Les dirigeants U.S. pressent l’Ukraine de cesser de lutter pour sa souveraineté nationale

Roy Landersen
le 21 octobre 2024
Des logements bombardés par Moscou à Vouhledar, dans la région du Donetsk en Ukraine. Après l’évacuation de la plupart des résidents de cette ville minière, où des combats ont eu lieu pendant la plus grande partie de la guerre, les forces ukrainiennes se sont retirées le 1er octobre. Les troupes russes y ont subi de grandes pertes.
POLICE NATIONALE DE L’UKRAINEDes logements bombardés par Moscou à Vouhledar, dans la région du Donetsk en Ukraine. Après l’évacuation de la plupart des résidents de cette ville minière, où des combats ont eu lieu pendant la plus grande partie de la guerre, les forces ukrainiennes se sont retirées le 1er octobre. Les troupes russes y ont subi de grandes pertes.

Les dirigeants U.S. font pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il renonce à gagner la restauration complète de ses frontières souveraines, après plus de deux ans et demi d’invasion et de guerre par Moscou. L’objectif de Washington est de promouvoir ses propres intérêts impérialistes dans la région, pas de défendre la souveraineté de l’Ukraine.

L’administration du président Joseph Biden est le principal fournisseur militaire de Kiev. Mais il ne fournit que le nécessaire pour que les forces ukrainiennes évitent la défaite, et pas assez pour repousser de manière décisive l’invasion du président russe Vladimir Poutine. Washington et ses alliés espèrent que Kiev, avec beaucoup moins d’armes et d’effectifs, sera forcé de faire des concessions.

Le 26 septembre, alors qu’il se trouvait aux États-Unis pour prendre la parole aux Nations Unies, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré Joseph Biden. Il lui a demandé des livraisons d’armes américaines plus nombreuses et plus rapides, sans restriction sur leur utilisation contre des cibles militaires à l’intérieur de la Russie. La Maison-Blanche a promis d’augmenter l’aide militaire, mais en imposant des contraintes strictes sur son utilisation.

Les dirigeants U.S. pressent Kiev de faire des compromis

Le président Zelensky a également rencontré les deux candidats à l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris et Donald Trump. L’ancien président a déclaré qu’il était convaincu de pouvoir négocier « assez rapidement » un accord favorable entre Zelensky et Poutine.

Kamala Harris affirme que le plan de Donald Trump est de forcer l’Ukraine à « se rendre ». Mais en réalité, démocrate ou républicain à la Maison-Blanche, les projets des familles dirigeantes américaines pour la région restent globalement les mêmes.

L’objectif primordial de Washington est de stabiliser la région pour faire avancer ses propres intérêts politiques, économiques et militaires. Les dirigeants U.S. ont profité de la guerre pour étendre la portée de leurs propres forces militaires en Europe et celle de l’alliance de l’OTAN dirigée par les États-Unis. Ils sont en train de réaffirmer leur position en tant que puissance militaire dominante sur le continent en préparation de nouvelles guerres sanglantes.

La presse libérale soutient ces objectifs. Le New York Times a publié un article ayant pour titre : « Alors que la guerre s’assombrit, de plus en plus d’Ukrainiens semblent ouverts à un accord de paix ». En fait, les travailleurs ukrainiens se sont battus et continuent de se battre avec beaucoup plus de courage et de détermination qu’aucun politicien capitaliste ou commentateur américain ne le pensait au début de l’invasion.

Les puissances capitalistes européennes font également pression sur l’Ukraine pour qu’elle fasse des concessions. « Nous devons mettre fin à cette guerre », a carrément déclaré à l’ONU la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, le 25 septembre. Berlin a considérablement réduit son aide militaire à l’Ukraine en 2025 et impose aussi des restrictions sur l’utilisation des armes à longue portée qu’elle fournit à Kiev.

Au prix de pertes massives dans des attaques suicidaires par vagues humaines, Moscou fait aujourd’hui de petites avancées sur le front de l’Est. Presque tous les 5 000 soldats de la 155e brigade d’infanterie de la marine russe ont été tués, gravement blessés ou capturés au cours de la bataille de Vouhledar, qui a duré des années. Le 1er octobre, les forces russes ont pris la ville minière située au sommet d’une colline, après le retrait des unités ukrainiennes pour éviter d’être encerclées.

Un soldat russe de 31 ans qui s’est rendu aux forces ukrainiennes le 29 août a dit au Wall Street Journal: « Il n’y a pas de moral. Tout le monde a peur. Les commandants disent : “ Plus vite, plus vite, plus vite ” ».

« Leurs commandants n’ont aucune pitié pour eux », a dit Vodoliy, un capitaine de compagnie ukrainien, au Wall Street Journal. « Notre moral est bien meilleur. Mais ils sont plus nombreux. »

Le 4 octobre, Kiev a indiqué que plus de 2 000 soldats russes avaient récemment contacté sa ligne directe « Je veux vivre », cherchant un moyen de se rendre. Plus d’un million de personnes, y compris des parents de soldats, ont cherché des informations sur le site web de ce service, que Moscou tente de bloquer.

Les travailleurs russes sont des alliés naturels

L’opposition croissante à la guerre parmi les travailleurs russes, en uniforme ou pas, souligne le fait qu’ils sont les alliés dont le peuple ukrainien a besoin dans sa lutte pour vaincre l’assaut de Poutine, et non pas Washington et les autres puissances impérialistes. La solidarité des travailleurs du monde entier, y compris des États-Unis, est également importante.

Deux mois après que les forces ukrainiennes ont lancé leur incursion dans la région de Koursk en Russie, elles n’ont pas été repoussées. Au cours de cette première invasion du territoire russe depuis la Deuxième Guerre mondiale, des centaines de conscrits russes se sont rendus.

Les frappes ukrainiennes s’étendent plus profondément en Russie. Des drones et des missiles atteignent des cibles militaires à des centaines de kilomètres du front. De Moscou à la péninsule occupée de la Crimée, des dizaines d’installations pétrolières ont été touchées. Contrairement aux frappes de Moscou, elles ne visent pas des cibles civiles. De nouveaux drones à réaction, plus rapides et dotés d’une plus grande puissance explosive, sont fabriqués en Ukraine. Ils frappent des bases en Russie et en Crimée occupée sans que Kiev n’ait à demander la permission de qui que ce soit.

Le 21 septembre, d’énormes entrepôts de munitions ont été touchés à Tikhoretsk, dans le sud de la Russie, et à Toropets, dans l’ouest du pays. À Tikhoretsk, l’un des plus grands arsenaux de munitions de Russie, 2 000 tonnes d’explosifs ont explosé dans une énorme boule de feu. Ces pertes de Moscou ont réduit l’avantage de son artillerie.

Les missiles de Moscou continuent de viser des zones civiles ainsi que l’infrastructure énergétique de l’Ukraine. En détruisant la moitié du réseau électrique du pays, Poutine cherche à étendre les coupures de courant et à intensifier la pression sur les travailleurs ukrainiens pour qu’ils se soumettent.

Poutine est de plus en plus inquiet de sa position en Russie et de sa vulnérabilité face aux attaques de l’Ukraine. Il a cessé d’utiliser sa propriété cossue de Sotchi sur la mer Noire, de peur qu’elle ne devienne une cible.