Téhéran et le Hezbollah menacent les Israéliens d’une guerre plus large

Seth Galinsky
le 12 août 2024
« Allah rassemble tous les sionistes pour la “Solution finale” », dit cette pancarte brandie par un partisan du Hamas lors d’une manifestation à Washington contre le premier ministre israélien Nétanyahou, qui s’adressait alors au Congrès le 24 juillet. Elle montre que l’« antisionisme » est simplement la haine des Juifs dans la tradition nazie.
ELIAH GOLDBERG« Allah rassemble tous les sionistes pour la “Solution finale” », dit cette pancarte brandie par un partisan du Hamas lors d’une manifestation à Washington contre le premier ministre israélien Nétanyahou, qui s’adressait alors au Congrès le 24 juillet. Elle montre que l’« antisionisme » est simplement la haine des Juifs dans la tradition nazie.

L’attaque au missile du Hezbollah contre Majdal Shams, dans le Golan sous contrôle israélien, a tué 12 garçons et filles arabes druzes et en a blessé 16 autres sur un terrain de football le 27 juillet. L’attaque barbare du groupe, soutenu par Téhéran, a accru la menace d’une guerre plus large.

Ce danger a été accentué après la mort du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d’une attaque attribuée à Israël contre une maison d’hôtes à Téhéran le 31 juillet.

Le secrétaire d’État Antony Blinken a insisté auprès d’Israël pour qu’il n’exerce pas de représailles majeures, craignant que cela ne compromette la stabilité recherchée par Washington pour promouvoir ses propres intérêts dans la région y compris en acquérant des marchés et des ressources pour les dirigeants américains.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est rendu à Majdal Shams le 29 juillet et a dit aux dirigeants druzes : « Ces enfants sont nos enfants. » Il a promis des représailles. Un jour plus tard, l’armée israélienne a tué un haut commandant du Hezbollah, Fuad Shukr, lors d’une frappe aérienne dans une banlieue de Beyrouth.

Le Hezbollah, élément clé de « l’axe de la résistance » des dirigeants iraniens, a lancé du Liban plus de 6 000 missiles, drones et autres projectiles sur le nord d’Israël depuis le 8 octobre, le lendemain du pogrom meurtrier du Hamas. Son objectif est de forcer Israël à accepter un cessez-le-feu à Gaza, ce qui permettrait au Hamas de se rétablir et de préparer d’autres pogroms antijuifs. Il a aussi pour objectif de forcer Israël à accepter sa présence permanente près de la frontière, ce qui est un poignard menaçant l’existence même du peuple juif en Israël.

Le réseau d’information pro-Téhéran, Resistance News Network, a immédiatement publié des vidéos de l’attaque de Majdal Shams. Il a affirmé qu’il y avait « 11 colons blessés » et s’est vanté que « plus de 100 roquettes ont été tirées depuis le Sud-Liban au cours de la dernière heure ». Mais lorsqu’il s’est rendu compte que les personnes tuées et blessées étaient des Arabes druzes et non des Juifs, il a changé son fusil d’épaule et a accusé Israël.

Il y a environ 300 000 Druzes au Liban, 700  000 en Syrie et 140 000 en Israël. Le Hezbollah et Téhéran craignent la réaction des Druzes du Liban et de la Syrie. Bien qu’ils ne soutiennent pas Téhéran, les Druzes du Liban et de la Syrie ne s’étaient pas soulevés pour s’opposer au cours politique de Téhéran et à sa haine des Juifs au cours des dernières années.

Certaines agences de presse américaines ont aidé à dissimuler l’attaque du Hezbollah. Le 29 juillet, le Washington Post titrait en première page : « Israël frappe des cibles au Liban : les frappes contre les installations du Hezbollah ont été étouffées par les appels internationaux à la retenue. »

Pour ajouter à cette vision déformée, le journal a publié, juste au-dessus du titre, une photo de membres d’une famille en deuil à Majdal Shams. La légende indiquait que « le groupe militant soutenu par l’Iran nie tout lien avec l’attaque ». Deux jours plus tard, le Post a finalement admis que tout semble indiquer que le Hezbollah est responsable de l’attaque.

Le parti pris anti-israélien n’est pas une surprise. Depuis le pogrom du 7 octobre, le Post a concentré sa couverture non pas sur les actions meurtrières et nazies du Hamas, mais sur de fausses accusations selon lesquelles Israël commettrait un génocide à Gaza.

Nétanyahou s’adresse au Congrès américain

L’attaque de Majdal Shams a eu lieu quelques jours après que Benyamin Nétanyahou s’est adressé au Congrès américain le 24 juillet.

En tant que principal dirigeant du gouvernement capitaliste israélien, Nétanyahou a appelé les partis impérialistes américains à soutenir Israël afin de lutter contre la haine des Juifs et empêcher Téhéran d’étendre son influence réactionnaire dans la région. Avec ou sans le soutien de Washington, a-t-il indiqué, « Israël se défendra toujours ».

« Trois mille terroristes du Hamas ont fait irruption en Israël » le 7 octobre, a-t-il rappelé, appelant à un soutien populaire plus large aux États-Unis et dans le monde entier. « Ils ont massacré 1 200 personnes originaires de 41 pays.

« Ces monstres ont violé des femmes, décapité des hommes, brûlé des bébés vivants, tué des parents devant leurs enfants et des enfants devant leurs parents. Ils ont traîné 255 personnes, vivantes ou mortes, dans les sombres cachots de Gaza. »

Nétanyahou a souligné la présence dans l’assistance de quatre soldats des Forces de défense israéliennes qui ont fait preuve d’un grand courage dans la lutte contre le Hamas, dont un immigrant éthiopien et un Arabe bédouin.

« Les hommes et les femmes des Forces de défense israéliennes viennent de tous les coins de la société israélienne, de toutes les ethnies, de toutes les couleurs, de toutes les croyances, de la gauche et de la droite, religieux ou laïques », a-t-il déclaré.

Dans son appel à l’appui des dirigeants américains, il les a exhortés à considérer Israël comme un rempart permettant de défendre les intérêts de Washington contre Téhéran et ses mandataires du Hamas, du Hezbollah et des houthis, qui cherchent à éradiquer Israël et le peuple juif.

Mais les dirigeants impérialistes américains se concentrent sur la promotion de leurs propres intérêts économiques et politiques, et non sur la lutte contre la haine des Juifs ou la défense d’Israël en tant que refuge pour les Juifs.

La candidate du Parti démocrate Kamala Harris a boycotté de manière démonstrative l’intervention de Benyamin Nétanyahou, tout comme environ 50 % de ses collègues démocrates du Congrès et du Sénat.

Le lendemain, Kamala Harris a rencontré Nétanyahou à la Maison-Blanche. Rompant avec le protocole diplomatique, elle a ensuite tenu sa propre conférence de presse, sans en informer Nétanyahou.

« Je veillerai toujours à ce qu’Israël soit en mesure de se défendre », a-t-elle affirmé, avant d’en venir à son point principal, qui était d’exiger d’Israël un cessez-le-feu maintenant, soit avant que le Hamas ne soit vaincu. « Je ne resterai pas silencieuse face à la souffrance humaine à Gaza », a-t-elle déclaré, sans mentionner une seule fois que cette souffrance est le résultat du fait qu’en plaçant ses postes de commandement dans des écoles, des mosquées et des bâtiments de l’ONU et en refusant de libérer les otages restants, le Hamas continue d’utiliser les civils comme boucliers humains.

Les Druzes au Liban, en Syrie et en Israël

Les Druzes sont un peuple arabophone qui a sa propre religion. Ils font partie d’Israël depuis sa création en 1948, lorsque des milliers de Juifs ayant survécu à l’Holocauste se sont vus refusée l’entrée par Washington et d’autres puissances impérialistes et ont émigré vers ce qui est devenu Israël. Aux côtés des forces dirigées par Amin al-Husseini, grand mufti de Jérusalem et collaborateur d’Adolf Hitler pendant la Deuxième Guerre mondiale, les dirigeants arabes bourgeois et les groupes islamistes ont attaqué le nouvel État juif. Les Druzes ont choisi de se ranger aux côtés d’Israël et sont devenus des citoyens israéliens. La plupart des hommes druzes servent fièrement dans les Forces de défense israéliennes.

Mais l’histoire des Druzes sur le plateau du Golan est différente. Jusqu’en 1967, lorsque les forces israéliennes ont repoussé l’invasion de l’armée égyptienne et d’autres régimes arabes, le plateau du Golan faisait partie de la Syrie. Les Israéliens ont vaincu ces armées en six jours, prenant le contrôle du plateau du Golan, de la Cisjordanie et de l’ensemble de Jérusalem.

Pendant des décennies, les Druzes du Golan se sont considérés comme des citoyens syriens vivant sous occupation israélienne. Mais au fil du temps, nombre d’entre eux se sont intégrés à la société israélienne, en particulier les jeunes. Aujourd’hui, quelque 20 % d’entre eux sont des citoyens israéliens.

Certains Druzes, en colère contre le traitement discriminatoire du gouvernement et ce qu’ils considèrent comme une action insuffisante pour mettre fin à des mois d’attaques du Hezbollah dans le nord, ont chahuté Benyamin Nétanyahou lorsqu’il est venu leur rendre hommage. D’autres ont convenu que le Hezbollah « devrait être écrasé ».

Les citoyens juifs d’Israël se sont solidarisés avec les victimes druzes du Hezbollah. Ynetnews rapporte que « d’innombrables citoyens se sont rendus en pèlerinage sur le terrain de jeu local, déposant des bouquets de fleurs ou attachant des rubans noirs à la clôture carbonisée » où la roquette a frappé.

« Nous sommes tous frères et formons un seul peuple », a déclaré Shmuel Hazan au journal, alors qu’il visitait le site. « Nous devons simplement nous renforcer et nous soutenir mutuellement. »