Le 17 avril, la Maison-Blanche a annoncé de nouvelles sanctions dans le cadre de la guerre économique menée par Washington contre le peuple cubain et sa révolution socialiste depuis plusieurs décennies.
Le gouvernement a imposé le titre III de la loi anti-Cuba Helms-Burton de 1996, qui autorise les citoyens américains à poursuivre en justice le gouvernement cubain ainsi que les sociétés étrangères qui y fonctionnent en utilisant des propriétés nationalisées par la révolution. Depuis son adoption, les administrations Clinton, Bush, Obama et Trump, au cours de ses deux premières années, ont refusé d’appliquer cette disposition.
L’administration refusera également d’accorder des visas américains à toute personne accusée de « trafic » sur de telles propriétés ; elle resserrera certaines restrictions sur les voyages des États-Unis à Cuba ; elle imposera de nouveaux obstacles à l’accès de Cuba aux devises fortes et fixera un plafond de 1000 dollars par trimestre pour les envois de fonds effectués par des Cubains qui vivent aux États-Unis à leur famille sur l’île.
L’annonce a été faite pour coïncider avec l’anniversaire de l’attaque ratée de la baie des Cochons en avril 1961. Les travailleurs et paysans cubains mobilisés pour défendre leur révolution ont repoussé cette invasion de 1 500 mercenaires armés, entraînés et déployés par Washington en moins de 72 heures.
Ces mesures font partie des efforts de Washington pour imputer à Cuba la crise sociale au Venezuela. En annonçant ces nouvelles mesures, le secrétaire d’État Mike Pompeo a repris la calomnie éculée que le gouvernement cubain est une dictature répressive et a ajouté le mensonge selon lequel « le renseignement militaire cubain et les services de sécurité de l’État maintiennent aujourd’hui au pouvoir (le président vénézuélien Nicolas) Maduro. »
En 2014, sous l’administration de Barack Obama, les dirigeants américains ont opéré un virage tactique visant à « assouplir » certains aspects de l’embargo américain. C’était une reconnaissance du fait que des décennies de tentatives d’utilisation de sanctions sévères pour étrangler la révolution avaient échoué. Leur nouvelle approche visait à étendre la portée du dollar américain à Cuba et à promouvoir la croissance des entreprises capitalistes dans ce pays. Ils espéraient que ces mesures encourageraient le « consumérisme » à Cuba et minerait la révolution.
Trump et Obama partagent le même objectif à long terme : rétablir l’emprise de l’exploitation capitaliste et du contrôle impérialiste américain.
Le gouvernement américain, sous les présidents démocrates et républicains, n’a jamais pardonné aux travailleurs de Cuba d’avoir renversé en 1959 le régime de Fulgencio Batista, soutenu par les États-Unis. Il n’a pas non plus renoncé à tenter de renverser la révolution.
Les dirigeants américains détestent particulièrement l’exemple vivant fourni par Cuba que les travailleurs et les agriculteurs peuvent prendre le pouvoir politique et ouvrir la voie à des incursions plus profondes dans les relations de propriété capitalistes.
L’arrogance impérialiste des États-Unis
Fidel Castro a déclaré à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 1960 que quand le gouvernement cubain a nationalisé des terres et des entreprises appartenant à des intérêts US, pour permettre aux travailleurs d’avoir un meilleur contrôle, le gouvernement des États-Unis a exigé « une indemnisation rapide, adéquate et réelle. »
« Cela voulait dire, a expliqué Fidel Castro, payez sur le champ, en dollars et au prix que nous demandons. »
Le gouvernement révolutionnaire cubain a bien proposé une compensation. « Nous avons simplement proposé de payer sur 20 ans, a dit Fidel Castro, avec des obligations sur 20 ans à un taux d’intérêt de 4,5 pour cent amorti annuellement. » Washington a refusé.
Avant même que les procès sous le titre III de Helms-Burton ne soient légalement autorisés, le département d’État affirme que le département du Trésor a établi que près de 6 000 réclamations pourraient déjà aller devant les tribunaux.
Le gouvernement US envisage également de mettre en œuvre le titre IV de cette loi, qui interdit l’entrée aux États-Unis à quiconque, selon Washington, a des liens avec des propriétés confisquées. Cette mesure vise à envoyer un message aux concurrents des États-Unis en Grande-Bretagne, en France, au Canada et dans d’autres pays qui ont des investissements à Cuba.
Ces gouvernements ont dénoncé les agissements de Washington.
Lors d’une réunion en Floride le 17 avril pour commémorer l’assaut de la baie des Cochons, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton a clairement indiqué que les nouvelles sanctions contre les navires et les compagnies maritimes qui transportent du pétrole du Venezuela visaient principalement à affaiblir Cuba.
Une quarantaine de navires et six entreprises qui expédiaient du pétrole du Venezuela à Cuba font maintenant l’objet de sanctions. Les cargaisons de pétrole vénézuélien vers d’autres pays, comme l’Inde, la Chine et la Russie, n’ont pas fait l’objet des mêmes restrictions.
Dans un communiqué du 17 avril, le gouvernement cubain a déclaré que Washington sait que « Cuba n’a pas de troupes au Venezuela et n’y participe pas aux opérations militaires ou de sécurité, même s’il s’agit du droit souverain de deux pays indépendants de déterminer comment coopérer en matière de défense, ce que les États-Unis n’ont pas le droit de remettre en question. »
L’écrasante majorité des quelque 20 000 volontaires internationalistes cubains qui se trouvent aujourd’hui au Venezuela sont des professionnels de la santé, des enseignants, des moniteurs et des entraîneurs de sport « et 60 pour cent sont des femmes, » selon le communiqué.
Le communiqué cite un discours prononcé par le dirigeant cubain Raúl Castro le 10 avril. « En 60 ans d’agression et de menaces, nous, Cubains, avons fait preuve d’une volonté farouche de résister et de surmonter les circonstances les plus difficiles, a-t-il déclaré. Malgré son immense pouvoir, l’impérialisme n’a pas la capacité de briser la dignité d’un peuple uni, fier de son histoire et de la liberté acquise au prix de tant de sacrifices. »
Samantha Hamlin, candidate du Parti socialiste des travailleurs à la mairie de Troy dans l’État de New York, qui a participé à la brigade du 1ermai à Cuba l’année dernière, a condamné les mesures prises par Washington.
« Pendant des décennies, la classe dirigeante des États-Unis a cherché à paralyser la révolution cubaine et à faire payer aux travailleurs et aux agriculteurs cubains la révolution socialiste, a dit Samantha Hamlin. Et pendant 60 ans, le peuple cubain a servi d’exemple aux travailleurs du monde entier. Nous exigeons que Washington mette fin à sa guerre économique contre Cuba ! »