Des efforts par la classe dirigeante à Washington et les dirigeants de la Corée du Nord pour parvenir à un accord sur la « dénucléarisation » de la péninsule coréenne ont avancé pendant le sommet de trois jours entre le président de la Corée du Sud Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Pyongyang du 18 au 20 septembre. Le président Donald Trump a répondu à ce progrès le 24 septembre et indiqué que lui et Kim se rencontreraient à nouveau « très bientôt. »
Kim souhaite avoir « un deuxième sommet avec le président Trump dans les meilleurs délais afin d’accélérer le processus de dénucléarisation, » a dit Moon Jae-in.
Moon et Kim se sont mis d’accord pour créer une zone d’interdiction aérienne le long de leur frontière, y compris dans les eaux territoriales en mer Jaune, enlever 11 postes de garde-frontières et faire cesser les exercices d’artillerie à moins de cinq kilomètres de la zone démilitarisée.
Leur « Déclaration de Pyongyang de septembre » a réaffirmé leur opinion que « la péninsule de Corée doit devenir une terre de paix, libérée de toute arme et menace nucléaires et qu’il faut faire rapidement des progrès substantiels dans ce sens. »
Le gouvernement de la République démocratique populaire de Corée a proposé de démanteler de manière permanente sa plateforme de test et de lancement de missiles située dans la ville de Tongchang-ri, au nord-ouest, et d’en autoriser l’observation par des experts extérieurs. Le site a été utilisé l’an passé pour le test et le lancement de missiles balistiques intercontinentaux capables d’atteindre les États-Unis.
Kim a ajouté que Pyongyang démantèlerait de manière définitive son complexe nucléaire de Yongbyon, son principal site de production d’armes nucléaires, si Washington « prend les mesures correspondantes » dans « l’esprit » de l’accord que Kim et Trump ont négocié en juin à Singapour. Selon Moon, la « mesure » que souhaitent les Nord-Coréens est une déclaration officielle des États-Unis mettant un terme à la guerre de Corée de 1950-1953.
Déclarer la guerre finalement terminée ne signifierait pas forcément le retrait des 28 000 soldats US stationnés au sud, a affirmé Moon, mais représenterait un pas symbolique important.
À la fin du sommet, la porte-parole du département d’État, Heather Nauert, a soutenu que les trois gouvernements « s’entendent sur le fait » que les US et les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique seront impliqués dans la fermeture du complexe de Yongbyon.
Le Nord et le Sud sont « un seul peuple »
Lors de son séjour à Pyongyang, Moon s’est adressé à une foule de 150 000 personnes. Il leur a dit : « Nous avons vécu ensemble pendant 5 000 ans et avons été séparés pendant 70. Nous devons vivre ensemble comme un seul peuple. »
Le gouvernement US – avec l’accord de Moscou – a piétiné la souveraineté nationale du peuple coréen et divisé la Corée entre Nord et Sud en 1945 après la défaite de Tokyo à l’issue de la seconde guerre mondiale impérialiste. Au Nord, les travailleurs ont réalisé une réforme agraire très profonde, exproprié les propriétaires terriens et les capitalistes et mené à bien d’autres mesures sociales dans leurs propres intérêts. Mais dans le Sud, l’armée US a mis en place la dictature de Syngman Rhee qui a brutalement réprimé les protestations de travailleurs et d’agriculteurs.
Des millions de personnes ont été tuées pendant la guerre de Corée, qui a éclaté en 1950. Dans une confrontation avec les dirigeants US, les travailleurs et les agriculteurs coréens, aidés de volontaires chinois, ont combattu l’invasion menée par les États -Unis jusqu’à la bloquer. Ils ont ainsi infligé à l’impérialisme US sa première défaite militaire.
Mais pendant que les États -Unis se voyaient forcés d’accepter un armistice, ils ont refusé de signer un traité de paix et de terminer formellement la guerre. Jusqu’en 1991, le gouvernement US a ouvertement stocké des armes nucléaires tactiques sur le territoire de la Corée du Sud. Des sous-marins nucléaires continuent de sillonner le Pacifique jusqu’à aujourd’hui.
Kim et Moon se sont mis d’accord sur la tenue de rencontres de réunification pour des familles qui ont été divisées pendant 70 ans depuis la division en deux de la péninsule. Ils ont aussi convenu de favoriser les réunions de famille par vidéo. Aujourd’hui, il n’existe même pas de service de courrier entre le Nord et le Sud.
Le secrétaire d’État Michael Pompeo a dit qu’il avait invité le ministre nord-coréen des affaires étrangères Ri-Yong Ho à le rencontrer à New York lors des sessions d’ouverture de l’assemblée générale des Nations unies. Faisant référence aux propositions issues du sommet Nord-Sud, Pompeo a déclaré : « Sur la base de ces engagements importants, les États-Unis sont prêts à engager des négociations immédiates afin de transformer les relations US-RDPC. »
La rédaction du Washington Post, comme la plupart de la presse capitaliste libérale qui regarde toutes les questions à travers le prisme de leur « résistance » furieuse à la présidence de Trump, a essayé de minimiser les développements en Corée. Malgré « quelques pas significatifs visant à réduire les tensions et le risque de guerre, » ont-ils écrit le 22 septembre, les récents développements « n’offrent aucun progrès réel quant à ce qui est important pour les États-Unis : le démantèlement de l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord. »
« Nous demandons que le gouvernement US signe un traité de paix et cesse définitivement les exercices de guerres annuels provocateurs qu’il a menés avec Séoul, » a déclaré le même jour Róger Calero, candidat du Parti socialiste des travailleurs au poste de gouverneur de New York. « Atteindre un accord avec la République démocratique populaire de Corée pour une Corée débarrassée d’armes nucléaires est dans l’intérêt de tous les travailleurs, là-bas comme dans le monde entier. »