SHERBROOKE, Québec — Quand il ira en procès, « Tom Harding aura dû attendre quatre ans avant d’être exonéré, » a dit au Militant Thomas Walsh, l’avocat de Harding.
L’ingénieur de locomotive Tom Harding et le contrôleur de train Richard Labrie font face à des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort dans un coup monté en lien avec la catastrophe ferroviaire à Lac-Mégantic en juillet 2013. Lors d’une audience ici le 13 septembre, le juge Gaétan Dumas de la Cour supérieure du Québec a fixé la date de leur procès au 11 septembre 2017.
Les deux syndiqués, membres de la section locale 1976 du Syndicat des Métallos, servent de boucs émissaires pour le déraillement et l’explosion d’un train de pétrole en dérive de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) qui a tué 47 personnes et a détruit le centre-ville de Lac-Mégantic. En cas de condamnation, ils pourraient faire face à la prison à vie.
L’ancien responsable de la compagnie Jean Demaître et la compagnie Montreal, Maine and Atlantic, qui est maintenant une personne morale officiellement en faillite, ont également été inculpés.
Le quotidien de langue anglaise Globe and Mail et le rapport officiel du Bureau de la sécurité des transports ont révélé comment la réduction des coûts d’opération par les patrons du rail afin d’augmenter leurs profits, avec la complicité de l’agence des transports du Canada à Ottawa, est à l’origine de la catastrophe.
Thomas Walsh a demandé pourquoi la compagnie de chemin de fer maintenant inexistante, qui « n’a pas d’actifs et ne peut être condamnée à une amende ou emprisonnée, » a été inculpée et non son ancien propriétaire, Edward Burkhardt, qui dirige aujourd’hui la société de gestion ferroviaire Rail World.
Parmi ceux qui ont assisté à l’audience par solidarité avec Tom Harding et Richard Labrie, il y avait Robert Bellefleur, un résident de Lac-Mégantic et un militant de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire, qui se bat pour forcer Ottawa à construire une voie de contournement ferroviaire autour de la ville de 6 000 habitants. « Une majorité de Méganticois considèrent que les vrais responsables de la tragédie ferroviaire du 6 juillet à Lac-Mégantic sont ceux qui ont demandé et autorisé la déréglementation de la sécurité ferroviaire au Canada, » a-t-il dit au Militant.
Voilà ce qui a permis à la compagnie de chemin de fer « d’opérer un train-bloc de pétrole avec un seul ingénieur, sans aucune surveillance et avec exigence minimale, alors que la MMA accumulait les contraventions et ne respectait aucune règle de sécurité élémentaire depuis plusieurs années, a-t-il ajouté. La Justice préfère poursuivre de simples employés plutôt que les patrons de la MMA ou les hauts gradés de Transports Canada. »
Avant l’audience Robert Bellefleur et un retraité de Washington, le mécanicien Fritz Edler, ont tenu une banderole devant le palais de justice demandant au procureur d’abandonner les accusations contre Tom Harding et Richard Labrie.
Suite à l’audience, Fritz Edler, qui est aussi un militant de Railroad Workers United, un groupe de pression de syndicalistes ferroviaires aux États-Unis et au Canada, a remis une pétition signée par plus de 2 200 personnes, demandant que le bureau du procureur abandonne les accusations. Plusieurs sections locales de syndicats de travailleurs de chemin de fer du Québec et de l’Ontario ont diffusé la pétition en ligne.
Nous devons « montrer que nous n’allons pas nous tenir à l’écart et laisser nos frères tomber pour un crime qu’ils n’ont pas commis, » a dit au Militant, une semaine avant l’audience, Chris Yeandel, un ingénieur de locomotive du Canadien Pacifique qui est le président de la Conférence ferroviaire, section locale 689 à Montréal, des Teamsters Canada. « La sécurité a été compromise afin de récolter des profits. »
Les messages de solidarité et les dons peuvent être envoyés à la section locale 1976 des Métallos, 2360, avenue De Lasalle, bureau 202, Montréal (Québec) H1V 2L1. Courriel : info@1976usw.ca. Copies à : Thomas Walsh, 165, rue Wellington N., bureau 310, Sherbrooke (Québec) J1H 5B9. Courriel : thomaspwalsh@hotmail.com.