaza savent parfaitement qui est le principal responsable de leurs conditions de vie, c’est pourquoi ils exigent le départ du Hamas.

Tout en n’apportant aucun soutien politique au gouvernement israélien, les travailleurs ayant une conscience de classe soutiennent une victoire militaire israélienne à Gaza. Cela permettrait de lever le principal obstacle auquel les Palestiniens sont confrontés dans leur lutte pour leurs droits et pour se joindre à d’autres travailleurs dans la défense de leurs intérêts communs dans la région.