Le 1er janvier 1959, Fulgencio Batista, le dictateur soutenu par les États-Unis, s’est enfuit de Cuba alors que l’armée rebelle des travailleurs et des paysans dirigée par Fidel Castro avançait à travers l’île. Sept jours plus tard les révolutionnaires victorieux entraient à La Havane sous les acclamations de centaines de milliers de personnes descendues dans les rues.
Le 17 décembre 2014, dans une autre victoire, les derniers des cinq révolutionnaires cubains emprisonnés aux États-Unis depuis 1998 — victimes d’un coup monté du FBI pour avoir travaillé à empêcher des attaques violentes que préparaient des groupes paramilitaires basés en Floride — sont rentrés chez eux, une condition préalable à un accord avec Washington en vue de rétablir des relations diplomatiques. Depuis leur retour, les Cinq ont parcouru l’île, et le monde, partageant leurs expériences sur les lignes de front de la lutte des classes aux États-Unis au sein de la section importante des travailleurs de ce pays qui se retrouvent en prison.
« Même dans les pires moments [en prison], nous avons ressenti cette liberté, cette joie, ce sentiment d’utilité d’être là à dénoncer chaque jour le deux poids deux mesures de la politique de l’empire dans sa lutte tant vantée contre le terrorisme, » a dit Antonio Guerrero, un des Cinq, au journal cubain Granma.
Au cours des 57 dernières années, le gouvernement US a fait tout ce qui était en son pouvoir pour renverser la révolution. Il a armé des contre-révolutionnaires, organisé des tentatives d’assassinat contre des dirigeants révolutionnaires, lancé l’invasion ratée de la baie des Cochons et imposé un embargo économique draconien qui continue de causer de graves difficultés au peuple cubain.
Mais la révolution cubaine et ses dirigeants restent un os en travers de la gorge de l’impérialisme US et un phare pour les travailleurs du monde entier qui ont une conscience de classe. Elle est la preuve vivante qu’il est possible de résister à ce qui paraissait invincible et de gagner.
Au premier anniversaire de l’annonce du rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis, le président cubain Raúl Castro a dit : « Malgré la requête répétée de Cuba pour le retour du territoire illégalement occupé par la base navale de Guantánamo, le gouvernement des États-Unis affirme qu’il n’a aucune intention de changer le statut de cette enclave. »
Washington continue d’appliquer son brutal embargo et finance les prétendus dissidents ainsi que les stations de radio et de télévision illégales diffusées vers Cuba en violation de la souveraineté cubaine.
Les capitalistes US craignent l’exemple de Cuba
Les capitalistes US ont détesté la révolution dès le début, pas seulement parce qu’ils craignaient de perdre leurs superprofits — alors qu’ils dominaient tout, depuis le sucre et des terres pour le bétail jusqu’aux raffineries de pétrole, aux droits miniers et aux casinos — mais parce que les travailleurs et les agriculteurs à Cuba prenaient confiance dans leur capacité de résister à l’impérialisme US et d’être maîtres de leur destin, donnant un exemple à l’Amérique latine et au monde.
Pour Washington et Batista, l’avance de la révolution était incompréhensible. Le 1er janvier 1959, les rebelles avaient au plus 3 000 hommes et femmes armés, mais ils ont infligé une défaite à plus de 80 000 soldats et flics de Batista.
Washington a fourni des avions pour permettre à Batista et à ses hommes de main les plus proches de fuir l’île, laissant le pouvoir entre les mains d’une junte militaire. L’armée rebelle a organisé une grève générale qui a déferlé sur toute l’île. La junte a été balayée et un gouvernement révolutionnaire mis en place.
Une enquête avant la révolution a révélé que près de 60 pour cent des familles rurales vivaient dans des cabanes avec le sol en terre battue et sans eau courante ; 70 pour cent d’entre elles utilisaient des lampes à pétrole pour l’éclairage et les autres n’avaient aucune source d’éclairage du tout. Des centaines de milliers de personnes étaient au chômage.
Le contrôle ouvrier
La direction révolutionnaire a organisé les travailleurs et agriculteurs à Cuba pour qu’ils prennent le contrôle des usines, des mines et des fermes afin d’améliorer leurs vies et en finir avec ces conditions misérables.
En mars 1959, le gouvernement révolutionnaire a pris le contrôle de la Compagnie de téléphone cubaine et réduit les tarifs. Il a ordonné une baisse des loyers entre 30 et 50 pour cent. Au mois de mai il a adopté une loi de réforme agraire qui a encouragé la formation de coopératives et distribué des terres aux paysans sans terre. Des milices populaires ont été organisées pour défendre et faire progresser ces conquêtes les armes à la main.
À la fin du mois d’octobre 1959, le président Dwight Eisenhower a autorisé le département d’État et la CIA à organiser des groupes contre-révolutionnaires cubains armés en vue de préparer des actions pour renverser la révolution.
En juin 1960, quand les compagnies US Esso et Texaco et la compagnie anglo-néerlandaise Shell ont refusé de raffiner le pétrole que Cuba achetait à l’Union soviétique, le gouvernement révolutionnaire a mobilisé les travailleurs pour prendre le contrôle des raffineries. En août, Fidel Castro a annoncé l’expropriation de 26 entreprises dont les propriétaires étaient aux États-Unis. En octobre, Eisenhower a imposé un embargo radical sur les échanges, interdisant la grande majorité du commerce entre les États-Unis et Cuba.
L’intensification des attaques par les États-Unis
À la fin de décembre, des bombes et des incendies criminels par les contre-révolutionnaires ont détruit des entreprises à La Havane. Le 31 décembre, le gouvernement révolutionnaire a prévenu que Washington se préparait à envahir Cuba. Trois jours plus tard, Eisenhower a rompu toutes les relations diplomatiques.
Les travailleurs cubains ont organisé une vaste campagne d’alphabétisation, mobilisant plus de 100 000 volontaires étudiants et plus de 150 000 autres pour aller à la campagne afin d’enseigner à 707 212 personnes à lire et à écrire en moins d’un an.
Et en avril 1961, les travailleurs et agriculteurs cubains ont infligé une défaite décisive à l’invasion organisée par les États-Unis à la baie des Cochons.
Dès le tout début, la révolution a tendu la main de la solidarité aux travailleurs à travers le monde — depuis l’assistance médicale et militaire en Algérie, où un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs est arrivé au pouvoir en 1962, à l’envoi de 425 000 combattants volontaires en Angola pour aider à contrer les invasions par l’Afrique du Sud de l’apartheid, à la lutte contre le virus Ebola en Afrique l’année dernière. Aujourd’hui, des milliers de travailleurs médicaux cubains volontaires offrent des soins de santé partout dans le monde.
Défendre la révolution socialiste aujourd’hui
Washington espère toujours atteindre son objectif de longue date — détruire la révolution socialiste et le pouvoir des travailleurs et des agriculteurs là-bas — par le moyen de pressions économiques capitalistes.
En même temps, Cuba fait face aux effets de la crise économique capitaliste mondiale, aggravée par la poursuite de l’embargo économique des États-Unis. Le gouvernement cubain a pris des mesures nécessaires et a effectué des retraites nécessaires pour attirer davantage d’investissements étrangers, rationaliser les effectifs excessifs dans les entreprises d’État et augmenter la productivité, y compris par des mesures pour faciliter la mise en place de petites entreprises et de « travailleurs autonomes. »
La presse cubaine consacre de nombreux articles aux discussions menées par le gouvernement sur la façon de faire face à ces défis. Elle rappelle comment la révolution a mobilisé les travailleurs et les agriculteurs pour relever les défis auxquelles ils ont été confrontés à des moments décisifs dans le passé.
« L’histoire de notre révolution est remplie de pages glorieuses face aux difficultés, aux risques et aux menaces, » a dit Raúl Castro à l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire le 29 décembre.
Le retour des Cinq Cubains — Gerardo Hernández, Ramón Labañino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González — a renforcé la lutte pour maintenir les valeurs et le cours de la révolution. Depuis leur retour, ils ont passé une grande partie de leur temps à visiter les usines, les fermes et les campus, pour parler avec les travailleurs, les agriculteurs et les étudiants.
Le Granma du 17 décembre a publié des entretiens avec chacun des Cinq pour marquer un an depuis leur retour à Cuba.
« Nous avons reçu des réactions et appris chaque jour davantage sur la réalité cubaine, a dit Antonio Guerrero. Je crois que cela est également important pour toutes les autres tâches qui sans doute nous seront proposées. »
« La situation que Cuba vit aujourd’hui, en ce qui concerne le rétablissement des relations avec les États-Unis et le processus de transformations socio-économiques en cours, exige une meilleure préparation, une meilleure cohérence, une meilleure étude, une meilleure mise à jour : des choses pour lesquelles nous nous sentons très engagés, a dit Ramon Labañino, parce que nous faisons partie de ce projet et de la société cubaine, et c’est dans quoi nous avons été plongés cette année. »