NEW YORK — « Obama dit qu’il vient nous dire ce que devrait être la démocratie. Mais le peuple cubain a décidé de quel genre de démocratie nous voulions en 1959 et nous avons mis en œuvre les profonds changements qui étaient nécessaires, » a dit Teresa Amarelle Boué, secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines (FMC) lors d’une réunion à New York, le 19 mars.
Teresa Amarelle dirigeait une délégation de la FMC et d’autres organisations cubaines à la soixantième session de la commission des Nations unies sur le statut de la femme, du 14 au 24 mars. Pendant leur séjour, elles ont pris la parole au cours d’une réunion publique dans les locaux de la section locale 1199 du Syndicat international des employés de service. Elles ont aussi rencontré des étudiants au City College de New York et à d’autres événements. Plus de 150 personnes ont participé.
Gail Walker, directrice exécutive de IFCO/Pasteurs pour la paix, et Soffiyah Elijah, directrice exécutive de l’Association correctionnelle de New York ont co-présidé. En accueillant les dirigeantes cubaines, Gail Walker a souligné le fait que la réunion avait lieu la veille du voyage du président Barack Obama à Cuba. Elle a exhorté les participants à lire l’éditorial du 9 mars du quotidien cubain Granma, qui « explique dans un langage clair comment le peuple cubain répondra à la visite prochaine du président à Cuba, « sans renoncer à un seul de nos principes. »
L’éditorial réitère la demande du peuple cubain de lever les sanctions économiques des États-Unis, le retour de Guantánamo et la fin d’autres attaques contre Cuba, a dit Gail Walker. « Vos amis ici aux États-Unis, a-t-elle ajouté, n’ont pas peur de faire face à ce défi avec vous. » Elle a également fait référence à un communiqué de la FMC disponible lors de la réunion sur les « réalisations extraordinaires des femmes cubaines » qu’Obama constatera à Cuba.
« Les femmes ont joué un rôle de premier plan dans tous les efforts en matière d’éducation à Cuba, » a dit Teresa Amarelle dans son discours d’ouverture, y compris lors de la campagne d’alphabétisation de 1961 dans laquelle la majorité des bénévoles qui ont enseigné et de ceux qui ont appris à lire étaient des femmes. Aujourd’hui, dit-elle, les femmes représentent environ 62 pour cent de la main-d’œuvre technique, 68 pour cent des médecins, 48 pour cent des scientifiques, et 48,6 pour cent des députés à l’Assemblée nationale. Teresa Amarelle est membre de cette instance ainsi que du Conseil d’État de Cuba.
Ces chiffres ne sont pas le résultat de quotas, a dit Teresa Amarelle. Ils sont « le reflet du rôle de direction joué par les femmes en raison de leur gain au droit à l’emploi, à l’éducation et de leur implication dans la révolution. »
Maritzel González et Yanira Kúper du département des relations internationales de la FMC, Alicia Campos de la Fédération internationale démocratique des femmes ainsi que Yamila González et Myrna Méndez de l’Union nationale des juristes de Cuba se sont jointes à elle sur le podium et ont également répondu à des questions.
Les relations doivent être fondées sur le respect
Lors de la discussion, Yamila González a souligné l’hypocrisie de la presse qui rapporte que Michelle Obama envisage d’apporter à Cuba sa campagne « Laissez les filles apprendre. » À Cuba, 100 pour cent des filles vont à l’école, a fait remarquer Yamila González. « Nous devrions avoir un réel échange, fondé sur le respect mutuel.
« Nous sommes prêts et disposés à entretenir de meilleures relations » avec Washington, a-t-elle ajouté, « mais nos principes, notre souveraineté et l’indépendance pour laquelle nous avons combattu ne sont pas négociables. »
Teresa Amarelle a répondu à une question à propos de la réaction de Cuba à la menace du moustique porteur du virus Zika, qui est devenu une épidémie dans de nombreux endroits en Amérique latine. Le Centre US de prévention et de contrôle des maladies prévoit qu’un quart de la population de Porto Rico sera contaminé cette année.
« Quand l’Organisation mondiale de la santé a annoncé le danger de Zika, le gouvernement a mobilisé les organisations civiles, a-t-elle dit. Les Comités de défense de la révolution dans les quartiers ainsi que la Fédération des femmes cubaines ont organisé des réunions dans chaque zone pour discuter des mesures à prendre, » centrées sur le contrôle et la prévention du moustique. Un centre national de direction a été formé pour évaluer la situation quotidiennement et les hôpitaux ont reçu l’ordre d’admettre immédiatement quiconque présente les symptômes du virus, a-t-elle dit.
« Le cœur de notre approche est d’individu à individu, avec des explications et de la persuasion, » a dit Teresa Amarelle. La FMC a plus de 400 000 militantes, a-t-elle ajouté, « y compris des membres des brigades de santé qui font du travail d’éducation dans les quartiers. »
« C’est comme ça que ça devrait être, » a commenté Iris Baez, après la réunion. « Il faut le faire comme elles l’ont expliqué, maison par maison, » a-t-elle dit, faisant remarquer que ça ne se passe pas comme ça aux US, « malgré toutes les ressources qui existent ici. »
Iris Baez, dont le fils Anthony a été tué, étranglé par la police en 1994, visitera Cuba en mai avec d’autres participants aux luttes contre la brutalité policière. Leur délégation a été annoncée lors de la réunion, et une loterie où l’on pouvait gagner un exemplaire de la vidéo Le fils de chaque mère a été organisée pour récolter de l’argent pour le voyage.
Le programme du soir comprenait des performances artistiques par des batteurs africains et par les Poètes de la paix, de même qu’une courte vidéo sur l’histoire de la FMC. À la fin, l’artiste Zulu King Sloane a offert à la délégation cubaine une peinture qu’il a réalisée au cours de la réunion.
Au début de la journée Teresa Amarelle s’était jointe à des oratrices venues d’Angola, du Brésil, du Salvador et des États-Unis à un séminaire sur « Les femmes changent le monde, » organisé par la Fédération internationale démocratique des femmes. Cet événement, animé par Alicia Campos, de la délégation cubaine, a attiré 30 participantes venues de plusieurs pays.