Walmart et Amazon se battent pour la première place et les travailleurs en paient le prix

Jim Bradley
le 18 septembre 2017

La compétition féroce entre les géants du détail Walmart et Amazon s’accentue et le reste du marché du détail fait face à une crise grandissante. Des concurrents comme Macy’s ferment des magasins à travers le pays et les propriétaires de centres d’achats trouvent de moins en moins de clients.

Ce processus continuel de monopolisation est fondé sur des employeurs qui haïssent les syndicats et qui se battent pour garder un contrôle rigide sur les salaires et les horaires des travailleurs pour extraire le maximum de profits tout en gardant les prix assez bas pour mettre à mal la concurrence.

Ces développements se déroulent avec pour toile de fond la crise économique qui s’approfondit pour le capitalisme américain et mondial.

Les deux colosses essaient tous deux de devenir plus l’un comme l’autre pour mieux pouvoir se faire compétition ; Amazon a acheté Whole Foods et a ouvert des librairies physiques alors que Walmart a avalé Jet.com pour aider les patrons à pousser plus loin dans le commerce électronique.

Au même moment, comme le un article de l’édition du 21 mars du Business Insider  intitulé « L’apocalypse du détail a officiellement commencé aux États-Unis » le rapporte : « Des milliers de magasins opérant dans les centres commerciaux ferment leurs portes dans ce qui est rapidement en train de se transformer en la plus grande vague de fermetures de détail en plusieurs décennies. » JCPenney ferme 138 magasins, soit 14 pour cent de ses emplacements. Sears ferme 150 magasins Sears et Kmart. On prévoit la fermeture de plus de 3 500 magasins dans les deux prochains mois.

Un des facteurs qui explique la capacité de Walmart à battre ses rivaux est sa vaste portée. La chaîne se targue d’avoir des magasins à moins de 16 kilomètres de 90 pour cent de la population américaine. Ses fortes ventes d’épicerie génèrent plus de 50 pour cent de ses revenus.

Face à cela, Kroger Co., le plus grand conglomérat d’épiceries,fait état de ventes ayant plongé de 35 pour cent cette année, soit des pertes de plus sept milliards de dollars en valeur.

Amazon, le chef-de-file dans le commerce électronique avec 43 pour cent de toutes les ventes en ligne au détail, essaie d’affronter Walmart. Dirigé par Jeffrey Bezos, qui possède aussi le Washington Post,  Amazon tente d’étendre sa portée, en sacrifiant des possibilités de profits substantiels immédiats dans une quête de profits monopolistiques plus tard. Les profits d’Amazon dans le deuxième trimestre de cette année étaient en baisse de 77 pour cent par rapport à l’année précédente.

Pour faire concurrence, Walmart a perdu près d’un dixième de sa valeur de 200 milliards de dollars sur le marché boursier il y a deux ans après avoir déclaré que ses investissements dans le commerce électronique et des salaires plus élevés pour les employés diminueraient ses profits durant les quelques prochaines années.

Les patrons de ces deux sociétés sont experts dans l’utilisation de la taille de leurs parts de marché pour forcer les fabricants à réduire drastiquement leurs prix pour avoir le « privilège » d’avoir leurs produits en stock.

Et les deux mettent en place de nouvelles façons de réduire leurs coûts pour piquer des parts de marché à l’autre. En 2016, Walmart a lancé un programme pilote qui consiste à payer les travailleurs en heures supplémentaires pour la livraison de colis sur le chemin du retour après leur travail.

Les patrons des deux entreprises se penchent sur l’utilisation des drones pour les livraisons. Le clan des Walton, les principaux propriétaires de Walmart, a récemment sorti un brevet sur la construction d’une flottille de ballons dirigeables à usage d’entrepôts qui pourraient planer à 150 mètres au-dessus des villes et expédier des flottes de drones pour livrer votre commande. Amazon a sorti un brevet similaire l’an dernier, basé sur un navire mère qui se déplace à 13 000 mètres d’altitude.

Au début du mois d’août, Amazon a tenu une journée de recrutement dans tout le pays pour 50 000 travailleurs d’entrepôt à temps plein et projette un effectif de 300 000 travailleurs au milieu de l’année prochaine. Walmart a un effectif de 1,2 millions d’employés dans 4 500 magasins US.

Face à cette offensive, les seuls autres commerces de détail qui cherchent encore à se développer sont les magasins discount comme Aldi dans les denrées alimentaires et TJX (T.J. Maxx et Marshalls) et Ross Stores dans les vêtements et d’autres marchandises. Les trois plus grandes chaînes de magasins « Dollar » (Dollar General, Family Dollar et Dollar Tree) revendiquent maintenant jusqu’à 28 000 magasins.

La concurrence acharnée des patrons est basée sur le maintien à tout prix des syndicats à l’extérieur de l’entreprise pour maintenir les bas salaires des « associés » et contrôler étroitement leurs horaires. Walmart dispose d’un réseau national de centres de formation où les superviseurs et chefs de service sont envoyés suivre une formation spéciale pour apprendre le « leadership », c’est-à-dire comment gérer la main d’œuvre pour en tirer le maximum. La société affirme que plus de 140 000 employés de niveaux moyen et supérieur se rendent en formation chaque année.

Les salaires d’embauche pour les travailleurs de Walmart et d’Amazon sont actuellement au-dessus du salaire minimum fédéral de 7,25 $ de l’heure, ce qui est en partie le reflet de la lutte des travailleurs dans la restauration rapide et d’autres industries ces dernières années pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure.

Ce dont les travailleurs à Walmart et Amazon ont besoin plus que toute autre chose est la syndicalisation, de pouvoir s’organiser pour se défendre et promouvoir leurs intérêts contre les patrons.