Alors qu’ils exploitent chaque ouverture pour faire tomber Donald Trump avant les élections de 2020, les démocrates et la presse libérale ont sauté sur des enregistrements qui montraient le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Justin Trudeau et d’autres chefs de gouvernement en train de se moquer du président américain au sommet du soixante-dixième anniversaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord au Royaume-Uni, le 3 décembre.
Joe Biden, favori pour l’investiture présidentielle démocrate, a prétendu que la conduite de Donald Trump au sommet nuisait à « la position de l’Amérique dans le monde. » Max Boot s’est plaint dans le Washington Post que le sommet a montré que l’OTAN « pourrait ne pas survivre » si Trump est réélu. Les libéraux prétendent que Trump déchire l’alliance dominée par les États-Unis.
Les dirigeants capitalistes américains ont créé l’OTAN en 1949 après que Washington est sorti grand vainqueur de la deuxième guerre mondiale impérialiste. Ils espéraient ainsi empêcher les travailleurs en Europe de lutter pour prendre le pouvoir. Ils voulaient aussi faire avancer des opérations militaires contre-révolutionnaires partout où Washington voyait une ouverture. Sa première action a été de mobiliser des troupes pour la guerre des États-Unis en Corée.
Lorsque les dirigeants français ont décidé que l’alliance militaire fonctionnait à l’avantage de Washington et non au leur, ils s’en sont retirés en 1966 et ne l’ont rejoint qu’en 1995.
De ses 12 membres fondateurs l’OTAN est passée à 29, tous dévoués à la préservation du capitalisme.
Les présidents Donald Trump et Emmanuel Macron se sont affrontés lors de la réunion, ce qui reflète les intérêts de plus en plus divergents des puissances rivales qui composent « l’alliance ». Ces conflits étaient en cours bien avant que Donald Trump ne devienne président. Chaque membre de l’OTAN cherche à obtenir des avantages pour sa propre classe dirigeante dans un contexte de conflits de plus en plus aigus pour les marchés et les ressources, de guerres non résolues au Moyen-Orient, d’interventions militaires de Moscou en Europe de l’Est et en Syrie, et de la concurrence de la puissance asiatique croissante à Beijing.
Les dirigeants américains tentent de freiner leur déclin
Comme les présidents précédents, Donald Trump cherche à freiner le déclin relatif de Washington en tant que puissance impérialiste dominante dans le monde, tandis que ses « alliés » de l’OTAN en Europe espèrent continuer à s’abriter sous le parapluie militaire de Washington tout en laissant leurs propres forces armées s’affaiblir. Et c’est ce que les dirigeants américains veulent empêcher.
Emmanuel Macron a des rêves plus grandioses. Lors du sommet, il a défendu son commentaire du mois dernier selon lequel l’OTAN connaît une « mort cérébrale. » Il préconise que les membres de l’Union européenne forment leur propre alliance militaire, avec Paris à sa tête.
Il a déclaré à l’Economist que la France est spéciale, « en tant que membre permanent du Conseil de sécurité (des Nations unies), puissance nucléaire, membre fondateur de l’Union européenne, pays qui est présent à travers ses territoires d’outre-mer dans tous les continents et qui reste très présent par la francophonie. » Emmanuel Macron cherchait essentiellement à mettre en évidence les attributs du gouvernement français que son principal rival européen, Berlin, ne peut revendiquer.
« Nous sommes moins alignés sur la diplomatie américaine, a-t-il ajouté, ce qui nous donne une plus grande marge de manœuvre dans ce monde. »
La France de Macron « a plus besoin de protection que quiconque et je le vois rompre avec l’OTAN, » a déclaré Donald Trump aux journalistes avant le sommet.
Emmanuel Macron, un millionnaire méritocrate et ex-gestionnaire de fonds d’investissements qui gère maintenant les affaires de la classe capitaliste en France, a des problèmes. Près d’un million de personnes ont fait la grève et ont manifesté à travers le pays quelques jours après son retour en France pour protester contre les récentes attaques du gouvernement contre leurs retraites.
Donald Trump a utilisé le sommet de l’OTAN pour menacer d’imposer des tarifs douaniers allant jusqu’à 100 pour cent sur 2,4 milliards de dollars d’importations françaises aux États-Unis après que le gouvernement Macron a imposé une taxe sur les compagnies américaines de technologie qui opèrent en France.
Le président Trump a également rejeté du revers de la main les promesses du gouvernement allemand d’augmenter ses dépenses militaires, en le qualifiant de « délinquant ». Berlin a fait appel à une comptabilité créative en prétendant qu’il avait augmenté sa contribution à l’OTAN. Les dirigeants allemands ont compté de l’argent budgété pour de nouveaux jets pour les voyages des représentants du gouvernement et quelque 800 millions d’euros alloués à des programmes d’aide au développement à l’étranger.
Ne voulant pas être en reste, les dirigeants français ont fait de même et ont compté les budgets pour leurs gendarmes nationaux et le service d’incendie de Paris comme des dépenses pour l’OTAN.
Le sommet s’est terminé sur une déclaration qui condamnait Moscou pour ses interventions à l’étranger, réaffirmait le besoin pour les membres de l’OTAN de développer et entreposer des armes nucléaires et affirmait, pour la première fois, que l’alliance fait face à une nouvelle menace de la part de Beijing.
« La rhétorique n’est pas toujours excellente, mais la substance est parfaite, » a déclaré à la presse après la réunion Jens Stoltenberg, secrétaire-général de l’OTAN, en essayant de présenter sous son meilleur jour un rassemblement querelleur qui a démontré le désordre grandissant de l’impérialisme mondial aujourd’hui.
La campagne du Parti socialiste des travailleurs
Alors que Donald Trump, comme les administrations démocrates et républicaines qui l’ont précédé, défend les intérêts des dirigeants à l’étranger, leur système capitaliste à deux partis est frappé par une crise qui s’aggrave. Donald Trump est revenu du sommet au beau milieu de la croisade de mise en accusation par les démocrates, la dernière phase de leur effort de trois ans pour tenter de renverser l’élection de 2016.
La vraie cible de leur chasse aux sorcières est la classe ouvrière, qu’ils tiennent responsable d’avoir élu le président. Ils considèrent les travailleurs comme étant réactionnaires, « des hommes-blancs-de-gargotes, » selon le chroniqueur Paul Krugman du New York Times, qui sont animés par « l’animosité contre les immigrants. »
La première audience du comité judiciaire de la Chambre des représentants sur les articles de mise en accusation a mis en valeur de soi-disant « experts » légaux impartiaux. Mais il est rapidement devenu évident que ce n’était rien de plus qu’un autre règlement de comptes partisan. Trois des quatre « experts » appelés par les démocrates se sont révélés être eux-mêmes de fervents démocrates. La professeure Pamela Karlan est la cheffe d’un groupe d’avocats libéraux et elle a fait un don à la campagne d’Elizabeth Warren, comme elle l’a fait pour celle d’Hillary Clinton en 2016.
Ces « experts » n’ont rien fait d’autre que de donner leur bénédiction à la nécessité de se débarrasser du président aussi rapidement que possible. La cheffe de la majorité à la Chambre Nancy Pelosi a ensuite dit que le comité rédigerait rapidement les articles de mise en accusation.
Pendant que s’approfondit la crise du système des deux partis capitalistes, le Parti socialiste des travailleurs propose une liste grandissante de candidats pour les élections de 2020.
Ils font campagne pour appuyer les luttes des travailleurs, comme la grève d’Asarco en Arizona et au Texas, et pour s’opposer aux guerres des dirigeants capitalistes à l’étranger. Le Parti socialiste des travailleurs encourage les travailleurs à rompre avec les partis jumeaux des dirigeants capitalistes, les démocrates et les républicains, et à construire notre propre parti, un parti des travailleurs, afin de lutter pour prendre le pouvoir dans nos propres mains.