Les élections américaines de 2024 reflètent les coups portés à la classe ouvrière par la crise capitaliste

Les travailleurs ont besoin de leur propre parti pour lutter pour le pouvoir

Terry Evans
le 18 novembre 2024

L’élection présidentielle américaine de 2024 et son résultat reflètent le mécontentement croissant de dizaines de millions de travailleurs face aux conditions économiques et sociales et aux menaces croissantes de guerre auxquelles ces travailleurs et leurs familles sont confrontés depuis de nombreuses années.

Ces conditions se sont aggravées sous la présidence de Joseph Biden. De plus, son administration et ses partisans libéraux ont intensifié leurs assauts contre les protections constitutionnelles en s’attaquant à ceux qui s’opposaient à leur ligne de conduite, y compris le principal adversaire politique bourgeois des démocrates.

Cependant, comme les précédentes Maisons-Blanches démocrates et républicaines, le président nouvellement élu Donald Trump est un fier défenseur des relations sociales capitalistes ; du système de loups qui se mangent entre eux, qui est responsable de ces guerres et de ces crises croissantes ; un système basé sur l’exploitation des travailleurs. Ni le républicain Donald Trump ni la démocrate Kamala Harris n’ont offert de protection contre les effets de la crise que les patrons font porter par les travailleurs, sans parler d’une quelconque voie à suivre pour la classe ouvrière et les opprimés.

Dans un monde impérialiste marqué par l’instabilité croissante, la guerre de Moscou contre l’Ukraine, la haine des Juifs et le pogrom du Hamas soutenu par Téhéran en Israël, les enjeux pour les travailleurs sont énormes. D’autant plus qu’un nombre croissant d’États capitalistes rivaux sont dotés d’armes nucléaires et d’arsenaux remplis de drones et de missiles balistiques.

Donald Trump utilisera la Maison-Blanche pour gérer les affaires des familles capitalistes dirigeantes, qu’il s’agisse de leur offensive contre les travailleurs aux États-Unis, motivée par la recherche de profit, ou de leurs intérêts impérialistes à l’étranger.

Les républicains ont pris le contrôle du Sénat, mais la composition finale de la Chambre des représentants n’a pas encore été annoncée.

Sous Donald Trump, les républicains « deviennent un parti qui attire les votes de la classe ouvrière de toutes les races », a écrit Aaron Zitner dans le Wall Street Journal  le lendemain de l’élection. « Cette année, les électeurs noirs et latinos ont davantage penché pour Trump que pour tout autre candidat républicain lors des élections américaines précédentes depuis près d’un siècle », a-t-il souligné.

La presse libérale a reconnu la victoire de Donald Trump. Les dirigeants américains souhaitent mettre la campagne électorale derrière eux.

Néanmoins, les rédacteurs du New York Times  se sont empressés d’annoncer une offensive renouvelée contre Trump. « Les institutions de la société civile américaine joueront un rôle crucial pour contester l’administration Trump devant les tribunaux, dans nos communautés et dans les manifestations qui ne manqueront pas de revenir », ont-ils écrit le 6 novembre.

Fin de la retraite du mouvement ouvrier

Les élections ont eu lieu dans le contexte d’un assaut mené depuis des années par les patrons et leur gouvernement à Washington. Ils ont maintenu les salaires des travailleurs à un niveau bas, menacé notre sécurité avec des cadences accélérées et des horaires exténuants, réduit les soins de santé et les pensions et utilisé des lois antiouvrières pour empêcher les grèves, comme Joseph Biden l’a fait pour les travailleurs du rail en 2022. Les patrons s’appuient sur leurs deux  principaux partis politiques pour mener à bien ces attaques.

Ces dernières années, les travailleurs ont été confrontés à une flambée des prix et à un endettement croissant. Les taux de fécondité ont chuté, car de plus en plus de travailleurs ont du mal à avoir les moyens de fonder et d’entretenir une famille. L’espérance de vie a diminué dans le pays capitaliste le plus riche du monde.

Au cours des trois dernières années, le changement le plus important s’est produit au sein de la classe ouvrière. Il s’agit de la fin de la retraite de plusieurs décennies du mouvement ouvrier. De plus en plus de travailleurs se tournent vers leurs syndicats pour lutter, comme l’ont fait les 33 000 travailleurs du syndicat des Machinistes chez Boeing.

Des centaines de milliers de travailleurs ont participé à des piquets de grève. Ils ont acquis une plus grande confiance en eux-mêmes et en leurs syndicats. Ces luttes soulignent le fait que les travailleurs peuvent progresser lorsqu’ils s’unissent pour lutter pour ce dont ils ont besoin, plutôt que de dépendre du politicien capitaliste qui siège à la Maison-Blanche.

Tout au long de la campagne 2024, les candidats du Parti socialiste des travailleurs, Rachele Fruit pour la présidence et Dennis Richter pour la vice-présidence, ont obtenu une plus grande audience auprès des travailleurs. Ils ont expliqué que toute bataille de classe est aussi une lutte politique. Et ils ont souligné ce que la classe ouvrière est capable d’accomplir, y compris la nécessité de retirer le pouvoir politique des mains des capitalistes pour le mettre entre nos mains.

Les deux partis patronaux méprisent les travailleurs

À l’opposé, les candidats démocrates et républicains et leurs partis dénigrent les travailleurs. Le président Joseph Biden a traité les partisans de Donald Trump d’« ordures », et auparavant d’« extrémistes MAGA » [Make America Great Again] et de « semi-fascistes ». On parle ici de dizaines de millions de personnes !

Kamala Harris a tenté de nuancer certains des commentaires de Joseph Biden, mais le message des démocrates tout au long de la campagne a été sans équivoque : Donald Trump est un fasciste et, si vous votez pour lui, vous l’êtes aussi. Ou si vous ne votez pas du tout, ou votez pour le Parti socialiste des travailleurs, vous ouvrez la porte aux forces de la réaction. Les couches supérieures de la classe moyenne qui dominent le Parti démocrate considèrent les travailleurs comme moralement inférieurs et comme la source de l’intolérance et de la réaction. 

La presse libérale bourgeoise s’est unie à Kamala Harris et aux démocrates pour répandre cette campagne de diffamation contre Donald Trump et ses partisans. « La république américaine est en danger » à cause de Donald Trump, s’est écrié le Financial Times, et « une partie étonnante de l’Amérique reste indifférente ». 

Lors d’un évènement de collecte de fonds en 2008, Barack Obama a soutenu que les travailleurs qui risquent de perdre leur emploi « deviennent amers et qu’ils s’accrochent aux fusils, à la religion, à l’antipathie envers les gens qui ne sont pas comme eux ou à un sentiment anti-immigrés ». En 2016, Hillary Clinton a exprimé la même chose de manière plus concise, en qualifiant les travailleurs attirés par Donald Trump de « déplorables ». 

Cette année, Barack Obama a dit aux hommes noirs que s’ils ne votaient pas pour Kamala Harris, cela prouverait qu’ils ont des préjugés contre les femmes. 

Cependant, les travailleurs ne sont pas attirés par Donald Trump parce qu’ils sont des bigots réactionnaires et sexistes. Ils cherchent plutôt une solution aux conditions auxquelles eux et leur famille font face. 

Dans le système à deux partis des dirigeants capitalistes, de nombreux travailleurs votent pour le candidat qui, selon eux, fera le moins de tort. Beaucoup d’autres travailleurs ne voient aucune raison de voter. Et un nombre croissant d’entre eux s’intéressent à l’alternative ouvrière présentée par le SWP.

Une voie en avant pour la classe ouvrière

Donald Trump tente de réhabiliter l’image du Parti républicain en le présentant comme un parti pour les travailleurs. Toutefois, il est un capitaliste de l’immobilier à la recherche de profits plus élevés. Sa campagne vise à diaboliser une partie de la classe ouvrière, les travailleurs immigrés avec ou sans papiers, dans le but de convaincre les travailleurs qu’ils sont responsables de la détérioration de leur situation, et non le capitalisme. Cela divise et affaiblit la classe ouvrière et le mouvement ouvrier.

Kamala Harris a également désigné les travailleurs immigrés comme étant le problème, bien qu’elle prétende qu’elle les maltraiterait de façon plus douce. Elle a appelé à une augmentation des sanctions pénales imposées aux travailleurs sans papiers. 

Les candidats du SWP affirment que la lutte pour l’amnistie des travailleurs sans papiers aux États-Unis est une question de vie ou de mort pour unir l’ensemble de la classe ouvrière et renforcer nos syndicats.

Donald Trump soulève des aspects de la crise à laquelle les travailleurs sont confrontés et que les démocrates cherchent à dissimuler. Le 1er novembre, Joseph Biden s’est vanté en disant : « Notre économie s’est accrue davantage que durant tous les mandats présidentiels de ce siècle », alors que les dernières données sur l’emploi révèlent en fait la croissance de l’emploi la plus faible depuis quatre ans. Les prix de nombreux produits de première nécessité ont augmenté de 20 % sous son administration. Interrogée à ce sujet, Kamala Harris a déclaré qu’elle ne pouvait pas penser à une chose qu’elle aurait faite différemment de Joseph Biden. 

Les deux principaux partis capitalistes prétendent que les intérêts des travailleurs dépendent de la bonne fortune des patrons. Leurs candidats parlent de « notre économie ». Mais ce n’est pas « notre » économie. Pour les patrons, l’économie est bonne lorsque leurs profits augmentent, à la suite d’une exploitation plus poussée de la classe ouvrière. Pour changer cela, il faut remplacer la classe qui dirige. 

Tout au long de la campagne, le Parti socialiste des travailleurs a été la seule voix à tracer un chemin pour que les travailleurs s’organisent par millions afin de défendre nos intérêts de classe et les intérêts de tous ceux qui sont opprimés par le capital. 

Les candidats du SWP sont des syndicalistes, qui se joignent aux piquets de grève et construisent la solidarité partout où ils vont. Ils ont expliqué pourquoi les travailleurs doivent rompre avec les partis politiques des patrons et construire leur propre parti, un parti du mouvement ouvrier, capable de se battre pour prendre le pouvoir politique.

Le SWP continuera à présenter cette perspective de la classe ouvrière et à élargir son audience.