La semaine dernière, le Militant a rapporté la victoire remportée par le Parti socialiste des travailleurs (SWP) et les campagnes électorales du SWP, par laquelle une dérogation, durement gagnée, à l’obligation de fournir à la Commission électorale fédérale (FEC) les noms de ceux qui lui font des dons est prolongée jusqu’en 2016. Obtenue pour la première fois en 1974, cette dérogation renforce la capacité des travailleurs et de nos organisations à s’engager dans l’action politique ouvrière indépendante sans ingérence du gouvernement, des patrons ou de la droite.
Depuis des décennies, le FBI, d’autres agences policières et unités de « renseignements », les employeurs et les voyous de droite ont espionné le SWP et organisé des licenciements et le harcèlement de ses partisans. Exposées dans le cadre d’une plainte du parti contre le FBI, déposée en 1973 et gagnée en 1986, les preuves de ces faits étaient essentielles à l’obtention de la dérogation. Ce dossier a été étayé par quelque 70 déclarations, dont certaines de partisans des campagnes du SWP ou de lecteurs de l’hebdomadaire le Militant, qui ont détaillé de nouvelles attaques depuis 2009.
Alors qu’aujourd’hui les patrons et leur gouvernement justifient les attaques contre les droits politiques au nom de la lutte contre le « terrorisme », leur véritable cible demeure la classe ouvrière et ses organisations d’avant-garde. C’est ce qui ressort des documents que le FBI a été contraint de révéler au cours des dernières années et qui sont cités dans les lettres adressées à la FEC par les avocats Michael Krinsky et Lindsey Frank au nom du SWP en 2012-2013.
En 2012, une lutte concernant la Loi sur la liberté de l’information, par exemple, a mis en lumière l’espionnage fédéral des actions syndicales de solidarité avec les dockers à Longview dans l’État de Washington, qui luttaient contre un lock-out visant à briser le syndicat. Le SWP a participé activement à ces actions. Un rapport de 2010 de l’inspecteur général du département de la Justice en réponse aux révélations d’espionnage des groupes anti guerre et écologistes a cité comme l’une des raisons du FBI pour la surveillance du journal Catholic Worker ses points de vue présumés « communistes ».
Le Parti socialiste des travailleurs et ses prédécesseurs ont été visés depuis leurs origines parce que les dirigeants capitalistes détestent l’exemple que donne le parti par son implication dans les batailles des travailleurs, des agriculteurs et des opprimés. À l’aide du Militant, des livres et des brochures, les travailleurs socialistes font connaître les leçons des batailles de la classe ouvrière partout dans le monde. Par le biais des campagnes électorales du SWP, le parti se fait le champion des luttes syndicales et montre une voie vers la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière pour le pouvoir politique.
Le SWP a une histoire qui remonte aux militants de la classe ouvrière qui ont fondé le Parti communiste aux États-Unis. Ils se sont organisés pour suivre l’exemple des ouvriers et des paysans en Russie qui avaient arraché le pouvoir aux capitalistes et aux propriétaires terriens en octobre 1917 sous la direction du Parti bolchevique dirigé par V.I. Lénine.
En 1918-1919 il y a eu une montée des luttes syndicales aux États-Unis, alors que les patrons avaient augmenté leurs bénéfices pendant le carnage inter impérialiste de la première guerre mondiale. Non seulement le pays a été secoué par une vague de grèves dans les industries de la transformation de la viande, du textile, de la sidérurgie et dans les mines de cuivre — mais beaucoup de travailleurs aux États-Unis se sont tournés vers la révolution bolchevique.
La première grève générale du pays a eu lieu à Seattle en février 1919. Plus tard cette même année, les dockers y ont refusé de charger 50 wagons remplis de fusils sur des navires affrétés par le gouvernement et destinés aux armées contre-révolutionnaires qui se battaient pour renverser le gouvernement des travailleurs et des agriculteurs en Russie.
Les militants du jeune mouvement communiste participaient à des batailles ouvrières, qui ralliaient la masse des travailleurs industriels non syndiqués, et aux efforts pour combattre le racisme et la violence contre les Américains africains et l’expulsion de travailleurs immigrants.
Les patrons ont utilisé à la fois leurs propres hommes de main et le gouvernement pour réprimer la montée des luttes. Un élément clé de cette répression consistait à prendre les communistes pour cible. Le Bureau des investigations récemment créé par le département de la Justice a organisé des rafles, bientôt appelée les rafles Palmer, du nom du procureur général A. Mitchell Palmer.
En utilisant de nouvelles lois contre la « sédition » et le « syndicalisme criminel, » les agents du département de la Justice et les flics locaux ont lâché espions et provocateurs, saccagé les locaux des syndicats et des organisations communistes et se sont joints à des groupes anti-ouvriers pour briser les rassemblements de partis ouvriers. Les travailleurs immigrants révolutionnaires, qui avaient moins de protections juridiques, constituaient une cible particulière. Plus de 3 000 de ces militants ont été arrêtés et 750 expulsés en 1919 et 1920.
Washington s’en est pris aux publications défendant les droits des Noirs, en particulier le journal Messenger qui était solidaire de la révolution russe et qui encourageait les Américains africains à adhérer aux syndicats, ainsi qu’au journal Crisis de la NAACP.
Au moment où les groupes révolutionnaires attirés par l’exemple des Bolcheviks s’organisaient pour former un seul Parti communiste et trouver le moyen de faire publiquement de la propagande et du travail de masse au milieu de ces attaques, ils ont lancé en 1921 une campagne électorale pour la mairie de New York sous la bannière de la Workers League. Le candidat, Benjamin Gitlow, était en prison à ce moment-là pour de fausses accusations de « subversion ».
En 1922, les agents fédéraux et les flics locaux ont attaqué le congrès du Parti communiste à Bridgman, au Michigan, avec l’aide de rapports d’un informateur du gouvernement. Dix-sept délégués ont été arrêtés et inculpés en vertu de la loi de l’État sur le syndicalisme criminel. Le dirigeant du PC Charles Ruthenberg a été reconnu coupable et condamné à une peine de trois à 10 ans de prison. Le parti a contribué à former le Conseil de défense ouvrier pour soutenir les personnes arrêtées, en gagnant le soutien de dirigeants syndicaux, du dirigeant du Parti socialiste Eugene V. Debs, de personnalités religieuses et de Roger Baldwin, directeur de l’Union américaine pour les libertés civiles.
Les attaques du gouvernement sont devenues moins féroces plus tard dans les années 1920 lorsque les militants du Parti communiste ont élargi leurs activités publiques dans les syndicats, dans la rue et par le biais de campagnes électorales. Mais le Bureau des investigations ainsi que des « unités rouges » locales avaient commencé ce qui allait devenir la norme aux États-Unis : viser les travailleurs révolutionnaires. Au cours des années 1930, ils ont lancé de nouvelles attaques contre le mouvement ouvrier et le Parti socialiste des travailleurs que nous raconterons dans le prochain numéro.