Défendre la liberté d’expression protégée par la Constitution est au cœur de la lutte pour repousser la plus récente attaque par le département de la Justice du président Joseph Biden contre les droits politiques. La deuxième mise en accusation du procureur spécial Jack Smith contre l’ancien président Donald Trump vide de son contenu le premier amendement de la Constitution. Son objectif est d’exclure le principal rival de Joe Biden dans la course à la présidence de 2024 et de le mettre en prison.
La Déclaration des droits, les amendements adoptés après la guerre civile, pendant la période de la Reconstruction, et d’autres protections constitutionnelles sont cruciaux pour les travailleurs. C’est la lutte militante des artisans et des agriculteurs qui a permis d’obtenir des droits comme la liberté d’expression et de réunion et le droit à un procès en bonne et due forme. Ces droits sont nécessaires chaque fois que les travailleurs se défendent, qu’ils construisent des syndicats et qu’ils s’engagent dans une activité politique dans nos propres intérêts de classe.
Sous le capitalisme, toutes suppressions des droits politiques, peu importe qui est visé, « finissent toujours par s’abattre sur la classe ouvrière, en particulier sur ses éléments les plus avancés. C’est une loi de l’histoire », a dit Léon Trotsky en 1939. Celui-ci avait été un dirigeant de la révolution russe de 1917 dirigée par les bolcheviks.
L’acte d’accusation de Jack Smith repose sur des accusations de complot, car les procureurs de Joe Biden et le FBI n’ont aucune preuve que Donald Trump a réellement enfreint la loi. L’accusation porte sur ce que l’ancien président a dit à propos des élections de 2020, à savoir qu’elles auraient été volées. Les opinions de Donald Trump sont des paroles protégées par la Constitution, même s’il savait que ce qu’il disait était faux.
Les politiciens démocrates et républicains mentent tout le temps, pour justifier l’exploitation et l’oppression inhérentes au régime capitaliste et pour dénigrer les capacités et le courage des travailleurs. Leurs mensonges sont révélés dans le feu des luttes ouvrières. Répondre à leurs mensonges, et non réduire les opposants au silence, est le moyen de renforcer l’unité et l’indépendance politique de la classe ouvrière.
L’acte d’accusation tente de justifier la pénalisation du discours politique en invoquant une loi anticorruption des entreprises, la loi Sarbanes-Oxley. Mais cette loi n’a pas été conçue pour être utilisée de cette façon. Elle l’a été pour empêcher les entreprises « d’entraver une procédure officielle », après qu’Arthur Andersen, l’auditeur de la société énergétique Enron, a détruit des documents potentiellement incriminants en 2002.
Appliquer cette loi au discours politique peut servir à attaquer le principal ennemi des dirigeants capitalistes, la classe ouvrière. Les patrons poursuivront des syndicalistes en justice en les accusant d’avoir menti pendant une grève. Les candidats du Parti socialiste des travailleurs pourraient être visés pour avoir dit la vérité sur les rouages de l’exploitation et de l’oppression capitalistes.
La juge Tanya Chutkan, chargée de présider le procès de Donald Trump, a été nommée par Barack Obama. Elle est tristement célèbre pour avoir condamné les accusés impliqués dans la mêlée du 6 janvier 2021 plus durement que ne l’avaient demandé les procureurs du gouvernement.
Tanya Chutkan dit qu’elle annoncera la date du procès de Donald Trump le 28 août. Les procureurs exigent que le procès commence d’ici trois mois, tandis que les avocats de l’accusé disent qu’il faudra des années pour examiner les preuves et préparer la preuve disculpatoire. La Constitution protège le droit des accusés d’obtenir la défense juridique dont ils ont besoin.
La véritable raison de la hâte des procureurs, ce sont les élections de 2024. « Les chemins habituels pour battre Donald Trump se ferment », titre un article du New York Times du 5 août par Ross Douthart. Certaines des affaires judiciaires concoctées en nombre croissant contre Donald Trump sont clairement « des arnaques », admet-il, mais le transformer en criminel « favorisera les démocrates ».
Jack Smith a donné suite à l’inculpation de Donald Trump en demandant qu’une ordonnance du tribunal interdise à l’ancien président de discuter des preuves que le gouvernement prévoit utiliser contre lui ou de critiquer les avocats du gouvernement. Il s’agit là d’une violation flagrante du sixième amendement lui donnant droit à un procès public et de son droit à faire campagne librement en tant que candidat à la présidence. Pendant ce temps, Joseph Biden, les démocrates du Congrès, les républicains « plus-jamais-Trump » et la gauche de la classe moyenne sont libres de dire tout ce qu’ils veulent sur Trump.
« Historiquement, les libéraux étaient bien plus favorables à la liberté d’expression que les conservateurs », a écrit le chroniqueur du New York Times Thomas B. Edsall le 2 août. Ce n’est plus vrai, affirme-t-il en citant la libérale Catharine MacKinnon. Selon elle, le premier amendement était autrefois une arme pour « les socialistes et les pacifistes, les exclus et les démunis », mais « au cours des 100 dernières années, il est surtout devenu l’arme des puissants ».
Il suffit de regarder les 100 dernières années de lutte des classes pour voir que c’est un mensonge. Le recours à la liberté d’expression et de réunion a marqué les luttes contre l’entrée des dirigeants capitalistes américains dans la première et la deuxième guerres mondiales, ainsi que les courageuses batailles de la classe ouvrière pour créer les syndicats industriels dans les années 30 et éradiquer la ségrégation et la terreur de Jim Crow dans les années 50 et 60. Ces droits étaient nécessaires pour résister aux chasses aux sorcières menées par les administrations démocrates et républicaines.
Tout au long du siècle dernier, la classe ouvrière et ses dirigeants les plus conscients ont dû lutter constamment contre l’érosion des libertés constitutionnelles par le gouvernement et la police politique des dirigeants, le FBI. Sous le président démocrate Franklin D. Roosevelt, des dirigeants du syndicat des Teamsters et du Parti socialiste des travailleurs ont été victimes d’un coup monté et emprisonnés pour leurs opinions lutte de classes.
Catharine MacKinnon poursuit en déplorant que la liberté d’expression soit aujourd’hui « devenue une épée pour les autoritaires, les racistes et les misogynes, les nazis et les membres du Ku Klux Klan, les pornographes et les entreprises qui achètent des élections sans révéler la source de leurs contributeurs ».
Thomas B. Edsall explique le revirement des libéraux à l’encontre du premier amendement par leur inquiétude quant au « préjudice potentiel que la liberté d’expression pourrait infliger aux groupes marginalisés ». Il souligne la volonté des libéraux de criminaliser les « discours haineux ».
La juge libérale Elena Kagan de la Cour suprême se joint au tollé croissant contre le premier amendement, se plaignant qu’il soit devenu une « arme ».
Les libéraux s’en prennent à la Cour suprême
Dans le cadre de leur attaque contre la Constitution, les libéraux tentent de réduire à néant la séparation des pouvoirs et d’utiliser le Congrès pour affaiblir l’autorité de la Cour suprême, en raison de leur haine politique à l’égard de la majorité de la Cour.
Le mois dernier, la commission judiciaire du Sénat a adopté la Loi sur l’éthique, la récusation et la transparence de la Cour suprême. Cette loi donnerait au Congrès toute latitude pour fouiller et sanctionner la conduite des juges et les obliger à se récuser dans le cas de certaines affaires. « Nous n’en sommes qu’au début », a affirmé le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse.
Jamelle Bouie, journaliste du New York Times, se plaint que les démocrates n’ont pas les voix nécessaires pour mener à bien cette attaque contre la Constitution. Mais « la première étape nécessaire » consiste à « saper la légitimité de la Cour ».
En revanche, le juge Samuel Alito a souligné l’évidence : « Le Congrès n’a pas créé la Cour », a-t-il dit au Wall Street Journal. « Aucune disposition de la Constitution ne lui donne le pouvoir de réglementer la Cour suprême. »
La défense des libertés constitutionnelles continuera d’être au centre de la politique américaine tout au long de la campagne présidentielle de 2024. La défense de la liberté d’expression exige l’abandon des accusations portées par Jack Smith contre Donald Trump.