Lors d’une attaque antisémite très médiatisée, Malik Faisal Akram a pris quatre otages, en les menaçant avec une arme, le 15 janvier à Colleyville au Texas, lors d’un service diffusé en direct à la synagogue Congrégation Beth Israël. Il a retenu les otages, dont le rabbin Charlie Cytron-Walker, pendant 11 heures pour faire pression sur le gouvernement des États-Unis. « Je sais que le président Biden fera des choses pour les Juifs », a-t-il dit, en ajoutant : « L’Amérique ne se soucie que de la vie des Juifs. »
Pourtant, après que les otages se sont échappés et qu’Akram a été abattu par le FBI, Matthew DeSarno, qui dirige le bureau régional du FBI à Dallas, a tenté d’occulter ce qui s’était passé. Il a déclaré à la presse que l’agresseur était « singulièrement concentré sur une question et que ce n’était pas spécifiquement relié à la communauté juive ». De nombreux médias aux États-Unis ont repris cette interprétation.
Après que les dirigeants juifs et d’autres ont réagi avec colère, le FBI a dû reculer et a publié une nouvelle déclaration le lendemain, qualifiant cet évènement « d’affaire liée au terrorisme, dans laquelle la communauté juive était visée ».
Malik Faisal Akram, un citoyen britannique d’origine pakistanaise, a choisi la synagogue car elle se trouve à moins de 40 km au sud-ouest de la prison fédérale de Fort Worth où Aafia Siddiqui, une Pakistanaise qui est allée à l’université aux États-Unis, purge une peine de 86 ans, après avoir été reconnue coupable, lors d’un procès à New York en 2010, d’avoir tenté de tuer des soldats américains en Afghanistan en 2008. Le gouvernement du Pakistan et de nombreux groupes islamistes à travers le monde la présentent comme une prisonnière politique.
Une chose est certaine, c’est que Aafia Siddiqui promouvoit la haine des Juifs. Lors de son procès, elle a demandé au juge de soumettre chaque juré à des tests génétiques et d’exclure les Juifs du jury.
Malik Faisal Akram a déclaré à plusieurs reprises qu’il avait pris les otages pour obtenir la libération de Aafia Siddiqui. Il s’est entretenu deux fois avec Angela Buchdahl, une rabbin de la Synagogue centrale de New York, qui a agi comme si elle était la dirigeante de tous les Juifs des États-Unis et qu’elle avait le pouvoir d’ordonner au gouvernement des États-Unis de libérer Siddiqui.
Des flics de plusieurs services de police du nord du Texas, des escouades d’intervention tactique, le groupe national de sauvetage d’otages du FBI et d’autres agences de police sont descendus dans la région après la prise d’otages.
Gulbar Akram, le frère du preneur d’otages, qui vit à Blackburn en Angleterre, a tenté de le convaincre de déposer ses armes et de se rendre lors d’un appel téléphonique. « Ces gens que tu tiens là-bas sont des innocents, lui a dit Gulbar Akram. Tu n’as pas besoin de faire ça. »
Malik Akram a répondu qu’il prévoyait les libérer, mais a ajouté : « Je retourne chez moi dans un sac mortuaire. » Il avait laissé partir un otage plus tôt dans la journée.
Lorsque son frère a dit que la prise d’otages n’entraînerait pas la libération de Aafia Siddiqui, Akram a répondu que cela n’avait pas d’importance. « J’ouvre les portes à tous les jeunes pour qu’ils viennent en Amérique et leur fassent leur affaire. »
Charlie Cytron-Walker a expliqué à la presse qu’il avait utilisé une formation sur la sécurité qu’il avait reçue à la suite du massacre de 2018 à la synagogue Tree of Life de Pittsburgh pour aider les autres et lui-même à rester calmes et à chercher des moyens de s’enfuir. Travaillant ensemble, les otages se sont peu à peu rapprochés de la sortie au cours de la journée.
Selon l’un des otages, Jeffery Cohen, Malik Faisal Akram leur a ordonné, vers la fin, de s’agenouiller. Quand ils ne l’ont pas fait, Akram s’est retourné et a posé son arme pour verser du soda, a déclaré Cohen au Washington Post. C’est alors que Cytron-Walker a lancé une chaise sur Akram et les trois otages ont couru hors de la synagogue.
Quelques instants plus tard, des agents du FBI ont fait irruption et ont tué Akram. Il avait prétendu qu’il avait des bombes, mais il n’y en avait pas.
Théories du complot contre les Juifs
La famille de Malik Faisal Akram dit qu’il avait des problèmes de santé mentale. C’est peut-être le cas. Mais le fait qu’il ait pris des Juifs en otage et épousé des théories du complot contre les Juifs illustre le fait que l’antisémitisme se développe aujourd’hui au milieu des tensions de classe accrues causées par la crise capitaliste.
Un élément central de la haine des Juifs consiste à affirmer que les Juifs contrôlent secrètement les gouvernements, les banques, les entreprises et la vie économique dans le monde entier. Cela détourne l’attention de la véritable source de l’exploitation et de l’oppression auxquelles les travailleurs sont confrontés : le fonctionnement normal du capitalisme et la volonté des dirigeants de maximiser les profits. De telles théories du complot sont typiques des forces d’extrême droite et fascistes, ennemis mortels de la classe ouvrière et de ses alliés, mais aussi d’un nombre croissant d’antisémites au sein de la gauche.
Notant que le FBI et la plupart des médias ont d’abord refusé d’appeler l’attaque pour ce qu’elle était, Bret Stephens a souligné, dans le New York Times, qu’il « ne s’agit pas d’une simple défaillance journalistique », mais d’un fait « profondément inquiétant ». Beaucoup de Juifs aux États-Unis pensent que les choses vont bien, a-t-il noté. Mais « quiconque a une vision à long terme de l’histoire juive devrait savoir » à quelle vitesse cela « peut se transformer en ruine politique et personnelle, y compris, ou même surtout, dans des pays où cela peut sembler impensable ». Il a noté que le fait d’attaquer Israël sous le couvert de l’antisionisme est devenu « un moyen plus acceptable » de promouvoir l’antisémitisme.
« Nous, les travailleurs, et nos syndicats devons dénoncer la haine des Juifs, qu’elle vienne de la gauche ou de la droite », a dit Alyson Kennedy, porte-parole du Parti socialiste des travailleurs au Texas. « Il faut répondre aux mensonges insidieux selon lesquels les Juifs contrôlent le gouvernement ou sont responsables des maux engendrés par le capitalisme.
« C’est une question de vie ou de mort pour le mouvement syndical et la classe ouvrière.
« Aucune grande section de la classe dirigeante ne finance des groupes antisémites aujourd’hui, a poursuivi Alyson Kennedy. Mais cela changera lorsque la crise s’intensifiera, que les luttes des travailleurs et des agriculteurs s’intensifieront et que des sections de la classe dirigeante en viendront à craindre qu’un nombre croissant de travailleurs ne cherchent des moyens de mettre fin au régime capitaliste. Sur la voie pour porter au pouvoir un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs, nous, les travailleurs, et nos syndicats devrons combattre la haine des Juifs. »