En date du 23 juillet, plus de 650 Palestiniens ont été tués et 4 200 blessés au cours des attaques aériennes et terrestre d’Israël contre Gaza. La plupart des victimes sont des civils. Plus de 100 000 personnes ont fui leurs maisons et trouvé refuge dans des abris des Nations-Unies ou là où ils le peuvent.
Les responsables israéliens affirment que 32 de leurs soldats sont morts dans les combats jusqu’à présent.
« La nuit dernière était vraiment la pire nuit depuis que la guerre a commencé, » a déclaré Abir Ayoub, une journaliste de Gaza à la télévision israélienne YNET, le 22 juillet. « Les F16, la marine de guerre et les chars bombardaient en même temps. »
L’armée israélienne « continue à demander aux habitants d’évacuer une zone spécifique, puis ils changent de zone », a-t-elle dit en faisant référence aux messages textes envoyés et aux tracts largués par les forces israéliennes avant leurs attaques contre des zones peuplées. « Quarante-trois pour cent du territoire de la bande de Gaza est dans leur zone interdite. » Les gens « ont fui sans nourriture, sans vêtements, » a-t-elle ajouté.
Le gouvernement israélien a lancé des attaques par mer et par air le 8 juillet puis envahi Gaza le 17 juillet. L’assaut a commencé en représailles au tir de dizaines de roquettes par le Hamas et d’autres groupes islamistes contre Israël, après que la police israélienne a arrêté des centaines de Palestiniens suite au lynchage de trois jeunes Juifs en Cisjordanie à la fin juin.
Le 2 juillet, Mohammed Abu Khdeir, un Palestinien de 16 ans, a été lynché. La police israélienne a arrêté six Juifs israéliens pour son meurtre.
Les tirs de roquettes du Hamas sur les civils et son soutien au meurtre des trois jeunes Juifs ont rendu politiquement plus facile à Tel Aviv de lancer son assaut meurtrier et ont été clairement conçus pour le provoquer. En même temps, le Hamas utilise la population de Gaza comme bouclier humain en plaçant des lance-missiles et d’autres armes dans des mosquées, des écoles et des centres de l’ONU et en essayant de garder les habitants dans les zones ciblées. Sa stratégie est de maximiser le nombre de civils tués par Tel-Aviv afin de se gagner de la sympathie autour du monde.
Du 8 au 23 juillet, l’armée israélienne a effectué 3 250 frappes aériennes. Le Hamas et ses alliés ont tiré plus de 2 100 roquettes et obus de mortiers. La plupart de ces projectiles, totalement imprécis et de mauvaise qualité, sont détruits par le système anti-missile Dôme de fer d’Israël. Les missiles du Hamas ont tué trois civils en Israël — Ouda Lafi al-Waj, un Bédouin arabe qui vivait dans le Néguev, un ouvrier agricole thaïlandais immigré à Ashkelon et Dror Chanin, un Juif israélien.
Le gouvernement israélien a déclaré qu’il poursuivra l’assaut jusqu’à ce que la capacité militaire du Hamas soit anéantie et son réseau de tunnels détruit.
Avec seulement 40 km de long et quelques km de large, Gaza est l’une des zones les plus densément peuplées au monde.
Les forces israéliennes ont occupé Gaza pendant 38 ans après l’avoir saisi dans la guerre israélo-arabe de 1967. Elles s’en sont retirées en septembre 2005, mais ont gardé le contrôle des frontières et de l’espace aérien. Des milliers d’habitants de Gaza n’ont plus eu la possibilité de travailler en Israël. Après que le Hamas a arraché au Fatah le contrôle de la bande de Gaza en 2007, les autorités israéliennes ont imposé des restrictions encore plus grandes sur le commerce et le droit de voyage. La population est fortement dépendante de l’aide de l’ONU.
Les gouvernements égyptiens successifs, y compris le régime précédent des Frères musulmans, ont coopéré avec la répression de Tel Aviv sur la frontière israélo-égyptienne. Le Caire n’a ouvert que 17 jours cette année sa frontière avec Gaza au point de passage de Rafah.
Le Hamas est devenu de plus en plus isolé depuis qu’il a pris le contrôle de Gaza en 2007. Il est moins soutenu que jamais par les gouvernements arabes de la région et sa répression de la dissidence politique, ses tentatives d’interdire les comportements « anti-islamiques, » sa corruption et son cours destructeur sous prétexte de mener la « lutte armée » ont affaibli son soutien parmi les travailleurs.
Déclin du soutien pour le Hamas
En 2007, selon un récent sondage réalisé par le Pew Research Center, 62 pour cent des habitants de Gaza et de la Cisjordanie avaient une opinion favorable du Hamas. Une autre enquête menée en avril-mai de cette année a enregistré 53 pour cent d’opinions négatives — 63 pour cent dans la bande de Gaza.
« Des milliers et des milliers de gens s’identifient avec la lutte des Palestiniens de la bande de Gaza, c’est une lutte légitime, » a déclaré de Haïfa par téléphone Salah Mohsen, directeur de la communication pour Adalah, le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, le 21 juillet. « Une manifestation qui a eu lieu ici le 19 juillet a été attaquée à coups de pierres et de bouteilles vides par des contre-manifestants qui soutenaient l’invasion, blessant plusieurs personnes. »
Le conflit militaire a attisé les tensions entre les travailleurs juifs et arabes en Israël.
« Dans les usines où il y a des travailleurs juifs et palestiniens, les disputes et les divisions s’exacerbent selon des lignes nationalistes, » a déclaré de Haïfa par téléphone Shay Cohen, secrétaire à l’organisation de Koach La Ovdim (Organisation démocratique du travail), le 21 juillet. « Le sentiment de solidarité a quelque peu été érodé. La grande majorité de la population juive est derrière la campagne. Parmi les Palestiniens ici, il y a ceux qui protestent et il y a ceux qui baissent la tête devant les campagnes nationalistes. »
En Cisjordanie, qui est dirigée par le Fatah, la police de l’Autorité palestinienne a empêché la tenue de manifestations en solidarité avec la population de Gaza et arrêté des manifestants.
« Presque toutes les manifestations ont eu lieu à l’intérieur d’Israël, » a déclaré de Nazareth par téléphone Wehbe Badarne, directeur du Syndicat des travailleurs arabes en Israël, le 19 juillet. Selon Adalah, plus de 410 citoyens palestiniens d’Israël ont été arrêtés depuis le 5 juillet dans les manifestations contre l’assaut sur Gaza. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas « les a empêchées d’avoir lieu en Cisjordanie, » a dit Badarne.
« Il n’y a pas de victoire militaire à chercher ici, a-t-il ajouté. Le gouvernement israélien doit discuter avec le Hamas en tant que représentant élu du peuple de Gaza, il ne peut pas le mettre en déroute. Il est dans l’intérêt de tous de trouver une solution politique. »
Le Militant a également essayé de joindre Sameer Mahal, un charpentier de la bande de Gaza avec qui le journal avait parlé en 2012. Mais Badarne a dit que Mahal avait été tué la semaine précédente quand un raid aérien israélien a frappé la maison de sa famille.
Une proposition de cessez-le-feu faite le 14 juillet par le gouvernement égyptien a été acceptée par Tel-Aviv mais rejetée par le Hamas, qui a dit ne pas avoir été consulté et que la proposition ne répond pas à ses exigences de libération de ses membres emprisonnés et d’ouverture des points de contrôle aux frontières.