MONTRÉAL — Les Juifs de la région de Montréal ainsi que d’autres régions du Canada, des États-Unis et d’ailleurs, se font attaquer et accuser sur des bases antisémites de répandre l’épidémie de la COVID-19. Le gouvernement du Québec a mis la province en confinement, y compris en interdisant tous les rassemblements.
Les congrégations juives hassidiques situées dans le quartier Outremont ont été accusées de violer le décret. Au cours de la semaine dernière, la police a effectué des descentes dans trois synagogues de l’arrondissement après avoir reçu des appels qui prétendaient qu’il y avait des gens à l’intérieur.
Les policiers de Montréal ont envoyé huit voitures de police à l’une des synagogues, comme s’ils faisaient face à une menace sérieuse.
« Dans chaque cas, c’était faux, » a dit Alain Picard, porte-parole du Conseil des Juifs hassidiques du Québec, au journal Montreal Gazette. « La police est venue et a découvert qu’il n’y avait personne dans les synagogues. » Toutes les synagogues sont fermées dans la région de Montréal, a-t-il indiqué.
Selon Alain Picard, les supposés rassemblements étaient probablement des gens qui attendaient en file devant une épicerie juive voisine. Il a dénoncé toute « tendance à associer les Juifs à la maladie, » et a dit à tous ceux qui le font, surtout auprès de la police : « Vous devez cesser de nous stigmatiser. »
« La maladie frappe tout le monde, peu importe la religion, la couleur, la langue ou l’âge, » a ajouté Alain Picard.
Toutefois, le Journal de Montréal, un quotidien francophone important, continue de répandre ce mensonge antisémite selon lequel ces rapports de rassemblements secrets seraient vrais.
« Nous devons refuser de laisser des religieux illuminés défier les directives qui nous imposent ce confinement si pénible, si anxiogène, mais si nécessaire, » a écrit Denise Bombardier, une chroniqueuse importante du Journal, au sujet des Juifs hassidiques le 3 avril.
« On a blâmé les Juifs pour la peste noire et pour d’autres épidémies » remontant au moyen âge, a rappelé en entrevue au Militant Alexender Werzberger de la Coalition des organisations hassidiques d’Outremont. « Ils affirmaient que les Juifs avaient empoisonné les puits pour répandre la maladie. » Il a ajouté qu’on a aussi calomnié et blâmé les Chinois pour avoir répandu la COVID-19.
Alain Picard a dit que le 29 mars à Boisbriand, le gouvernement a imposé la quarantaine à la communauté juive hassidique Tosh, qui comprend 4 000 personnes, après que 27 membres ont été déclarés positifs à la COVID-19. La police obligent maintenant les Juifs de la ville à rester dans leurs maisons. Ils ne peuvent aller faire leurs emplettes ni marcher, même s’ils n’ont aucun symptôme. Quiconque veut entrer et sortir du quartier doit montrer ses pièces d’identité aux policiers et aux gardes qui sont postés autour.
Quelque 200 membres de la communauté Tosh se sont rassemblés le 7 avril lorsqu’on a empêché un camion qui apportaient des provisions pour la Pâque juive d’entrer à Boisbriand. Ils ont dénoncé leur confinement forcé.
Pierre-Luc Filion et Steve Penner, candidats de la Ligue communiste lors des dernières élections fédérales, ont émis une déclaration le 8 avril qui condamne la campagne contre les Juifs.
« Nous invitons tous les travailleurs, leurs syndicats et tous les défenseurs des droits démocratiques à se joindre à nous pour dénoncer les attaques qui accusent les Juifs de répandre l’épidémie de COVID-19, ont-ils dit. La lutte contre la haine des Juifs et l’antisémitisme est une question de vie ou de mort pour la classe ouvrière.
« Faire des Juifs des boucs émissaires pour les problèmes économiques et sociaux et la violence que ce fléau engendre sont vieux de plusieurs siècles — ainsi que l’affirmation que les Juifs répandent les maladies. La haine des Juifs persiste sous le capitalisme et s’embrase beaucoup plus fortement en période de crise économique et sociale, alors que les tensions de classe s’intensifient. »
Le but de cette haine des Juifs est de « créer un bouc émissaire pour nous empêcher de voir le véritable ennemi — le système capitaliste lui-même.
« Nous ne sommes pas à la veille d’un mouvement fasciste de masse aujourd’hui. Mais de plus grandes crises et batailles de classe se préparent.
« La seule façon de mettre fin à jamais à la haine des Juifs, c’est de renverser le système capitaliste, concluent Steve Penner et Pierre-Luc Filion. Cela ne peut être fait que par une classe ouvrière sûre d’elle-même, en alliance avec les agriculteurs, qui arrache le pouvoir à la classe capitaliste et se joint à la lutte pour un monde socialiste. »