DELANO, Californie — Plus de 5 000 travailleurs ont manifesté ici le 31 mars pour exiger des droits pour les travailleurs immigrants et protester contre les récentes déportations et d’autres attaques. Plus de 30 autobus nolisés par la Fédération du travail de Californie et d’autres syndicats et organisations y ont amené des travailleurs de tout l’État, y compris de Los Angeles, Oakland, Sacramento et San Diego, pour affirmer clairement : « Une attaque contre un travailleur est une attaque contre tous les travailleurs. La solidarité est notre force. »
En plus du syndicat des Travailleurs agricoles unis (United Farm Workers) et d’un certain nombre de fédérations syndicales de comté, les contingents comprenaient des travailleurs des Métallos, des Travailleurs unis de l’automobile, des Teamsters, du Syndicat international des employés de service, de UNITE HERE, de syndicats d’enseignants et des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce.
La Marche pour tous les travailleurs a été organisée par le syndicat des Travailleurs agricoles unis, qui a vu le jour ici, et a eu lieu le jour de Cesar Chavez, un jour férié officiel en Californie. Cesar Chavez a contribué à la création de l’UFW, qui a mené des luttes pour syndiquer les travailleurs agricoles après sa fondation en 1962.
La marche de 5 km a traversé la communauté et les champs locaux. Elle a suivi un itinéraire semblable à celui du cortège funèbre de Chavez en 1994. Delano se trouve dans le comté de Kern, où la Patrouille frontalière a récemment effectué des raids contre des immigrants.
Les travailleurs agricoles de Californie produisent le tiers des légumes et les trois quarts des fruits et des noix du pays. On estime que jusqu’à la moitié des travailleurs agricoles sont sans papiers en Californie.
Des contingents de travailleurs agricoles
Des contingents de travailleurs agricoles ont été répartis tout au long de la marche. Andrés Cruz García est ouvrier agricole depuis 25 ans dans le comté de Monterey. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de peur. À Delano, il y a eu des expulsions. Pas à Monterey, mais ce n’est qu’à trois heures de route, a dit García au Militant. J’ai travaillé avec le syndicat parce qu’avec le syndicat, il y a des droits et des protections, des prestations de santé et de meilleurs salaires. »
Tous les travailleurs agricoles avec qui j’ai parlé ont souligné l’importance de se battre pour avoir un syndicat. « J’ai travaillé quatre ans sans syndicat à cueillir des mandarines, de l’ail et des piments. Avec le syndicat, les salaires sont meilleurs, a dit Macario Bautista. C’est la première fois que je participe à une manifestation. »
Felix Rodriguez, 30 ans et ouvrier agricole à Oxnard, manifestait avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Ils travaillent tous deux dans une exploitation de fraises. « Ils ne nous paient que 2,40 $ pour un contenant de fraises, a-t-il dit. Ça fait trois ans qu’on n’a pas eu d’augmentation, mais le loyer et tous les prix ont augmenté. »
Délégué syndical de la section 37 du syndicat de la Boulangerie, confiserie, tabac et meunerie, Gabriel Calderon est venu dans l’un des bus nolisés par la Fédération du travail de Los Angeles. Il a manifesté avec un autre travailleur de l’usine de pain où il travaille depuis cinq ans.
« Je suis ici pour soutenir les immigrés et le syndicat des travailleurs agricoles au nom de mon syndicat, le BCTM, a-t-il dit. Mon grand-père était ouvrier agricole. »
Ramona Partida est venue à Delano à bord d’un bus nolisé depuis Los Angeles par la section locale 11 de UNITE HERE. « Lorsque je suis arrivée aux États-Unis, mon premier emploi a été de travailler trois ans dans les champs. Je ramassais des fraises pour un dollar par petite boîte. Beaucoup de patrons nous criaient dessus et essayaient de nous faire travailler plus vite. Ils parlaient fort et étaient grossiers, ils nous manquaient de respect et nous humiliaient.
« Après avoir déménagé à Los Angeles, a-t-elle ajouté, j’ai travaillé dans une station de lavage de voitures et dans des restaurants, trois emplois pour survivre. Je travaille maintenant dans un restaurant de l’hôtel Westin Bonaventure. La section 11 de UNITE HERE est mon premier emploi syndical. Grâce au syndicat, j’ai un meilleur salaire et plus d’avantages. »
Deborah Liatos est membre de la section locale 11 de UNITE HERE. Maggie Trowe a contribué à cet article.