RÉSERVE DES SIOUX DE STANDING ROCK — Des membres de plus de 200 tribus d’Autochtones aux États-Unis et de sympathisants sont venus de tous les coins de l’Amérique du Nord pour appuyer les Sioux de Standing Rock dans leur lutte pour arrêter la construction du pipeline Dakota Access à proximité de leur réserve. Des milliers de personnes sont venues jusqu’ici afin de participer à la lutte pour défendre les droits de souveraineté découlant de traités et lutter contre l’encrassement potentiel des réserves d’eau de la région. Elles se sont rassemblées dans ce camp de protestation isolé sur les rives de la rivière Cannonball.
Nous nous sommes joints à eux en tant que délégation de solidarité du Parti socialiste des travailleurs et équipe d’enquête.
« Notre tribu s’est opposée au pipeline Dakota Access depuis que nous en avons pris connaissance en 2014, » a écrit David Archambault II, président des Sioux de la tribu de Standing Rock, dans le New York Times le 24 août. « Bien que la loi fédérale exige que le Corps of Engineers consulte la tribu concernant ses intérêts souverains, des permis pour le projet ont été approuvés et la construction a commencé sans consultation significative. »
Le 9 septembre, les Sioux ont remporté une victoire importante. Le département de la Justice US, le département de l’Armée et celui de l’Intérieur ont annoncé qu’ils allaient mettre un terme à toute construction à moins de 33 kilomètres du lac Oahe.
« D’importantes questions soulevées par la tribu des Sioux de Standing Rock, par les tribus d’autres nations et leurs membres en ce qui concerne le pipeline Dakota Access en particulier et le processus de décision concernant les pipelines en général demeurent, » a souligné leur déclaration conjointe. « Il incombe maintenant à chacun de nous de tracer une voie qui serve l’intérêt public le plus large. » Mais leur décision n’est que temporaire.
La tribu avait déposé des documents judiciaires au tribunal de district, le 2 septembre, pour arrêter la construction sur des sites sacrés et historiques dans le tracé du pipeline. Le lendemain, Energy Transfer Partners, le constructeur de l’oléoduc, a envoyé des niveleuses pour commencer à enlever la première couche de terre de la région.
Les manifestants qui ont essayé d’empêcher les machines de terrassement de profaner les sites ont fait face aux gardes de sécurité de la compagnie, aux chiens d’attaque et au poivre de Cayenne. Six personnes ont été mordues et au moins 30, aspergées de poivre. Depuis lors, les manifestants ont campé le long de la route de comté, d’où ils peuvent voir la zone, pour s’assurer que l’entreprise ne cherche pas à revenir.
En apprenant qu’une décision judiciaire était imminente, des milliers de manifestants, connus comme des protecteurs, ont marché le 9 septembre du campement principal au site de la confrontation. Depuis, beaucoup se sont déplacés pour manifester au Capitol de l’État, à Birsmack, où se trouve le tribunal.
Lorsque le juge du tribunal de district James Boasberg a rejeté la demande de la tribu d’arrêter la construction, les trois organismes fédéraux ont émis leur déclaration conjointe du 9 septembre interdisant la poursuite des travaux sur le pipeline jusqu’à ce que d’autres consultations aient lieu. Les organismes ont dit qu’ils inviteraient les tribus à des discussions de gouvernement à gouvernement.
Ces mêmes organismes gouvernementaux avaient donné le feu vert à Energy Transfer Partners pour le projet de 3,8 milliards de dollars, s’étendant sur quatre États, qui acheminerait le pétrole du Dakota du Nord vers le sud de l’Illinois d’ici la fin de l’année. La déclaration du gouvernement du 9 septembre a noté : « [Nous] avons vu des milliers de manifestants se rassembler pacifiquement, avec le soutien de gouvernements tribaux souverains […] pour exprimer leurs préoccupations sincères au sujet de l’environnement et des sites historiques et sacrés. »
« Nous allons nous battre pour gagner cette bataille »
« Ceci est le début de l’unification des peuples autochtones, » a dit Andrew H?ska de la tribu sioux de White Mountain de Hunkpapa Lakota Standing Rock. « [Nous voulons] arrêter le pipeline, c’est dans l’intérêt de notre peuple. S’il passe, il détruira nos terres et l’eau. Ils profanent nos sites funéraires. Ils ne respectent pas nos aînés. Nous nous nous battrons contre ça. »
Il y a des raisons historiques plus profondes pour la taille et l’ampleur de la réponse à l’attaque contre la réserve ici. Dans son implacable marche vers l’ouest, Washington, avec ses rapports sociaux capitalistes, a brutalisé les peuples autochtones, en a massacré des dizaines de milliers et a poussé ceux qui ont survécu sur les réserves, où ils font face à des conditions d’oppression et à peu de débouchés.
La réserve de Standing Rock, qui abrite quelque 8 000 membres de la tribu sioux Standing Rock, occupe plus de deux millions d’acres dans le Dakota du Nord et du Sud. Le bureau des Affaires indiennes a rapporté que le taux de chômage sur la réserve était aussi élevé que 60 pour cent en 2014.
Alors que Washington a promis aux Autochtones d’Amérique la souveraineté sur les réserves, ils font face à des attaques intrusives partout où les patrons sentent les profits.
Cette atteinte à la dignité et à la souveraineté explique la taille et l’ampleur de la mobilisation ici.
Plus de 200 drapeaux bordent la route de terre menant au camp principal. Chacun a été présenté par les délégations d’autres tribus qui sont venues au camp au cours des derniers mois. La population du camp augmente et diminue, mais s’élève souvent jusqu’à des milliers de personnes.
Des tentes et des tipis couvrent le terrain ici près des rives de la rivière Cannonball. Les revendications « L’eau est la vie » et « Non au DAPL » apparaissent sur des voitures, des affiches et des banderoles à travers le camp.
Un feu de bois brûle en permanence au centre du camp qui est entouré d’une cuisine et d’une salle à manger. Cette dernière sert de lieu de réunion et d’endroit recevoir des dons. Avant chaque repas, un aîné de la tribu récite une prière traditionnelle. Le camp vibre au son animé de conversations entre les membres de différentes tribus et générations.
Après que les agences gouvernementales ont annoncé la pause dans la construction du pipeline, Mike McFeely, chroniqueur pour le Forum de Fargo-Moorhead, a essayé de pousser les manifestants autochtones à quitter les lieux. « Ils ont gagné, a-t-il écrit Il n’y a rien à contester. »
Ce sentiment n’a pas trouvé d’écho dans le camp. Des partisans continuent d’arriver. Les dons de vêtements et d’équipement de camping arrivent aussi, anticipant la venue de l’hiver froid du Dakota du Nord. « Nous devons garder le camp pour maintenir la pression sur le gouvernement fédéral, » nous ont dit plusieurs personnes.