La défense de la nature et du travail incombe à la classe ouvrière

Terry Evans
le 19 juin 2017

Le 1er juin, au grand dam des politiciens et des experts libéraux et en dépit de la déception feinte de rivaux impérialistes en Europe, le président Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord de Paris de 2015 sur les changements climatiques.

Ratifié par les gouvernements de 147 pays, l’objectif affiché de cet accord est de réduire les émissions de carbone, un sous-produit de la combustion de combustibles fossiles. En réalité, l’accord est une imposture qui permet aux possédants capitalistes de l’industrie de continuer à polluer, tandis que ses signataires tournent le dos aux besoins en électrification et en développement industriel les plus élémentaires de milliards de personnes qui vivent dans les pays semi-coloniaux pauvres en électricité.

Le contrôle des émissions est purement volontaire et toutes les cibles pour les abaisser sont fixées par les régimes polluants des participants eux-mêmes. L’effet du retrait US de l’accord, que Barack Obama a déclaré comme faisant partie de son « héritage », est probablement négligeable. Les émissions de carbone aux États-Unis sont en baisse depuis 2005, en grande partie en raison du boom de la « fracturation hydraulique » des patrons producteurs de gaz naturel, ce qui produit moins d’émissions de carbone.

Néanmoins, les États-Unis demeurent le plus grand émetteur de carbone par habitant au niveau mondial par les industries capitalistes dont les priorités sont définies par la volonté d’augmenter leurs profits à n’importe quel prix.

Tous les récents sommets sur le climat ont été marqués par les rivalités commerciales impérialistes et par les efforts hypocrites des dirigeants de Washington et de l’Europe pour affaiblir la concurrence de Pékin et New Delhi en rejetant la faute de la pollution sur leurs populations croissantes. Dans les jours qui ont suivi le retrait de Washington de l’accord de Paris, les dirigeants de Pékin ont cherché à se projeter comme les « sauveurs du monde, » en remplacement de Washington comme partenaire pour les dirigeants impérialistes « plus éclairés » de l’Union européenne.

Au cours des cinq dernières années, les émissions américaines ont chuté de 270 millions de tonnes alors que celles de Pékin ont grimpé de 1,1 milliard de tonnes. L’air pollué contribue à environ 1,6 million de décès en Chine chaque année. Les libéraux ont utilisé ces statistiques pour dire que les « pays émergents » doivent accepter leur statut de seconde classe et arrêter d’essayer de s’industrialiser, de développer l’électrification et d’améliorer les conditions de vie. Les 1,35 milliard de personnes sans électricité dans le monde semi-colonial devraient selon eux apprendre à accepter de vivre sans elle.

Mais il s’agit d’une question clé pour la classe ouvrière. L’accès aux sources d’énergie dans les pays pauvres en électricité est nécessaire afin de réduire l’écart dans les conditions de vie et dans l’expérience politique entre les travailleurs dans ces pays et les travailleurs dans les pays plus industriellement avancés.

Soucieux de ternir Trump comme l’instigateur du désastre imminent de la terre, le sénateur démocrate de Californie Kamala Harris a dénoncé le retrait américain de l’accord comme « catastrophique ». Prétendant faire preuve de « retenue », la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que la décision de Washington était « hautement regrettable. »

La décision de Trump « pourrait nous mettre sur une voie menant à une intensification des inondations, des famines et des orages violents, à une hausse du niveau des mers et aux migrations massives, » ont déclaré les rédacteurs moins « contenus » du quotidien Los Angeles Times.

Depuis des dizaines d’années, la bourgeoisie mène une campagne d’hystérie portant sur une catastrophe environnementale imminente. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette campagne s’intensifie aujourd’hui parce que les libéraux cherchent à faire tomber l’administration Trump à tout prix. Les libéraux prétendent que Trump ne se préoccupe ni de la science ni du futur et qu’il a été élu par des travailleurs ignorants et égoïstes.

L’objectif de ces campagnes est d’empêcher les travailleurs de « prendre conscience de la véritable source de ces menaces à la civilisation : le mode de production capitaliste, » affirme une déclaration adoptée par le congrès du Parti socialiste des travailleurs en 2007 : « L’intendance de la nature incombe aussi à la classe ouvrière : en défense de la terre et du travail, » publiée dans la revue Nouvelle Internationale, no 8.

L’accord a laissé intact le système de plafonnement et d’échange des émissions de carbone. Ces plans permettent aux entreprises et aux gouvernements d’acheter et de vendre le « droit » de polluer, offrant ainsi un marché lucratif aux investisseurs capitalistes. Le prix des crédits de carbone a chuté de 80 pour cent au sein de l’Union européenne depuis 2008, ce qui rend moins coûteux de polluer. Un rapport de l’Université de la Californie du Sud en septembre dernier a signalé que les émissions avaient augmenté depuis que le gouvernement de l’État a adopté un programme de plafonnement et d’échange. Et le gouverneur démocrate Jerry Brown s’est maintenant nommé l’émissaire U.S. non officiel à Pékin en vue de travailler avec les dirigeants capitalistes chinois pour diriger la lutte contre la pollution !

Donald Trump affirme démagogiquement que le retrait de l’accord de Paris créera des emplois dans le secteur manufacturier et minier. Mais les emplois ne seront ni « sauvés » ni « détruits » par les ententes climatiques. C’est la contraction mondiale de la production et du commerce capitalistes persistante qui est la source des mises à pied, ce que ni Trump ni aucun autre politicien capitaliste ne peut résoudre.

La politique aujourd’hui est marquée par le fait que les travailleurs cherchent des moyens de lutter contre la volonté des patrons de rejeter le fardeau de la crise croissante de leur système de profit sur notre dos et de contester un gouvernement qu’ils considèrent de plus en plus comme leur ennemi.

« Si nous traduisons tout ce qui est communément perçu comme des problèmes environnementaux par la question de comment faire avancer la protection de la classe ouvrière et comment la classe ouvrière peut étendre à tous cette protection, nous pouvons alors difficilement faire fausse route, » explique la résolution de 2007 du SWP.

Pour aller de l’avant, la classe ouvrière doit rompre avec les partis jumeaux du capital, les démocrates et les républicains, et se battre pour que les travailleurs prennent le pouvoir politique.