Dénonçons l’intention du gouvernement canadien d’expulser les travailleurs immigrants

Plus de 180 syndicats et groupes soutiennent la résidence permanente pour les immigrants

Joe Young
le 16 décembre 2024
Manifestation à Montréal le 2 novembre pour exiger qu’Ottawa accorde la résidence permanente aux travailleurs immigrants au Canada et abandonne son projet de réduire le nombre de travailleurs immigrants légaux dans un contexte de chômage croissant. Le gouvernement menace de procéder à des rafles et des expulsions massives.
LA PRESSE/JOSIE DESMARAISManifestation à Montréal le 2 novembre pour exiger qu’Ottawa accorde la résidence permanente aux travailleurs immigrants au Canada et abandonne son projet de réduire le nombre de travailleurs immigrants légaux dans un contexte de chômage croissant. Le gouvernement menace de procéder à des rafles et des expulsions massives.

MONTRÉAL — Plus de 180 syndicats et autres organisations à travers le Canada ont publié une lettre ouverte au gouvernement fédéral lui demandant de mettre fin à ses mesures contre les travailleurs immigrants et d’accorder la résidence permanente à tous ceux qui vivent dans le pays. Parmi les signataires de cette lettre figurent les Fédérations du travail de l’Ontario et du Manitoba, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat canadien de la fonction publique, Unifor et des dizaines de groupes de défense des droits des immigrants.

Cette initiative fait suite à l’offensive majeure lancée par le gouvernement fédéral à Ottawa contre des centaines de milliers d’immigrants. Le gouvernement cherche notamment à réduire le nombre de personnes pouvant devenir résidents permanents et à éliminer au moins 775 000 permis de travail et d’études.

Le nombre de nouveaux résidents permanents sera réduit de 471 700 l’année dernière à 365 000 d’ici 2027. La résidence permanente donne aux immigrants le droit de vivre, de travailler et d’étudier partout au Canada, de bénéficier d’une couverture médicale et de cotiser au régime de pensions du Canada.

Le changement radical des objectifs d’Ottawa en matière d’immigration reflète le fait qu’en raison de l’augmentation du taux de chômage (6,8 % actuellement), les employeurs n’ont pas besoin d’autant de travailleurs immigrants. L’objectif du gouvernement de Justin Trudeau n’est pas d’arrêter l’immigration, mais de l’ajuster pour mieux répondre aux besoins de la classe capitaliste qu’il représente.

De nombreux politiciens capitalistes et les médias d’ici contribuent à faire des immigrants des boucs émissaires, les rendant responsables de la pénurie de logements et du coût élevé des loyers auxquels les travailleurs sont confrontés.

La lettre ouverte demande la résidence permanente immédiate pour les travailleurs étrangers temporaires et pour les étudiants déjà présents au Canada. Elle appelle à la mise en place d’un programme de régularisation complet et inclusif pour tous les migrants sans papiers et à l’abolition du régime de permis de travail fermés du gouvernement. Ce régime enchaîne chaque immigrant temporaire à un seul employeur. S’il perd son emploi, l’immigrant est susceptible d’être expulsé.

Ottawa réduit de moitié la durée des permis de travail, qui passe de deux à un an. Il refuse de renouveler les permis de travail des étudiants de troisième cycle qui sont des immigrants et qui ont travaillé au Canada. Et il met fin aux permis de travail pour les membres de la famille qui occupent des emplois bien rémunérés, qui ne sont pas membres du personnel cadre, ainsi que pour la plupart des étudiants étrangers.

La lettre ouverte précise que « ces mesures obligeront des milliers d’immigrants qui sont déjà au Canada depuis plusieurs années, souvent avec leur famille, à quitter le pays ou à devenir des sans-papiers ».

Ces mesures prises par les dirigeants capitalistes du Canada ont augmenté le nombre de travailleurs sans droits ou avec des droits limités, qui peuvent être contraints d’accepter des salaires bas et des conditions de travail difficiles et dangereuses. Un récent rapport de l’ONU indique que ces travailleurs sont soumis à toutes sortes d’abus, tels que le vol de salaire, le harcèlement sexuel, les heures de travail excessives, l’absence d’équipement de protection, le manque de soins de santé et bien d’autres choses encore.

Au deuxième trimestre de 2024, le Canada comptait 2,8 millions de résidents temporaires, sur une population totale de 41 millions d’habitants. Ce nombre comprend des milliers de travailleurs agricoles saisonniers, d’ouvriers d’usine, de demandeurs d’asile et d’étudiants universitaires. En 2023, environ 1,2 million d’immigrants sont arrivés au Canada, ce qui représente la plus forte augmentation en pourcentage de la population canadienne depuis 1957.

Les mesures prises par Ottawa visent à réduire de 900 000 d’ici deux ans le nombre de résidents temporaires qui se trouvent au pays. Les groupes de défense des droits des immigrants estiment qu’il y a quelque 500 000 travailleurs sans statut officiellement reconnu au Canada.

Les expulsions augmentent. Selon le Réseau pour les droits des migrants, il y a eu 7 032 expulsions au cours du premier semestre de 2023, soit environ 39 par jour, ce qui est beaucoup plus élevé qu’au cours des deux années précédentes. La lettre ouverte souligne qu’avec la menace d’expulsion, les travailleurs sans papiers « se voient refuser l’accès aux soins de santé essentiels, sont exploités au travail et vivent dans la peur ».

Le gouvernement du Québec se joint à l’attaque

Le premier ministre du Québec, François Legault, a menacé de chasser de force la moitié des demandeurs d’asile de la province vers d’autres provinces. Il appelle à la création de centres de détention pour retenir en captivité les demandeurs d’asile pendant l’étude de leurs requêtes. Il a demandé à la police provinciale de patrouiller à la frontière du Québec avec les États-Unis en prévision d’un afflux de demandeurs d’asile lorsque Donald Trump deviendra président.

Quelque 600 000 travailleurs temporaires vivent et travaillent au Québec aujourd’hui, soit deux fois plus qu’en 2021. François Legault affirme que ce nombre sera considérablement réduit.

Les cours de français pour les immigrés sont réduits. Parallèlement, le gouvernement du Québec a bloqué le nombre de travailleurs temporaires qui peuvent s’installer à Montréal, sous prétexte qu’ils menacent l’utilisation de la langue française.

Philippe Tessier, candidat de la Ligue communiste à l’élection partielle de Terrebonne au Québec, a déclaré au Militant que la lettre ouverte était une arme importante dans la lutte pour les droits des immigrés et de l’ensemble de la classe ouvrière. « Elle doit être largement diffusée et défendue. La lutte pour la résidence permanente inconditionnelle pour tous les immigrants au Canada et pour l’arrêt de toutes les expulsions est une question de vie ou de mort pour nos syndicats. L’unité et la solidarité de la classe ouvrière sont décisives pour le succès des batailles de classe d’aujourd’hui et de demain.

« La classe ouvrière a besoin d’un parti ouvrier basé sur les syndicats qui pourra unir les travailleurs, qu’ils soient canadiens ou nés à l’étranger, dans une lutte pour défendre nos intérêts communs en tant que classe contre les propriétaires du capital. »