Les leçons des batailles syndicales passées montrent la voie à suivre

July 18, 2022
SOCIÉTÉ HISTORIQUE DU MINNESOTA

Les Teamsters en grève à Minneapolis se rassemblent avant de vaincre les policiers et les voyous à la solde des patrons lors de la « bataille de la débandade des policiers auxiliaires », du 21 au 22 mai 1934. Avec une direction de lutte de classe, les travailleurs ont appris à utiliser le pouvoir syndical. Les leçons de ces batailles sont un exemple pour les travailleurs confrontés aux attaques des patrons aujourd’hui.

TERRY EVANS

Les mineurs contraints à la grève depuis plus d’un an chez Warrior Met Coal en Alabama font partie des travailleurs à travers l’Amérique du Nord qui résistent à l’assaut des employeurs contre nos salaires et qui se battent pour des horaires permettant une vie de famille et des conditions de travail sûres. Avec les attaques contre les travailleurs qui se multiplient dans toutes les industries, les sondages d’opinion montrent que le soutien aux syndicats est à son plus haut niveau depuis 57 ans, ce qui montre à quel point il est important que les travailleurs utilisent les syndicats pour se défendre et défendre les autres travailleurs.

Les leçons des batailles ouvrières des années 1930, qui ont transformé les syndicats en outils puissants, montrent ce que les travailleurs peuvent accomplir pour faire avancer leurs propres intérêts de classe.

Les plus ambitieuses de ces batailles ont été la campagne de syndicalisation et la lutte pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions qu’ont menées les militants membres du syndicat des Teamsters à Minneapolis ainsi que la campagne plus large pour syndiquer les routiers du Midwest qui en a découlé. Ces luttes ont uni les chauffeurs et d’autres travailleurs. Elles ont permis d’organiser les chômeurs, les propriétaires-exploitants, les agriculteurs et les femmes en une force de combat efficace. Ces batailles ont été décrites dans les quatre volumes de la série Teamsters de Farrell Dobbs, qui sont disponibles auprès des distributeurs des livres des éditions Pathfinder.

Les dirigeants du syndicat des Teamsters et du Parti socialiste des travailleurs, comme Farrell Dobbs, se sont battus contre les mesures prises par l’administration Franklin Delano Roosevelt et le FBI, la police politique de Washington, afin de manigancer un coup comté contre les syndicalistes qui s’opposaient à la campagne de Washington pour entrer dans la seconde guerre mondiale impérialiste.

Ils ont donné un exemple de lutte intransigeante de la classe ouvrière. D’autres travailleurs ont repris cet exemple, en particulier lors des grèves avec occupation qui ont marqué la montée des Travailleurs unis de l’automobile et du Congrès des organisations industrielles au milieu des années 30. Courageux et disciplinés, les travailleurs ont combattu non seulement les patrons, mais aussi le gouvernement, la police, les injonctions judiciaires et la Garde nationale. À un moment où les travailleurs, y compris, pour la première fois, un nombre croissant de travailleurs noirs, commençaient à sentir leur propre pouvoir de classe, les syndicats recrutaient des membres par millions.

Au cours des décennies qui ont suivi, la plupart des responsables syndicaux se sont installés dans des relations confortables avec les patrons et les régulateurs gouvernementaux, se concentrant sur la collecte des cotisations et non sur l’avancement de la lutte des classes. Au lieu d’aider les travailleurs à se mobiliser pour combattre et gagner des alliés à leurs côtés, ils ont de plus en plus subordonné les intérêts des travailleurs à l’élection de soi-disant amis des syndicats au sein du Parti démocrate. Alors que les rangs syndicaux sont forcés de trouver des moyens de se protéger, la question de savoir comment utiliser nos syndicats afin de lutter efficacement pour ce dont nous avons besoin est fortement posée.

Tous les signes indiquent un ralentissement mondial de la production et du commerce, après des décennies au cours desquelles les taux de profit capitalistes ont eu tendance à baisser. Une enquête auprès d’employeurs du monde entier, publiée le 1er juillet, indique que la production des usines est en baisse et que les nouvelles commandes diminuent à leur rythme le plus rapide depuis mai 2020. Les prix du cuivre, utilisés comme indicateur de la croissance économique parce que beaucoup de biens contiennent ce métal, sont tombés à leur plus bas niveau en 18 mois.

La crainte d’une récession qui ébranlerait les riches investisseurs capitalistes s’est traduite par une forte chute des cours des actions du S&P 500 au premier semestre 2022, la plus forte baisse depuis 1970.

Le ralentissement de l’économie capitaliste vient s’ajouter à la montée en flèche de l’inflation. Les travailleurs sont confrontés aux hausses de prix les plus élevées en 40 ans. Les loyers ont augmenté en moyenne de 15 % par rapport à l’an dernier et quelque 13,7 millions de personnes étaient en retard sur les paiements de loyer ou d’hypothèque au début de juin. Les expulsions augmentent. Les prix de l’essence, les coûts des aliments, les services de garde d’enfants et d’autres produits de première nécessité continuent d’augmenter.

Les politiciens capitalistes sont totalement indifférents aux problèmes auxquels les travailleurs sont confrontés. Leur seul conseil est que chacun « pense d’abord à soi », ce qui est la moralité de la loi de la jungle prônée par le capitalisme.

Le 30 juin, le président Joseph Biden a déclaré à la presse que les prix de l’essence devraient rester élevés « aussi longtemps qu’il le faudra », accusant la guerre de Moscou en Ukraine d’en être responsable. Quelques heures plus tard, un de ses conseillers, Brian Deese, a ajouté : « Il s’agit de l’avenir de l’ordre mondial libéral. »

Cet « ordre mondial libéral » a été mis en place pour assurer que les dirigeants des États-Unis puissent protéger leurs intérêts de classe contre les puissances capitalistes rivales et les travailleurs du monde entier. Cela a été vrai sous les deux administrations démocrate et républicaine. Aucun des deux partis n’offre d’alternative aux travailleurs, si ce n’est un avenir de crises économiques et de préparation pour de nouvelles guerres à l’étranger.

Un programme de lutte pour nos syndicats

Les travailleurs n’ont aucune raison de penser que les Partis démocrate ou républicain peuvent ou vont faire quelque chose pour stopper les attaques des patrons contre nos conditions de travail et de vie. Mais nous avons nos propres organisations, les syndicats, que nous pouvons utiliser pour nous unir et lutter pour nos propres intérêts de classe.

À l’heure actuelle, les augmentations de salaire que les travailleurs obtiennent sont rapidement éliminées par l’inflation. Des clauses d’indexation au coût de la vie sont nécessaires dans tous les contrats syndicaux. Chaque fois que les prix augmentent, nos salaires devraient augmenter automatiquement en conséquence, pour que nous soyons protégés immédiatement, sans avoir à attendre des années pour qu’un nouveau contrat nous accorde un répit.

De nombreux contrats syndicaux contiennent de telles clauses issues de batailles passées, mais on les a laissé tomber. Nous pouvons nous battre pour que tous les travailleurs bénéficient de telles mesures fortes et obtiennent la sécurité sociale et d’autres programmes gouvernementaux. Cette année, les travailleurs qui reçoivent la sécurité sociale ont eu un « ajustement » au coût de la vie mais il a été éliminé par le taux réel d’inflation et l’augmentation des coûts de la couverture médicale.

Nos syndicats doivent mener la lutte pour le contrôle de la production par les travailleurs, afin de nous défendre contre les blessures et les morts causées par l’accélération des cadences et les horaires « suicides ».

Nous devons renforcer nos syndicats afin de lutter pour de telles mesures et les faire appliquer. Les patrons et le gouvernement font tout ce qu’ils peuvent pour masquer l’ampleur réelle de l’inflation et des profits des entreprises. Les travailleurs ont besoin de comités de prix composés de syndicalistes, d’agriculteurs, de ménagères et d’autres consommateurs pour surveiller les prix dans les magasins et forcer les patrons à ouvrir leurs livres de comptes, exposer leurs accords secrets, leurs méthodes de gonflement des prix et la façon dont ils profitent en rognant sur les conditions des travailleurs et la sécurité des produits.

Les licenciements ont déjà commencé dans les entreprises technologiques. Elles ont gelé les embauches et mis au chômage quelque 30 000 travailleurs au cours des deux derniers mois. Pour éviter que la classe ouvrière ne soit ravagée par le ralentissement de la production et la montée de la concurrence pour les emplois, les syndicats doivent lutter pour une semaine de travail de 30 heures payée 40 heures, afin de répartir le travail disponible, défendre nos salaires et nous assurer qu’aucun travailleur ne soit jeté à la rue.

C’est en luttant dans ce sens que nous, les travailleurs, renforcerons notre confiance en nous-mêmes et notre conscience de classe. Il deviendra de plus en plus clair que les travailleurs et nos syndicats doivent rompre avec les deux partis capitalistes et organiser notre propre parti, un parti des travailleurs basé sur les syndicats, et lutter pour prendre le pouvoir politique entre nos propres mains.