États-Unis, ne touchez pas au Venezuela ! États-Unis, ne touchez pas à Cuba !

Washington intensifie ses menaces de guerre après que la tentative de coup d'État a échoué

Seth Galinsky
le 13 mai 2019

Au lendemain de l’échec d’un coup d’État au Venezuela, soutenu par les États-Unis et présenté comme un « soulèvement » par le personnage central de l’opposition pro-impérialiste Juan Guaidó, Washington intensifie les menaces contre Cuba révolutionnaire. Le Parti socialiste des travailleurs a lancé un appel à l’action, encourageant les travailleurs à s’organiser et à se joindre à des manifestations, des forums et d’autres actions pour demander : États-Unis, ne touchez pas au Venezuela ! Ne touchez pas à Cuba !

La tentative de Juan Guaidó de renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro le 30 avril a été son action la plus provocatrice à ce jour. Le « président par intérim » autoproclamé s’est présenté devant une base militaire à Caracas accompagné d’un petit groupe de déserteurs de la Garde nationale et a appelé les responsables de l’armée à renverser le gouvernement.

Juan Guaidó et des responsables des États-Unis ont répandu des rumeurs selon lesquelles des haut-gradés de l’armée avaient accepté de soutenir un coup d’État. Mais la tentative a échoué après un court échange de tirs. Plusieurs officiers supérieurs prétendument prêts à déserter ont plutôt annoncé qu’ils appuyaient le gouvernement. Le lendemain, Guaidó et les défenseurs du gouvernement ont organisé des rassemblements concurrents.

Le président Donald Trump et d’autres responsables de l’administration ont menacé le gouvernement et le peuple cubains. « Si les soldats cubains et leur milice ne CESSENT pas immédiatement les opérations militaires ou autres ayant pour but de causer la mort et la destruction de la Constitution du Venezuela, un embargo complet et total, assorti de sanctions de plus haut niveau, seront imposés à l’île de Cuba, » a menacé Donald Trump dans un tweet le 30 avril. « Espérons que tous les soldats cubains retourneront rapidement et pacifiquement dans leur île ! »

Mais le gouvernement américain sait pertinemment que les 20 000 volontaires internationalistes cubains au Venezuela sont en très grande majorité des médecins, infirmières, instructeurs de sport et de danse et enseignants. De nombreux travailleurs estiment beaucoup ce qu’ils font dans certains des quartiers les plus pauvres et des régions les plus isolées du Venezuela.

Washington impose un embargo à Cuba depuis peu après le renversement de la dictature de Fulgencio Batista par les travailleurs en 1959. Cet embargo a été parfois plus serré, parfois moins serré. Les dirigeants américains, quel que soit leur parti à la Maison-Blanche, n’ont jamais pardonné au peuple cubain d’avoir porté au pouvoir un gouvernement de travailleurs et d’agriculteurs.

La Maison-Blanche a récemment annoncé des mesures visant à resserrer l’embargo, y compris un plafonnement des transferts de fonds effectués par des Cubains vivant aux États-Unis à des proches sur l’île et la possibilité pour les citoyens américains de poursuivre en justice concernant des propriétés expropriées pendant la révolution. Washington a également annoncé qu’il restreindrait les voyages à Cuba mais n’a pas encore précisé de quelle façon.

Seule une action navale pourrait permettre d’appliquer un embargo « complet », ce qui serait considéré comme un acte de guerre par tout pays de la planète visé par une telle action militaire. Cependant, la Maison-Blanche n’a encore pris aucune mesure pour mettre en œuvre cette menace. Il est dans l’intérêt de classe des travailleurs et travailleuses à Cuba, aux États-Unis et dans le monde entier de s’assurer que Washington ne le fasse jamais.

Le président cubain Miguel Díaz-Canel et le ministère des Affaires étrangères ont émis des déclarations condamnant la violation flagrante par les États-Unis de la souveraineté du Venezuela et ses mensonges et menaces contre Cuba.

Le secrétaire d’État Mike Pompeo a déclaré qu’« une action militaire est possible. Si c’est ce qui est requis, c’est ce que les États-Unis feront. » Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, a déclaré à MSNBC que « toutes les options sont ouvertes » au Venezuela, tout comme le général Joseph Dunford Jr., chef de l’état-major interarmées. Le secrétaire à la Défense par intérim, Pat Shanahan, a annulé un voyage en Europe pour rester au Pentagone.

Il n’y a pas que les alliés républicains de Donald Trump qui soutiennent les menaces. Le 30 avril, le candidat démocrate à la présidence et ancien vice-président, Joe Biden, a déclaré : « Les États-Unis doivent soutenir l’Assemblée nationale et Juan Guaidó dans leurs efforts pour restaurer la démocratie. » La présidente démocrate de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, a appelé Nicolás Maduro à « reconnaître la volonté du peuple vénézuélien. »

Les gouvernements et les peuples de Cuba et du Venezuela entretiennent des relations étroites depuis 1998, lorsque Hugo Chávez a été élu à la présidence du Venezuela, au milieu d’une montée des luttes des travailleurs. Des milliers d’internationalistes cubains ont aidé à mettre en place des programmes sociaux dans ce pays et Caracas a fourni à Cuba du pétrole bon marché.

L’opposition soutenue par les États-Unis a tenté un coup d’État contre Hugo Chávez en 2002. Elle s’appuie sur la profonde crise économique et sociale au Venezuela pour obtenir le soutien nécessaire au renversement du gouvernement. Elle cherche surtout à gagner le corps des officiers militaires.

La politique des gouvernements d’Hugo Chávez et de Nicolás Maduro a exacerbé la crise. Ils ont cherché à « réguler » les relations capitalistes. Pendant ce temps, de nombreux membres de l’appareil d’État et du parti au pouvoir se sont enrichis. Il existe aujourd’hui une pénurie généralisée d’aliments et de médicaments et une inflation galopante. Des millions de travailleurs et de gens des classes moyennes ont fui le pays.

Washington fait pression sur Moscou pour que Nicolás Maduro démissionne. Le 1er mai, le New York Times citait un rapport du département d’État selon lequel Mike Pompeo aurait dit au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que les relations amicales entre Moscou et le gouvernement de Nicolás Maduro « déstabilisent » les « relations bilatérales américano-russes. »

La compagnie pétrolière d’État russe a lourdement investi dans l’industrie pétrolière du Venezuela, notamment sous forme de prêts de plusieurs milliards de dollars.

Washington ne présente aucune offre de relations plus amicales avec La Havane, quel que soit le déroulement de la lutte au Venezuela, et les travailleurs à Cuba le savent.

« Des millions de Cubains sont descendus dans les rues mercredi [1er mai] pour protester contre les nouvelles sanctions imposées à l’île des Caraïbes par l’administration Trump et contre les efforts des États-Unis pour renverser le gouvernement de l’allié socialiste vénézuélien, » a rapporté l’agence Reuters.