OMAHA, Nebraska — « Je savais que ce n’était pas un vol ordinaire. C’est la manière de procéder des autorités ou de leurs amis des milices privées lorsqu’ils veulent vous envoyer un message, » a déclaré au Militant Jacob Perasso interviewé après le cambriolage de sa maison le 16 juillet. Jacob Perasso était le candidat du Parti socialiste des travailleurs (SWP) au conseil municipal du quatrième district lors des élections qui ont eu lieu ici en mai. Il milite activement en faveur des luttes des travailleurs, des luttes contre la brutalité policière et en soutien à d’autres mouvements de protestation sociale dans l’intérêt des travailleurs.
« Ils essaient de nous intimider mais nous riposterons, » a-t-il déclaré en même temps qu’il annonçait des plans pour organiser une large campagne de défense internationale.
« Ils sont tombés sur le mauvais gars, » a dit au Militant Carl Tyler, 74 ans, habitant de longue date d’Omaha-Nord, qui connaît Jacob Perasso par le biais d’un travail politique commun. « Jacob est un livre ouvert, il n’a rien à cacher. Il est attentif au bien-être des travailleurs et je me tiens aux côtés des gens comme ça. »
« Ceux qui sont derrière cette attaque contestent notre droit d’être politiquement actifs, a déclaré Jacob Perasso. Nous répondrons en intensifiant notre activité politique à Omaha et dans la région. Nous continuerons à nous porter candidats aux élections, à promouvoir les revendications dans l’intérêt des travailleurs, à faire campagne au porte-à-porte pour présenter le journal le Militant dans les quartiers ouvriers et inviter les travailleurs que nous rencontrons à rejoindre la campagne de défense. Nous ouvrirons également un bureau de campagne public.
« Poussés par l’approfondissement de la crise de leur système économique capitaliste, les patrons intensifient la production et s’efforcent de tirer vers le bas les salaires, les conditions de travail et même la dignité des travailleurs, a déclaré Jacob Perasso. Un des thèmes de notre campagne — que nous discutons avec les travailleurs et qui est bien reçu — est la nécessité de nous battre pour un programme de travaux publics financé par le gouvernement. Cela redonnerait du travail à des millions de gens pour construire des hôpitaux, des écoles, des garderies — des choses dont les travailleurs ont besoin.
« Nous appelons à une forte augmentation du salaire minimum. Sous le capitalisme, les salaires sont fixés à partir du bas, a-t-il souligné. Forcer le gouvernement à hausser le salaire minimum fera grimper les salaires de tous les travailleurs. Lutter pour ces mesures immédiates réduirait les divisions entre nous et stimulerait notre confiance en nous, rendant la classe ouvrière plus forte pour lutter contre les attaques.
« Nous présentons également aux travailleurs la campagne internationale pour libérer les Cinq Cubains, a-t-il affirmé. Ces révolutionnaires ont été la cible d’un coup monté et emprisonnés aux États-Unis pour avoir défendu la révolution cubaine contre les attaques et les provocations de groupes paramilitaires qui opèrent à partir du sol américain avec le soutien tacite de Washington. Les travailleurs de ce pays qui ont des parents et amis dans les griffes des flics, des tribunaux et des prisons peuvent s’identifier à ce coup-monté et au traitement dont ils ont été l’objet sous le système U.S. de « justice ».
« La lutte dans laquelle nous sommes impliqués ici est une opportunité pour défendre les droits politiques de l’ensemble de la classe ouvrière, » a-t-il déclaré.
Ceux qui ont organisé le cambriolage n’ont pas volé les objets de valeur bien en vue — un ordinateur portable, une liseuse numérique et un ordinateur tablette, a expliqué Jacob Perasso. Et plutôt que de cacher son intention, le coupable a voulu laisser une preuve évidente de son objectif politique, en sortant des tiroirs et des documents et en les éparpillant tout autour de la maison.
« La seule chose volée est un téléphone cellulaire qui contenait les relevés téléphoniques de gens que j’avais contactés par mail ou par téléphone lorsque que je participais à une lutte contre la brutalité policière à Omaha il y a quelques mois. Le téléphone pourrait donner des renseignements à toute personne cherchant à harceler des militants politiques, » a déclaré Jacob Perasso.
Un appel à la solidarité
« Nous répondons en faisant appel à la solidarité : une attaque contre un est une attaque contre tous. Lorsque les droits de quelqu’un sont mis en cause, nous devons tous nous lever pour défendre les droits de chacun à la liberté d’expression et d’association, » a déclaré Jacob Perasso. Le Parti socialiste des travailleurs à Omaha fait appel à tous les partisans des droits politiques, où qu’ils soient, pour qu’ils s’unissent et demandent au maire et à d’autres fonctionnaires de la ville de faire pression sur la police afin qu’elle retrouve et poursuive en justice ceux qui ont organisé le cambriolage.
La vidéo de surveillance d’un voisin a capté des images d’un homme qui observait la maison, y est ensuite entré par effraction et plus tard s’est sauvé par l’arrière. La police d’Omaha a reçu une copie de la vidéo.
En lançant la campagne de défense, les partisans du SWP ont pris connaissance du fait que d’autres personnes politiquement actives dans la région avaient déjà été harcelées.
James Dugan, étudiant à l’Université du Nebraska à Omaha et activiste aux côtés de Jacob Perasso dans la lutte contre la brutalité policière, a dit que ses pneus de voiture avaient été crevés il y a un mois. Malgré des appels répétés à la police d’Omaha, aucun flic n’est jamais venu enquêter.
Depuis le printemps, Jacob Perasso travaille avec James Dugan et d’autres gens pour réclamer des mesures contre les policiers qui ont été filmés sur une video en train de frapper et d’organiser un coup monté contre Octavious, Juaquez et Demetrius Johnson, trois frères de la communauté noire d’Omaha-Nord. Quatre policiers ont finalement été licenciés à la suite des protestations de la communauté. Nombre de ceux qui ont organisé les manifestations ont été suivis et arrêtés par la police à plusieurs reprises.
Jacob Perasso, 36 ans, qui vivait à Omaha il y a une dizaine d’années, est revenu ici en 2012 pour aider à y rétablir le parti. Il a travaillé comme ouvrier à l’usine d’abattage ConAgra ici en 2002 où, avec d’autres travailleurs du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, il a défendu les travailleurs pris pour cible par les patrons à cause de leur activité syndicale; il a lutté pour que le syndicat soit reconnu et a défendu les droits des travailleurs immigrés.
Omaha, un important centre industriel du Midwest, a été le théâtre de luttes ouvrières sanglantes depuis des décennies entre les patrons d’un côté et les cheminots et les travailleurs des salaisons de l’autre.
La région d’Omaha avait été un terrain de lutte lorsque le syndicat des Teamsters faisait campagne pour organiser les camionneurs dans les années 1930 et le syndicat reste l’un des plus grands de la région.
Omaha abrite le siège national de l’Union Pacific Railroad, de ConAgra et de Mutual of Omaha, en plus de Berkshire Hathaway appartenant à Warren Buffett. En mai, les partisans de la campagne du SWP ont participé à une action du syndicat des Mineurs unis d’Amérique (UMWA) à Omaha lors de la réunion annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway ainsi qu’à Des Moines, Iowa, devant les bureaux de la société de Warren Buffett, pour protester contre les tentatives de remettre en cause le contrat avec l’UMWA dans une filiale en Utah.
Les grandes banques, y compris la First National, ont des tentacules dans tout l’État, poussant les agriculteurs à s’endetter quand ils cherchent à obtenir un financement pour les semences et l’engrais ainsi que le matériel agricole.
Au cours des dernières décennies, les travailleurs des salaisons se sont battus contre les patrons pour syndiquer les abattoirs et se défendre contre les conditions de travail dangereuses, l’augmentation des cadences et les tentatives de les diviser en fonction de la race ou le leur statut d’immigration.
Au cours de ces luttes, les travailleurs et les militants politiques ont été confrontés à des coups montés, à des voyous à la solde de la compagnie et à la violence et aux provocations des flics.
Menaces précédentes
Cette année, quand Jacob Perasso et ses partisans ont recueilli des signatures pour qu’il puisse se présenter aux élections, ils ont eu une oreille attentive de travailleurs. Mais ils ont aussi été menacés par des ennemis politiques de la classe ouvrière.
Frank Forrestal, un partisan de la campagne, a été abordé en février dernier par un voyou qui lui a dit: « Tu mérites de mourir, espèce de bâtard communiste. »
Devant Frank Forrestal, le voyou a appelé un ami en disant: « Viens vite. On va lui faire sortir les tripes. » Afin d’éviter la confrontation, Frank Forrestal est parti.
« C’est précisément pour faire pression sur ceux qui voudraient mener de telles actions que nous devons répondre publiquement et nous battre pour le droit d’expression, » a dit Jacob Perasso au Militant.
Le rapport sur l’incident a été présenté à la Commission électorale fédérale (Federal Election Commission, FEC) avec des dizaines d’autres rapports de harcèlement envoyés par les travailleurs pour appuyer la demande du parti d’obtenir une prolongation de son exemption de fournir les noms des contributeurs à ses campagnes électorales et les exposer ainsi au harcèlement potentiel de la part des agences d’espionnage du gouvernement, des patrons et de l’extrême droite.
En avril, Le SWP a remporté une victoire importante pour les partisans de sa campagne et pour la classe ouvrière dans son ensemble lorsque la FEC, qui avait menacé de réduire ou d’éliminer les protections que le parti avait gagnées dans le passé contre la persécution, a dû reconnaître que les preuves de harcèlement passé et présent étaient plus que suffisantes pour accorder la prorogation.
Jacob Perasso fera connaître la nouvelle campagne de défense lors du Weekend noir d’août du Festival commémoratif des droits de l’homme et des prisonniers politiques qui aura lieu les 2 et 3 août au Malcolm X Memorial Foundation Center, dans Omaha-Nord. L’événement est organisé pour obtenir de nouveaux soutiens à la lutte pour la libération d’Ed Poindexter et Mondo we Langa, deux membres du Parti des panthères noires, victimes d’un coup monté et incarcérés depuis plus de 40 ans.
Jacob Perasso y parlera aussi du cas des Cinq Cubains. Il sera juste rentré de la septième Conférence continentale de solidarité avec Cuba qui s’est tenue au Venezuela du 24 au 27 juillet.
Pour savoir comment vous pouvez vous impliquer dans la lutte pour la liberté d’expression à Omaha, contactez le SWP, PO Box 7908, Omaha, NE 68107. Email: swpomaha@fastmail.com; téléphone: (402) 779-7696.