Cuba expose au grand jour la diffamation de « San Isidro » et défend ses réalisations en art et en culture

Róger Calero
le 21 décembre 2020
Durant la campagne d’alphabétisation de 1961 à Cuba, 250 000 personnes, principalement des jeunes, ont enseigné à lire et à écrire à des travailleurs et des paysans, y compris dans des régions isolées. « Bien que les États-Unis aient très tôt fait preuve d’agressivité, par les pressions et les menaces, les attaques, les attentats à la bombe, le financement de bandes armées et une campagne médiatique féroce, le gouvernement révolutionnaire n’a pas négligé de développer la culture cubaine, » a écrit Abel Prieto, ancien ministre de la Culture, dans le Granma du 4 décembre.
ENRIQUE UBIETA GÓMEZDurant la campagne d’alphabétisation de 1961 à Cuba, 250 000 personnes, principalement des jeunes, ont enseigné à lire et à écrire à des travailleurs et des paysans, y compris dans des régions isolées. « Bien que les États-Unis aient très tôt fait preuve d’agressivité, par les pressions et les menaces, les attaques, les attentats à la bombe, le financement de bandes armées et une campagne médiatique féroce, le gouvernement révolutionnaire n’a pas négligé de développer la culture cubaine, » a écrit Abel Prieto, ancien ministre de la Culture, dans le Granma du 4 décembre.

Les responsables du gouvernement américain et les grands médias ont une fois de plus recours à des calomnies vétustes selon lesquelles le gouvernement cubain est une « dictature » après que les autorités cubaines ont interrompu une action de protestation, le 26 novembre à La Havane, par des opposants à la révolution cubaine qui se disent « artistes indépendants. »

Le fait est que la révolution cubaine a un fier record de 60 ans favorisant le développement de l’édition de livres, du cinéma, de la musique et de la création artistique, élargissant l’accès à la culture et à l’éducation de millions de personnes dans les villes et les campagnes.

Les autorités cubaines ont expulsé de leur quartier général et ont brièvement détenu un groupe de 14 membres du soi-disant Mouvement San Isidro, un groupe antigouvernemental. Ils avaient entamé une grève de la faim contre la détention de Denis Solís, l’un de ses membres qui se présente comme un artiste de rap. Il a été reconnu coupable par un tribunal cubain d’outrage à l’autorité pour avoir insulté et menacé de lésions corporelles un policier en service et a été condamné à huit mois de prison.

Le 27 novembre, quelque 200 artistes, écrivains et étudiants se sont rassemblés devant le ministère de la Culture à La Havane pour exprimer leurs inquiétudes face à cette expulsion et pour discuter de la liberté d’expression. Le vice-ministre de la Culture Fernando Rojas et des représentants d’organisations culturelles et artistiques se sont réunis pendant quatre heures avec 30 des manifestants, dont certains membres du groupe de San Isidro, et ont convenu de nouvelles discussions.

La plupart des participants ont été « influencés par l’atmosphère créée sur les réseaux sociaux. Peu de gens savaient ce qui s’était réellement passé à San Isidro ou qui était impliqué, » a écrit Abel Prieto dans le quotidien cubain Granma le 4 décembre. Prieto est directeur de Casa de las Américas, une institution culturelle et une maison d’édition cubaine. Il avait auparavant été président de l’Union des écrivains et artistes de Cuba (UNEAC) et a été ministre de la Culture pendant de nombreuses années. « Je pense qu’ils voulaient honnêtement avoir un dialogue. »

« Une opération contre la révolution »

« Une minorité a participé de manière pleinement consciente à une opération contre la révolution, a indiqué Abel Prieto. Leur seul intérêt pour le « dialogue », c’est qu’ils voulaient en faire les manchettes, un spectacle et de l’enregistrer comme une victoire. Certains avaient besoin de justifier l’argent qui leur était versé. »

« La politique culturelle de la révolution a ouvert un vaste espace sans préjugés pour que les créateurs travaillent en toute liberté, » a poursuivi Abel Prieto, et les institutions culturelles de Cuba, tout en ayant commis quelques erreurs, « sont ouvertes à des discussions franches avec des artistes et des écrivains. »

Dans le cadre de leurs efforts économiques et politiques de plusieurs décennies pour détruire la révolution à Cuba, sous des administrations démocrate et républicaine, les dirigeants capitalistes américains ont encouragé et fourni des fonds pour des individus et des groupes qui mènent des activités antigouvernementales sous la bannière de la défense artistique et de la liberté intellectuelle.

La télévision cubaine a montré des images documentaires de participants à la manifestation contactés par des opposants à la révolution cubaine aux États-Unis qui les incitaient à commettre des actes de vandalisme. Elle a diffusé des vidéos de responsables américains rencontrant des membres du groupe San Isidro.

Le 28 novembre, le ministère cubain des Affaires étrangères a appelé le chargé d’affaires des États-Unis, Timothy Zuñiga-Brown, pour protester contre « la grave ingérence de Washington dans les affaires intérieures de Cuba. » En réponse, Zuñiga-Brown a déclaré qu’il maintiendrait ses contacts avec les opposants au gouvernement cubain et à la révolution.

Le secrétaire d’État Mike Pompeo ; Jake Sullivan, le choix du président élu Joe Biden comme conseiller à la sécurité nationale ; et d’autres politiciens démocrates et républicains ont aussi utilisé cette provocation pour calomnier la révolution cubaine.

Quelques douzaines d’opposants à la révolution cubaine ont tenu un rassemblement à Miami le 28 novembre pour appuyer la provocation de San Isidro. De petites actions ont aussi eu lieu la même journée à New York et, cinq jours plus tard à Washington, Alex Otaola, qui se décrit comme « influenceur » YouTube et qui était le principal organisateur de l’action à Miami, a appelé le gouvernement américain à renforcer les sanctions économiques contre Cuba et a défendu la « libre entreprise » là-bas.

Dialogue à l’intérieur de la révolution

Des représentants du ministère cubain de la Culture, des dirigeants de l’UNEAC et l’Association des frères Saíz, un groupe de jeunes artistes cubains, ont tenu une réunion de suivi le 5 décembre avec des douzaines d’artistes et écrivains, incluant des participants à la manifestation du 27 novembre.

À la suite d’autres actions provocatrices du groupe San Isidro, le ministère cubain avait annoncé la veille qu’il ne rencontrerait pas les individus qui ont un lien direct avec le gouvernement des États-Unis et en reçoivent un appui financier ou avec les médias qui reçoivent des fonds des agences gouvernementales américaines.

Cherchant à promouvoir l’opposition à la révolution cubaine, les dirigeants du groupe San Isidro ont mis l’accent sur le Décret-Loi 349, qui requerrait, de la part d’artistes et de musiciens qui sont à leur compte, un permis émis par le gouvernement pour la vente d’œuvres d’art et pour des représentations. La loi interdit aussi l’art ou la musique au contenu pornographique, raciste, « sexiste, vulgaire et obscène, » ainsi que « l’utilisation de symboles patriotiques d’une façon contraire à la loi. »

Le Conseil d’État de Cuba a adopté cette mesure législative dans le but de réguler le marché privé d’art à Cuba, qui s’est étendu au cours des deux dernières décennies.

Le Décret 349 a généré un large débat parmi les artistes cubains, dont certains l’approuvent et d’autres s’y opposent. Les opposants, parmi lesquels se trouvent des partisans de la révolution, se sont dits préoccupés du fait qu’on pourrait appliquer le décret trop administrativement, ce qui pourrait mener à censurer l’expression artistique. On a donc reporté l’application de la loi afin d’avoir plus de discussion et de permettre des changements pour répondre à ces préoccupations. La loin n’est toujours pas appliquée.

« La révolution a créé un public massif et avide pour les arts et les lettres, a écrit Abel Prieto. Elle a aussi donné de l’espace aux expressions de traditions populaires les plus véritables et historiquement discriminées, ainsi qu’aux efforts les plus audacieux de différents genres artistiques. »

Quelques artistes et interprètes se préoccupent réellement de trouver comment développer le mieux possible l’art à Cuba. Ils se joignent à la discussion et au débat dans le but de renforcer les gains de la révolution. Mais des groupes comme San Isidro cherchent à utiliser ces reproches pour aider l’impérialisme américain à miner la révolution.

« Il est nécessaire de séparer clairement les actions clownesques des éléments marginaux de San Isidro de ce qui est réellement arrivé au ministère de la Culture, » a dit Abel Prieto, en parlant de l’action du 27 novembre. « Parmi ces derniers, il y avait des jeunes gens de valeur que nous devons écouter. »

« Tout créateur artistique qui approche les institutions cubaines avec des objectifs légitimes trouvera des représentants prêts à écouter et donner leur appui, a-t-il dit. Avec des faussetés et des arnaques, aucun dialogue n’est possible. »