Les récents déraillements de trains transportant du pétrole de schiste de Bakken et les explosions et les morts qu’ils ont entraînées ne sont qu’un exemple de la façon dont la course aux profits du capitalisme met en danger les travailleurs sur leur lieu de travail et ceux qui vivent à proximité d’activités industrielles.
Près de 4 500 travailleurs aux États-Unis ont perdu la vie au travail en 2012, les derniers chiffres officiels publiés par le ministère du Travail. Cela fait une douzaine de travailleurs chaque jour. Et on nous tue en nombres record dans les industries du pétrole et du gaz, de la construction et des mines de charbon.
Des centaines de personnes — des cheminots, des passagers et parmi celles qui vivent près de voies ferrées — sont mortes à la suite de déraillements de train catastrophiques, depuis les explosions de trains chargés du brut de Bakken à Lac-Mégantic au Québec en juillet jusqu’à l’accident du train de passagers Metro-North au Bronx dans l’État de New York le mois dernier.
Au Dakota du Nord, où l’exploitation des gisements de pétrole et de gaz de schiste de Bakken a connu une expansion rapide, le nombre de travailleurs tués a bondi de 45 pour cent — le taux de mortalité le plus élevé au pays.
Dans le cadre d’une concurrence capitaliste impitoyable, les patrons poussent leurs salariés à travailler plus et plus longtemps, avec de moins en moins de formation et sans le moindre égard pour la sécurité. Un travailleur est tué tous les trois jours dans cette industrie.
Les travailleurs du monde entier y font face. Lors de l’effondrement d’un édifice au Bangladesh l’an dernier, 1 127 travailleurs du vêtement ont été tués. Quelque 15 000 travailleurs sont tués chaque année en Inde par des trains de marchandise et des trains de banlieue, 6 000 par le seul système de transport en commun de la banlieue de Mumbai. Une commission nommée en 2012 par les patrons du rail eux-mêmes a tenu les entreprises responsables de ce qu’ils ont appelé un « massacre sur leur système ferroviaire. » Le gouvernement chinois a rapporté que les améliorations de sécurité avaient réduit les « accidents » miniers mortels l’année dernière à 1 049 mineurs.
Le phénomène se produit aussi bien dans les industries dont la production augmente que dans celles où la production baisse. Dans le boom pétrolier du Dakota du Nord, les patrons sont poussés à maximiser la production et les profits au détriment de la vie et de l’intégrité physique. Les mineurs dans les bassins houillers en déclin de la Virginie de l’Ouest sont confrontés au taux de mortalité le plus élevé de l’industrie à mesure que les patrons licencient et cherchent à extraire le maximum de profits des mineurs qui restent, en s’en prenant à leurs syndicats et aux moyens de sécurité.
Les patrons et les politiciens, auxquels les « régulateurs » gouvernementaux sont redevables, s’assurent que ces derniers restent sans pouvoir. Depuis 1970, l’Administration de la sécurité et de la santé au travail (OSHA) n’a engagé de poursuites pour la mort de travailleurs que contre 84 entreprises. Au cours de cette période, selon l’OSHA, 390 000 travailleurs sont morts au travail.
Seuls la classe ouvrière et ses alliés ont intérêt à organiser la production de façon à protéger la vie et l’intégrité physique, non pas pour maximiser les profits. La seule façon d’obtenir plus de contrôle sur la santé et la sécurité au travail est d’utiliser la force collective des travailleurs. Nous devons créer des syndicats et utiliser le pouvoir syndical afin de lutter pour contrôler les conditions de travail et la sécurité d’autrui.