Les travailleurs de Postes Canada intensifient leur lutte pour défendre leur droit de grève contre les patrons et le gouvernement

John Steele
le 9 juin 2025

MONTRÉAL — Lorsque les 55 000 travailleurs de Postes Canada, membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, ont fait grève en novembre dernier, ils se sont heurtés à un ordre de retour au travail du gouvernement qui niait leur droit de grève.

Depuis leur retour au travail le 15 décembre, les patrons de Postes Canada insistent pour leur faire accepter une convention collective qui contient des salaires inférieurs à l’inflation, des suppressions d’emplois, le remplacement de la livraison du courrier à domicile par des boîtes aux lettres communautaires, et l’embauche de travailleurs à temps partiel et à doubles échelles de salaire et de conditions de travail pour le service des colis.

Le STTP a interdit les heures supplémentaires plutôt que de déclencher immédiatement une deuxième grève le 22 mai. C’était pour « nous donner le temps d’examiner les propositions de Postes Canada. Nous voulons réaffirmer que nous ne sommes pas à l’origine des perturbations. Ils voulaient que nous déclenchions une grève », a déclaré au Militant  Sarbjeet Deol, délégué syndical à Mississauga en Ontario.

Postes Canada est une société d’État, c’est-à-dire une entreprise à but lucratif qui fonctionne sous l’autorité du gouvernement fédéral et qui est soutenue par des subventions gouvernementales. Les travailleurs distribuent 8,5 millions de lettres et 1,1 million de colis chaque jour de travail.

Au cours des derniers jours, les médias capitalistes ont lancé une campagne bruyante contre les travailleurs des postes et leur syndicat, préparant ainsi le terrain pour une nouvelle loi antigrève du gouvernement. À partir des expériences du passé, les patrons de Postes Canada et les employeurs de tout le pays s’attendent à ce que le nouveau gouvernement libéral du premier ministre Mark Carney ordonne aux travailleurs de reprendre le travail s’ils font grève.

En 50 ans, des gouvernements libéraux et conservateurs ont adopté à cinq reprises des lois obligeant les travailleurs des postes en grève à retourner au travail. En 1980, le président du STTP, Jean-Claude Parrot, a été emprisonné pendant trois mois pour avoir refusé d’obéir à une loi antigrève.

La défense du droit de grève des travailleurs est une question cruciale dans la lutte de classe au Canada. Au cours de la dernière année, Ottawa a aussi ordonné le retour au travail des travailleurs portuaires en grève à Vancouver, Montréal et Québec, ainsi qu’aux membres de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada.

Les travailleurs ont besoin du droit de grève pour protéger nos intérêts de classe alors que la crise économique capitaliste mondiale s’approfondit et que les patrons, leurs partis et leurs gouvernements tentent de stabiliser à nos dépens leur système et leurs profits.

« À cause de ce que le gouvernement a fait, nous n’avons pas vraiment le droit de grève ou de réunion, même s’il est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés », a déclaré au Militant  Kim Scharley à la fin de son quart de travail. Elle travaille comme commis à l’énorme centre de tri postal de Saint-Laurent en banlieue de Montréal. « Le gouvernement essaie de détruire les syndicats et de nous abaisser au salaire minimum. »

Le Congrès du travail du Canada, la Fédération du travail de l’Ontario, les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, la Ligue communiste et d’autres organisations ont émis des déclarations de solidarité avec le syndicat des travailleurs postaux.

Joe Young a contribué à cet article.