L’article suivant a été envoyé par Robert Bellefleur, porte-parole de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic, au Québec, formée suite au déraillement et à l’explosion d’un train pétrolier qui a tué 47 personnes et anéanti le centre-ville le 6 juillet 2013 pour combattre et forcer Ottawa à construire un contournement ferroviaire autour de la ville de 6 000 habitants. Le conducteur du train Tom Harding et le contrôleur du trafic ferroviaire Richard Labrie, tous deux membres de la section locale 1976 des Métallos, font face à un coup monté de 47 accusations de négligence criminelle.
Des syndicalistes du rail, des groupes luttant pour la sécurité ferroviaire ainsi qu’une série de reportages d’enquête dans le Globe and Mail de Toronto, ont démontré que la responsabilité de la catastrophe reposait entièrement sur les patrons de la Montreal, Maine and Atlantic Railway, maintenant en faillite, avec la complicité du gouvernement canadien. S’ils sont reconnus coupables, les deux travailleurs du rail ainsi que Jean Demaître, un cadre inférieur de la compagnie ferroviaire accusé de la même manière, font face à une sentence de prison allant jusqu’à perpétuité.
ROBERT LAFLEUR
LAC-MÉGANTIC, Québec — Le 6 juillet, les membres de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic ont tenu une conférence de presse sur le danger réel et imminent d’un deuxième déraillement au centre-ville de
Lac-Mégantic à l’endroit même où le train de la Montreal, Maine and Atlantic a déraillé
en 2013.
La coalition a transmis aux journalistes sa vive inquiétude concernant la nouvelle courbe de la voie ferrée reconstruite à l’automne 2013 au centre-ville de Lac-Mégantic suite à la tragédie. Cette nouvelle courbe a été aménagée avec un angle plus prononcé, soit de 8 degrés, ce qui augmente le risque de déraillement par rapport à la courbe originale qui était à un angle de 4 degrés au moment du désastre.
Les inquiétudes de la coalition se sont accentuées. Depuis janvier 2014, la Central Maine and Quebec Railway, qui a remplacé la Montreal, Maine and Atlantic, fait passer près de 10 trains par semaine par cette courbe. Ces trains transportent régulièrement de nombreuses citernes de produits dangereux tels du gaz propane, de l’acide sulfurique, du chlorate de sodium et de l’essence d’automobile avec éthanol.
Il s’agit d’une autre preuve évidente du laxisme chronique des dirigeants de la Central Maine and Quebec Railway et de l’agence fédérale Transport Canada, alors que Tom Harding, Richard Labrie et Jean Demaître sont toujours furieusement poursuivis comme les seuls responsables de la tragédie du 6 juillet 2013.
Leur procès doit débuter le 11 septembre prochain. Pour une majorité de Méganticois, les accusés dans cette cause ne sont pas ceux que la justice devrait poursuivre.
« Harding perçu comme un héros »
Au contraire, plusieurs citoyens de Lac-Mégantic voient Tom Harding, le conducteur du train, comme un héros.
Lorsque le train a roulé, déraillé et que les premières explosions sont survenues cette nuit-là, Harding est rapidement accouru au lieu du désastre. Il a demandé aux pompiers de lui prêter des vêtements protecteurs pour pouvoir aller risquer sa vie en détachant et séparant les dernières 10 citernes de pétrole qui menaçaient de détruire la partie nord-ouest de la ville.
Cette nuit-là, Tom Harding a fait preuve d’un courage exceptionnel. Il ne mérite pas d’être traité en vulgaire criminel, pas plus que Richard Labrie et Jean Demaître. Ils ont tous assumé leurs responsabilités aussi bien qu’ils le pouvaient dans des conditions de travail inacceptables imposées par une compagnie irresponsable et fautive de plusieurs manquements aux règles les plus élémentaires de sécurité ferroviaire.
Pour la coalition des citoyens l’enquête publique sur la catastrophe de Lac-Mégantic qu’ont refusée les autorités politiques a seulement été retardée. Nous espérons que le procès criminel devant jury à Sherbrooke qui débutera en septembre disculpera les travailleurs et qu’il mettra en lumière la responsabilité des cadres supérieurs de la Montreal, Maine and Atlantic, des politiciens et des hauts fonctionnaires du précédent gouvernement canadien pour cette tragédie.