26 juillet : Construire la direction pour réussir la révolution socialiste à Cuba

Vivian Sahner
le 5 août 2024
Dirigeants de l’attaque du 26 juillet 1953 contre la caserne militaire Moncada du dictateur cubain, au moment où ils quittaient la prison de l’île des Pins, le 15 mai 1955. De gauche à droite, Raúl Castro, Juan Almeida et Fidel Castro.
bureau des affaires historiques du conseil d’état cubainDirigeants de l’attaque du 26 juillet 1953 contre la caserne militaire Moncada du dictateur cubain, au moment où ils quittaient la prison de l’île des Pins, le 15 mai 1955. De gauche à droite, Raúl Castro, Juan Almeida et Fidel Castro.

Il y a 71 ans, le 26 juillet, des travailleurs et des jeunes, dirigés par Fidel Castro, ont attaqué la caserne Moncada à Santiago de Cuba et la garnison Carlos Manuel de Céspedes à Bayamo, ouvrant ainsi la bataille pour la révolution socialiste à Cuba.

Sans crainte des conséquences que chacun pourrait subir et sans la moindre hésitation politique, des milliers de travailleurs ont rejoint le Mouvement du 26 juillet afin de lutter pour faire tomber la dictature de Fulgencio Batista, soutenue par les États-Unis. Il s’agissait de paysans, menuisiers, peintres en bâtiment, boulangers, cordonniers, ouvriers métallurgistes, charpentiers, étudiants et autres. Ils ont prouvé qu’avec de la discipline et une direction forgée au fil des batailles, ils pouvaient gagner.

Lorsque Batista a pris le pouvoir par un coup d’État le 10 mars 1952, des centaines de milliers de travailleurs cubains étaient en chômage. Quelque trois millions de personnes, soit la moitié de la population de l’île, n’avaient pas d’électricité. Plus de la moitié vivaient dans des cabanes, dans des bidonvilles, sans le moindre équipement sanitaire. Dans les villes, les loyers représentaient près du tiers du revenu familial. Les paysans ne pouvaient travailler que pendant la saison de pousse ou pendant la courte récolte du sucre. Environ 70 % des enfants dans les campagnes n’avaient pas d’enseignants. Beaucoup sont devenus convaincus que la seule voie à suivre était de lutter.

Ramiro Valdés, un vice-président de Cuba et commandant de la révolution — un titre qu’ont mérité les principaux dirigeants des troupes rebelles sous le commandement de Fidel Castro dans les années 1950 — s’est entretenu avec un groupe d’enfants au Centre Fidel Castro Ruz de La Havane, le 10 juillet, à propos des conditions dans lesquelles lui et ceux de sa génération en sont arrivés à se joindre à la lutte pour mettre fin à la dictature, à la misère et à l’indignité produites par l’exploitation capitaliste.

Pour défendre la Révolution cubaine, « il faut connaître de plus en plus Fidel », a dit Ramiro Valdés, vice-président de Cuba et commandant de la Révolution, à des enfants cubains de La Havane le 10 juillet. En médaillon, de gauche à droite, Ramiro Valdés, Camilo Cienfuegos et Che Guevara après le triomphe du 1er janvier 1959
Granma/Juvenal Balán ; pour l’encart : le conseil d’État cubainPour défendre la Révolution cubaine, « il faut connaître de plus en plus Fidel », a dit Ramiro Valdés, vice-président de Cuba et commandant de la Révolution, à des enfants cubains de La Havane le 10 juillet. En médaillon, de gauche à droite, Ramiro Valdés, Camilo Cienfuegos et Che Guevara après le triomphe du 1er janvier 1959

Devenir un révolutionnaire « n’est pas une carrière qu’on entreprend par les études », a expliqué Ramiro Valdés à plusieurs reprises. « On devient révolutionnaire parce qu’on se rebelle, qu’on refuse d’accepter les conditions de vie auxquelles on est confronté » et qu’on s’inspire de l’histoire et de ceux qui nous ont précédés.

Cet assistant camionneur, alors âgé de 21 ans, qui transportait de la canne à sucre pour les usines de Pilar et de San Cristóbal, s’est mis à la recherche d’autres personnes comme lui qui cherchaient à lutter. Après avoir entendu le jeune avocat Fidel Castro dénoncer Batista à la radio, il est parti le rencontrer.

Lui et ses amis du quartier pauvre La Matilde, à Artemisa, se sont mis à la disposition de Castro. Sous sa direction, ils ont appris à agir de manière disciplinée et politiquement efficace. Fidel Castro a sélectionné beaucoup de ces militants, dont Valdés, pour participer à l’attaque de la Moncada.

Une révolution relancée

Emprisonné jusqu’en 1955, puis exilé de Cuba, Ramiro Valdés joignit Castro au Mexique puis retourna à Cuba avec lui à bord du Granma, prêt à affronter la dictature. Fidel, comme Valdés le raconta aux enfants de La Havane, donna à l’équipage la clé de la victoire — résister, résister, résister — et la confiance que la population les supporterait et se joindrait à une guerre qu’elle considérait juste. 

Valdés combattit comme commandant-en-second de la 4e Colonne de l’armée rebelle de Che Guevara et plus tard comme commandant de la 8e Colonne à Las Villas.

Beaucoup d’autres dirigeants historiques de la Révolution cubaine eurent des origines similaires. Juan Almeida Bosque, un Cubain noir qui travaillait comme maçon depuis l’âge de 11 ans, décida aussi qu’il était temps d’agir après le coup d’État. Il rejoignit une manifestation organisée par Castro au campus de l’Université de La Havane. Il prit part à l’attaque de Moncada, à la lutte de guérilla contre Batista et devint ainsi un dirigeant central de la Révolution cubaine. 

Haydée Santamaría participa à l’attaque contre la Moncada et fut emprisonnée par la suite pour sept mois. Elle devint une fondatrice du Mouvement du 26 Juillet en 1955, combattit dans la guerre révolutionnaire et assuma de nombreux rôles de direction à travers les décennies.

Eux, comme beaucoup d’autres, se joignirent à Fidel Castro pour diriger la Révolution cubaine. 

L’impérialisme américain ne pardonna jamais à la révolution d’avoir réalisé son programme. Ce programme inclut la Loi sur la réforme agraire, qui remit les terres entre les mains de centaines de milliers de paysans sans terre et qui poussa les travailleurs à entreprendre la nationalisation d’industries et de banques possédées par des intérêts américains, en plus de celles que possédait la classe capitaliste cubaine.

La révolution socialiste à Cuba — et ce qu’elle révéla à propos des capacités de la classe ouvrière — reste un exemple primordial pour nous aujourd’hui.

Washington affirme que la Révolution cubaine doit disparaître, dit Valdés dans une entrevue à la télévision cubaine. « Nous devons rester conscients de ce fait car, pour eux, nous sommes et continuerons d’être un obstacle difficile à surmonter. Nous sommes un os dans la gorge qu’ils ne peuvent pas digérer. »

Maintenant âgé de 92 ans, Ramiro Valdés a exhorté les jeunes à La Havane d’étudier la Révolution cubaine — et Fidel Castro — afin de continuer à la défendre. « Vous devez de plus en plus connaître Fidel », dit-il.