SHERBROOKE, Québec — Les 26 et 27 janvier lors d’une audience qui s’est déroulée ici, le juge Gaétan Dumas a commencé à préparer les procès qui se tiendront en septembre de l’ingénieur de locomotive Tom Harding et du répartiteur Richard Labrie, ainsi que de Jean Demaître, répartiteur de la Montreal, Maine and Atlantic.
Les travailleurs du rail sont victimes d’un coup monté du gouvernement pour le déraillement et l’explosion d’un train de pétrole brut de la Montreal, Maine and Atlantic en juillet 2013, au centre-ville de Lac-Mégantic, une ville de 6 000 habitants près de la frontière entre le Québec et le Maine. La catastrophe a tué 47 personnes et a nivelé le centre-ville. Tous les trois font face à 47 chefs d’accusation de négligence criminelle et pourraient être condamnés à une peine de prison à vie. Tom Harding et Richard Labrie sont membres de la section locale 1976 du syndicat des Métallos.
Le juge a statué que la compagnie de chemin de fer en faillite, et liquidée depuis, et qui n’a pas d’actifs ou de conseil juridique, sera jugée séparément.
« La poursuite n’a absolument aucune intention de s’en prendre à la MMA, » a dit Thomas Walsh, l’un des avocats de Harding, au Militant le 30 janvier. Ils veulent s’en prendre à Tom Harding. Les accusations portées contre la MMA sont seulement une façade. »
Un exposé publié dans le Globe and Mail de Toronto et le rapport officiel du Bureau de la sécurité des transports ont clairement démontré que c’est le mépris pour la sécurité de la part des patrons des chemins de fer, en quête de profits, et la complicité de l’organisme fédéral Transports Canada qui sont responsables du désastre.
Dans le cadre d’une politique stricte de la Montreal, Maine and Atlantic visant à gagner du temps et de l’argent, a montré le Globe, Tom Harding n’avait pas le droit d’activer les freins pneumatiques automatiques du train, ce qui aurait empêché le train stationné de descendre vers Lac-Mégantic. Et Transports Canada avait donné l’autorisation à la MMA de faire fonctionner ses trains d’hydrocarbures dangereux avec des « équipages » d’une seule personne.
Séparer le procès de la compagnie ferroviaire est raisonnable, a dit au Militant Charles Shearson, qui a représenté Tom Harding à l’audience. « Le jury se concentrera davantage sur le procès de Harding et des autres. »
« Nous croyons que le juge devrait prendre les procureurs au mot et tenir le procès de la MMA avant celui de Harding, Labrie et Demaître, » a dit Thomas Walsh.
Charles Shearson a dit qu’une autre audience préliminaire est prévue pour avril et qu’elle se penchera sur une motion de Thomas Walsh visant à utiliser le rapport du Bureau de la sécurité des transports et des documents à l’appui comme preuve et pour laisser la défense interroger les représentants du Bureau.
Robert Bellefleur, porte-parole de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire à Lac-Mégantic, qui fait campagne pour que le gouvernement construise une voie ferrée pour contourner la ville, a participé à l’audience pour montrer le large soutien pour Tom Harding à Lac-Mégantic
Anne-Marie Saint-Cerny, qui écrit un livre sur la catastrophe, est également venue. « Il faut se demander comment justice peut vraiment être rendue dans une telle tragédie, quand c’est seulement de simples employés qui sont sur la sellette pour la mort de 47 personnes, a-t-elle dit au Militant. Ceux qui ont donné les ordres, les règles et la formation, les propriétaires de la compagnie, sont tous hors d’atteinte, terrés aux États-Unis.
« La lutte pour faire échec au coup monté contre Tom Harding et Richard Labrie est importante pour les travailleurs partout au pays et ailleurs, » a dit Philippe Tessier, candidat de la Ligue communiste à la mairie de Montréal, qui a assisté à l’audience en solidarité. « Le renversement de ce coup monté renforcera la lutte des travailleurs du rail qui se battent partout dans le monde pour la sécurité ferroviaire, pour eux-mêmes et pour tous ceux qui vivent et travaillent le long des voies ferrées. »
Les messages pour appuyer Tom Harding et Richard Labrie peuvent être envoyés au syndicat des Métallos, Section locale 1976, 2360 De Lasalle, suite 202, Montréal, QC, H1V 2L1. Les copies doivent être envoyées à Thomas Walsh, 165, rue Wellington N., suite 310, Sherbrooke, QC, Canada J1H 5B9.