Les dirigeants américains luttent pour garder leur contrôle sur « l’ordre » mondial impérialiste

Terry Evans
le 26 mai 2025
Russian ballistic missiles ripped through Sumy, Ukraine, April 13, killing at least 35 people and wounding 84. Washington seeks to lay groundwork for alliance with Moscow against Beijing.
SERVICE D’URGENCE DE L’UKRAINELe 13 avril, des missiles balistiques russes ont frappé Soumy en Ukraine, tuant au moins 35 personnes et en blessant 84. Washington cherche à jeter les bases d’une alliance avec Moscou contre Beijing.

Depuis que Donald Trump a repris la présidence au début de l’année, il a répété que l’objectif de son administration était de résoudre les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, de recourir aux droits de douane pour améliorer les profits des patrons U. S. à travers le monde et de moderniser l’armée américaine en vue de futurs conflits. Il soutient que c’est la voie à suivre pour stabiliser « l’ordre » mondial tumultueux d’aujourd’hui et assurer la paix et la prospérité.

Sous toutes les administrations démocrates et républicaines, la politique étrangère des États-Unis a toujours été présentée comme une entreprise bienfaisante visant à protéger les intérêts de tous les « Américains ». Mais dans une société capitaliste divisée en classes, c’est impossible.

Le pouvoir de l’État vise à protéger les intérêts des familles possédantes au pouvoir, qui sont poussées par le fouet de la concurrence à extraire toujours plus de travail des travailleurs et à attaquer nos syndicats. Les dirigeants capitalistes jettent ensuite des miettes aux couches supérieures méritocratiques de la classe moyenne qui font leur travail politique. Et ils s’appuient finalement sur leur énorme machine de guerre pour imposer leurs intérêts.

Ce qui marque la politique étrangère de Trump, ce n’est pas ce qu’il fait de différent par rapport aux administrations précédentes. C’est l’accélération des défis auxquels les dirigeants américains font face aujourd’hui. Ils cherchent à renforcer leur domination faiblissante dans un monde où les affrontements avec les puissances rivales sont de plus en plus marqués. Cette nouvelle réalité a été renforcée par la guerre sanglante de Moscou pour conquérir l’Ukraine et écraser son peuple, ainsi que par le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a tué plus de 1 200 Juifs et autres victimes en Israël, et par les combats qui ont suivi dans la région.

Toutes les grandes puissances capitalistes – Washington, Pékin, Berlin, Tokyo, Moscou, Paris entre autres – renforcent leurs armées et réévaluent leurs relations avec leurs alliés et leurs ennemis.

Elles cherchent à rediviser et à piller les ressources, les marchés et les capitaux du monde, ce qui accroît les dangers de nouvelles guerres, aussi bien grandes que petites. Et elles accélèrent la menace d’une troisième guerre mondiale et d’une conflagration nucléaire.

Le chroniqueur Walter Russell du Wall Street Journal ne voit pas d’alternative à la politique étrangère de Trump. Il soutient que l’ancien président Barack Obama « a laissé sans nécessité et de manière très dangereuse le système mondial à la merci des ambitions » de Beijing et de Moscou.

De leur côté, les commentateurs libéraux sont atterrés par l’administration Trump. « Chaque jour apporte une nouvelle preuve, » écrit Timothy Garton Ash dans le Financial Times, « qu’un remarquable ordre international dirigé pendant longtemps par les États-Unis est maintenant fini. Trump est en train de jeter à terre ce qu’il en reste. »

Mais les causes des tensions explosives qui ébranlent le monde ont des racines beaucoup plus profondes que les politiques poursuivies par Obama ou Trump, ou par les gouvernements de n’importe quel autre pays.

Ce que les dirigeants U.S. ont mis en place après leur victoire comme puissance dominante dans le monde impérialiste à la suite de la Deuxième Guerre mondiale visait à cimenter leur position dans le monde, autant contre leurs alliés que leurs rivaux.

Ils ont écarté les dirigeants du Royaume-Uni, de la France et d’autres pays européens pour devenir la principale force de répression des luttes de libération nationale et des révoltes ouvrières. Ils ont mené des guerres sanglantes en Corée et au Vietnam, et organisé en 1961 l’invasion ratée de forces contrerévolutionnaires dans le but de renverser la révolution socialiste à Cuba. Washington a lancé des opérations politiques et militaires pour défendre sa domination et avoir le dessus dans tous les coins du globe.

Malgré leur suprématie, les dirigeants américains ont été incapables de jeter les bases d’une période soutenue d’expansion économique mondiale ou de renverser la tendance des taux de profit à baisser. À la fin des années 1980, la concurrence s’est intensifiée entre toutes les puissances capitalistes.

Lorsque les appareils staliniens se sont effondrés en Union soviétique et en Europe de l’Est, les dirigeants américains ont agi avec l’illusion qu’ils avaient gagné la guerre froide et qu’ils pouvaient imposer leur volonté à leur guise. Ils ont lancé des guerres longues, sanglantes et infructueuses en Irak, en Afghanistan et ailleurs, qui ont exacerbé encore plus les conflits intégrés dans l’« ordre » capitaliste mondial en déclin.

La menace croissante de la troisième guerre mondiale

Aujourd’hui, Washington est confronté à un défi croissant de la part des dirigeants chinois. Trump cherche à amener le régime russe de Poutine à collaborer avec Washington dans l’espoir de jeter les bases d’une alliance contre Beijing. C’est ce qui explique pourquoi les dirigeants U. S. s’efforcent de mettre fin à la guerre de Poutine en Ukraine dans des conditions qui plaisent à Moscou.

L’administration américaine cherchent aussi à conclure un accord avec les dirigeants réactionnaires de l’Iran, afin de mieux se concentrer sur ses conflits avec Beijing. Le gouvernement iranien s’efforce de transformer ses stocks d’uranium en armes et d’acquérir des armes nucléaires capables d’anéantir Israël. Le droit d’Israël d’exister comme refuge pour le peuple juif est une question tout à fait secondaire pour Washington dans la poursuite de ses objectifs.

La volonté du gouvernement américain d’affaiblir Beijing explique les droits de douane élevés imposés par Trump à la Chine. Même si elle en a réduit certains le 12 mai, l’administration américaine continuera à prélever une taxe de quelque 40 pour cent sur les exportations chinoises. Elle cherche non seulement à repousser la montée de la Chine, mais aussi à défendre ses alliés dans la région, notamment les gouvernements de Taïwan, du Japon, de l’Australie et des Philippines, et à les impliquer dans le conflit contre Beijing.

Devant l’avenir incertain des conflits tarifaires, les rédacteurs du Wall Street Journal ont écrit le 12 mai qu’il était temps pour le « Congrès de prendre une nouvelle fois au sérieux la question d’une véritable dissuasion militaire. »

La montée de l’impérialisme américain en tant que véritable puissance mondiale et les contradictions que ceci a impliqué pour les dirigeants U. S. ont été décrites en 1928 par Léon Trotsky, un dirigeant de la révolution russe, dans le cadre de sa lutte pour défendre le cours révolutionnaire de V. I. Lénine contre la contrerévolution de plus en plus profonde menée par Joseph Staline.

« C’est précisément la puissance internationale des États-Unis et l’expansion irrésistible qui en découle, a écrit Trotsky, qui poussent ces derniers à incorporer les poudrières du monde entier dans les fondements de leur structure. Ceci transforme le capitalisme nord-américain en la force contrerévolutionnaire fondamentale de l’époque moderne, toujours plus intéressée par le maintien de l’« ordre » dans tous les coins du globe terrestre. »

Près d’un siècle plus tard, ceci reste une caractéristique essentielle de la politique mondiale. Ce qui souligne pourquoi il est absolument nécessaire pour la classe ouvrière ici, et partout ailleurs dans le monde, de construire des partis capables d’organiser les masses travailleuses dans leurs millions pour arracher le pouvoir politique des mains des dirigeants impérialistes.