MONTRÉAL — « De plus en plus d’entreprises tentent de briser les syndicats et partout les droits des travailleurs sont attaqués, » a affirmé au Militant Tom Larin, un inspecteur en grève à l’usine de maintenance de moteurs d’avions de Rolls-Royce. « Vous le voyez dans le monde entier, y compris au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis. »
Il a souligné le récent licenciement illégal de 800 travailleurs syndiqués et leur remplacement par des travailleurs intérimaires payés en dessous du salaire minimum légal par les patrons de P&O Ferries au Royaume-Uni. Il a souligné comment le gouvernement canadien a utilisé la Loi antiouvrière sur les Mesures d’urgences pour disperser les manifestations des camionneurs à Ottawa en février.
La grève des 530 travailleurs de Rolls-Royce, membres de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) du Québec, a commencé le 15 mars. « Il y a de cela 10 ans, la compagnie a dit que les travailleurs avaient une « culture toxique » et que ça devait changer, a expliqué Tom Larin. C’était comme un coup de pied dans les dents. Ils cherchaient par tous les moyens possibles à ‘économiser de l’argent pour augmenter leurs profits. Ils ont fini par s’en prendre à nos salaires, nos pensions et nos indemnités. »
Il s’agit d’une première grève pour ces travailleurs depuis les années 70, a indiqué Paul d’Amico, qui y travaille depuis 33 ans. « Pendant ce temps, les syndicats se sont grandement affaiblis. »
Les membres du syndicat ont réalisé qu’ils devaient riposter, a ajouté Tom Larin, en particulier lorsque Rolls-Royce s’est montrée réticente à négocier après l’expiration du contrat il y a deux ans. « Nous avons organisé plusieurs arrêts de travail d’une heure, une journée de débrayage et plusieurs manifestations bruyantes dans l’usine pour leur montrer à quel point nous étions mécontents, a-t-il ajouté. Ces actions nous placent dans une position plus forte pour faire la grève. »
Alors que les travailleurs se réunissaient pour voter sur un mandat de grève, l’entreprise les a informés qu’ils étaient en lock-out. Irrités par ce geste de mépris envers le syndicat, les syndiqués ont voté à 94 % pour la grève.
Les travailleurs ont dit au Militant que, pour eux, les pensions sont le plus gros problème. Même si les pensions n’ont pas augmenté depuis 10 ans, Rolls-Royce veut tout de même réduire davantage les prestations de retraite. Les patrons veulent se débarrasser du régime à prestations définies qui couvre la plupart des travailleurs et le remplacer par un régime à cotisations définies, inférieur et moins sûr.
Leur régime de retraite actuel est également à deux niveaux : le régime à prestations déterminées n’étant disponible que pour les travailleurs embauchés avant 2013. Le syndicat se bat pour mettre fin à cette situation, a affirmé Jawad Kassef, un capitaine de piquet. « Cela crée des divisions. Nous luttons pour l’égalité pour tous. C’est important pour la nouvelle génération de travailleurs. »
L’entreprise veut doubler le coût des prestations de santé pour les employés actuels et éliminer tous les avantages pour les retraités. Le syndicat réclame un contrat de cinq ans, avec des niveaux de salaire et des indemnités rétroactifs à mars 2020, date à laquelle l’ancien contrat a expiré. Cela comprend une augmentation de salaire annuelle de 5 %.
« Nous avons beaucoup concédé à l’entreprise, a poursuivi Jawad Kassef. Maintenant, nous disons que ça suffit. Cela doit cesser. »