Des travailleurs agricoles protestent contre l’arrestation d’un dirigeant syndical par la police de l’immigration

Henry Dennison
le 14 avril 2025
Le 27mars, plus de 400 manifestants exigent la libération d’Alfredo « Lelo » Juarez, organisateur d’un syndicat de travailleurs agricoles, devant le Centre de détention du Nord-Ouest de la police de l’immigration ICE à Tacoma, dans l’État de Washington.
MILITANT/JACOB PERASSOLe 27mars, plus de 400 manifestants exigent la libération d’Alfredo « Lelo » Juarez, organisateur d’un syndicat de travailleurs agricoles, devant le Centre de détention du Nord-Ouest de la police de l’immigration ICE à Tacoma, dans l’État de Washington.

SEATTLE — Tôt le matin du 25 mars, Alfredo « Lelo » Juarez Zeferino, un dirigeant du syndicat de travailleurs agricoles Familias Unidas por la Justicia (Familles unies pour la justice), a été arrêté par des agents des Services de l’immigration et des douanes américains (ICE) dans le comté de Skagit, alors qu’il conduisait sa compagne au travail dans une ferme de tulipes voisine.

Rosalinda Guillen, travailleuse agricole et organisatrice qui travaille avec Familias Unidas, a déclaré à la station de radio KUOW : « Il a essayé de se défendre en ne leur parlant pas et en refusant de sortir de la voiture. Ils ont alors cassé la vitre de l’auto. »

Aujourd’hui âgé de 25 ans, Alfredo Juarez était adolescent en 2013 lorsque plus de 200 cueilleurs de baies ont débrayé à la ferme Sakuma Brothers près de Burlington pour protester contre les bas salaires et les abus de la direction. Au cours des quatre années suivantes, ils ont créé Familias Unidas por la Justicia et se sont battus pour obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions. Alfredo Juarez a aidé à diriger cet effort : dans les champs, dans des activités pour rejoindre les travailleurs et en aidant à traduire pour ses compagnons de travail en anglais, en espagnol et en mixtèque, la première langue de nombreux membres du syndicat.

Ces travailleurs ont gagné la solidarité d’autres syndicats. Les Métallos ont prêté leur salle pour que les travailleurs agricoles puissent s’y réunir, les débardeurs ont refusé de charger les baies de Sakuma Farms sur des bateaux de croisière et de nombreux autres syndiqués ont participé à leurs rassemblements, marches et autres activités.

En septembre 2016, Familias Unidas a remporté par 192 voix contre 52 une élection pour obtenir la représentation syndicale à Sakuma Farms et a obtenu sa première convention collective au mois de juin suivant, devenant ainsi la deuxième ferme de l’État de Washington à être organisée par un syndicat.

Les agents d’ICE ont emmené Juarez dans un centre de détention à Ferndale, dans le nord-ouest de l’État. Dès que la nouvelle de son arrestation a été connue, une manifestation de plus de 100 personnes a été organisée sur place.

Faviola Lopez et d’autres membres de la section locale 3000 des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce se sont joints à la manifestation. « Nous assistons à une attaque contre des dirigeants syndicaux issus de la communauté immigrante. Nous ne tolérerons pas que les travailleurs soient attaqués », a-t-elle déclaré au journal en ligne Salish Current. « Nous devons tous nous unir pour nous assurer que les droits des gens ne sont pas bafoués et que nous avons tous le droit à la dignité – au travail et à la maison – sans avoir peur pour notre propre sécurité. »

Tara Villalba, du groupe Community to Community Development, une organisation qui soutient Familias Unidas depuis le début, a également parlé à Salish Current. « Il [Juarez] participe à tout le travail d’organisation qui se fait dans la communauté des travailleurs agricoles. Il a travaillé avec les cueilleurs de jonquilles et de tulipes, et il travaille à Sakuma. »

Alfredo Juarez a ensuite été emmené au Centre de détention du Nord-Ouest d’ICE, à Tacoma. Le Conseil du travail de l’État de Washington y a organisé un rassemblement de plus de 400 personnes le 27 mars. L’action dénonçait la détention de Juarez par ICE ainsi que celle de Lewelyn Dixon, technicienne de laboratoire à l’université de Washington et membre du Syndicat international des employés de service. Dixon réside aux États-Unis depuis 50 ans et possède une carte de résidente permanente américaine. Elle a été arrêtée à son retour des Philippines où elle avait visité sa famille.

« Nous sommes ici en ce moment parce que les enjeux sont clairs », a déclaré à la foule Cherika Carter, secrétaire-trésorière du Conseil du travail de l’État. « Notre liberté de protester, de parler, de nous organiser et de gagner est attaquée. Et quand on s’attaque à l’un d’entre nous, on s’attaque à nous tous.

« Il s’agit de travailleurs immigrés détenus par ICE, mais aussi d’un système qui nous punit parce que nous élevons la voix, un système qui craint les personnes organisées plus qu’il ne craint l’injustice, a-t-elle ajouté. Un système qui s’appuie sur la peur fait taire la résistance. Le système n’est pas brisé, il fonctionne exactement comme il a été conçu : pour protéger le pouvoir des entreprises.

« Mais nous ne nous laisserons pas faire et nous n’avons pas peur, a-t-elle dit. Lorsque les membres de la classe ouvrière s’unissent, nous sommes une force qu’on ne peut arrêter. »

Community to Community Development recueille des fonds pour la défense d’Alfredo « Lelo » Juarez. Pour contribuer, allez à https://www.foodjustice.org/donate-1.