CRESTON, Iowa — Dans une victoire pour les cheminots et ceux qui habitent près des voies de chemin de fer, les membres de l’Association internationale des travailleurs de la tôle, des airs, du rail et des transports (SMART) qui travaillent pour la compagnie Burlington Northern Santa Fe Railway (BNSF), qui s’étend sur les deux-tiers de l’ouest des États-Unis, ont voté le 9 septembre à une large majorité de rejeter la proposition des patrons de faire circuler des trains de fret avec un « équipage » d’une seule personne.
BNSF, qui appartient au milliardaire Warren Buffett, qui est basé à Omaha, a cherché à éliminer les chefs de trains à bord de 60 pour cent de ses trains de fret qui circulent à travers le nord-ouest pacifique, le Midwest et des parties du sud, dès le début de l’année prochaine. Au lieu d’avoir un chef de train avec un mécanicien de locomotive, la proposition prévoyait qu’un « maître chef de train » conduirait plusieurs trains depuis un centre de contrôle à distance.
En juillet dernier, le comité général de la division des transports du syndicat SMART a accepté la proposition d’un équipage à agent unique. Mais le reste du syndicat — qui comprend des travailleurs de différents métiers, depuis des couvreurs métallurgistes et des chauffeurs d’autobus à des soudeurs — y est opposé, ainsi que la Fraternité des mécaniciens de locomotive et des agents de train, qui représente la plupart des mécaniciens.
Le plan a été défendu par Railway Age, la revue des patrons de l’industrie ferroviaire, qui l’a appelé « une collaboration courageuse, dynamique et clairvoyante entre BNSF et un comité général de son syndicat le plus important. »
« Rien ne prouve que le fait d’avoir une deuxième personne dans la cabine de la locomotive contribue à un fonctionnement plus sécuritaire, alors qu’il y a des indications que la deuxième personne dans la cabine peut causer un risque pour la sécurité, » a écrit la revue le 17 juillet.
Cette affirmation non seulement n’a pas de bon sens, mais elle contredit l’histoire récente de déraillements où un seul travailleur était dans la cabine, y compris à la ville de Lac-Mégantic au Canada au mois de juillet 2013, où 47 personnes ont été tuées, et dans le Bronx, à New York, où quatre personnes sont mortes quand un train de banlieue de Metro North a déraillé en décembre dernier.
L’accord proposé était rempli d’éléments visant à faire accepter l’attaque sur la sécurité, motivée par la recherche du profit, y compris une prime de 5 000 $ à la signature. Les patrons ont promis que ceux qui seraient licenciés continueraient de recevoir une certaine rémunération.
La campagne contre la proposition
Avant le vote, les responsables de la division des transports de SMART ont organisé plus de 70 réunions locales spéciales dans des dizaines de villes pour montrer une présentation Powerpoint en faveur de l’accord. « Beaucoup de travailleurs ont participé à ces réunions, les transformant en rassemblements pour « voter non. » C’est ce qui s’est passé à la réunion à laquelle j’ai assisté, » a dit au Militant Chris Rayson, qui travaille à BNSF depuis 20 ans et qui est actuellement un aiguilleur au dépôt de triage intermodal du sud de Seattle.
« À Balmer, le plus grand dépôt de Seattle, nous avons mis partout des autocollants contre la réduction de la taille de l’équipage. La direction s’est mobilisée pour les enlever, menaçant les travailleurs de mesures disciplinaires, a dit Chris Rayson. Mais les cheminots ont porté les autocollants sur eux et on en a retrouvés sur les locomotives et dans d’autres lieux où la direction ne s’aventure pas. »
Environ 70 pour cent des membres du syndicat ont participé au vote, selon le News Advertiser de Creston, Iowa. Pour faire échec à l’accord plus de 50 pour cent des travailleurs de chaque corps de métier — chefs de trains, agents de train et aiguilleurs — devaient voter non. La proposition de contrat s’appliquait à 3 000 travailleurs.
« En fait, je ne connais personne ici à Creston ou ailleurs qui dit avoir voté pour l’équipage à agent unique, » a affirmé le 14 septembre au Militant Nancy Reed, une chef de train à BNSF. « Je suis contente que ce n’est pas passé. Ce n’était dans l’intérêt de personne. »
Plus de 40 syndiqués, entourés de membres de leurs familles et d’amis, ont protesté avec des pancartes disant « Votez non ! à l’équipe à agent unique » et « Protégez notre communauté, » lors d’un rassemblement le 25 août devant la réunion du syndicat pour discuter de l’accord à Creston.
Des manifestations similaires ont été organisées à Galesburg dans l’Illinois, à Alliance au Nebraska, à Seattle et à Spokane dans l’État de Washington, et dans d’autres villes.
BNSF a l’intention de mettre en place le système de contrôle positif des trains mandaté par le Congrès, qui ajoute certains contrôles de vitesse automatiques. Les responsables de la société maintiennent que ce système et d’autres améliorations prévues signifient que les chefs de train ne sont plus nécessaires.
« Les cheminots ne sont pas contre une technologie qui peut rendre la conduite du train plus sure, » a dit au Militant un agent de conduite de BNSF de Kansas City avec 20 ans d’expérience, qui a demandé que son nom ne soit pas utilisé. « Mais chaque nouvelle « avancée » a un côté qui est utilisé pour supprimer des emplois au détriment de la sécurité, au lieu d’aider à accroître la sécurité. »
Au cours des 25 à 30 dernières années, l’effort des patrons des compagnies ferroviaires pour augmenter leurs profits a conduit à réduire la taille des équipages. Il y a 40 ans, un équipage de train était composé de quatre ou cinq cheminots. Au cours des dernières décennies, le fourgon de queue a été éliminé et la taille de l’équipage réduite à deux personnes.
« Avec le nombre d’heures que nous passons au travail, vous ne pouvez pas contourner le besoin d’avoir des êtres humains — les yeux et l’attention concentrés sur le travail, » a expliqué le mécanicien du train au Militant.