Cette nouvelle édition augmentée de Les Cinq Cubains: qui sont-ils, pourquoi ils ont fait l’objet d’un coup monté et pourquoi ils doivent être libérés est la troisième à être publiée en anglais et en espagnol en moins d’un an. Ce seul fait permet de mesurer la soif pour plus d’informations qui existe parmi ceux qui, dans le monde entier, s’informent sur Gerardo Hernández, Ramón Labañino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González et veulent se joindre à la lutte pour leur libération. En plus des éditions produites simultanément en anglais et en espagnol par les éditions Pathfinder, le travail a déjà commencé sur les traductions en farsi et en français. Nous sommes confiants que d’autres langues suivront.
Gerardo, Ramón, Antonio, Fernando et René sont cinq Cubains qui vivaient et travaillaient dans le Sud de la Floride en 1998, au moment où chacun d’eux a été arrêté lors de descentes coordonnées avant l’aube, menées par le gouvernement des États-Unis. À cette époque, William Clinton était président.
Par un coup monté de toute pièce, ils ont été accusés de complot en vue de commettre de l’espionnage et, dans le cas de Gerardo Hernández, de complot en vue de commettre un assassinat. Plus de deux ans plus tard, les Cinq — qui avaient fièrement reconnu qu’ils travaillaient pour le compte du gouvernement cubain — ont été jugés et condamnés devant un tribunal fédéral à Miami sur tous les chefs d’accusation. Le juge leur a infligé des peines maximales. Trois d’entre eux ont été condamnés à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
Le 12 septembre 2012, chacun des cinq entamera sa quinzième année de détention aux États-Unis. Pour Gerardo, Ramón et Antonio, la plus grande partie de ces années de prison a été purgée dans des conditions difficiles, dans des pénitenciers à sécurité maximale. Gerardo Hernández — qui purge deux peines de prison à perpétuité que le tribunal lui a généreusement permis de purger simultanément — et René González aujourd’hui en liberté conditionnelle — ont fait face à une autre sanction arbitraire et brutale. Tout au long de leur emprisonnement, le gouvernement U.S. a refusé d’accorder des visas d’entrée aux États-Unis à leurs épouses, Adriana Pérez et Olga Salanueva, pour que celles-ci puissent leur rendre visite.
Quelles étaient les activités criminelles présumées des Cinq?
Ils se sont organisés pour infiltrer des groupes paramilitaires et d’autres groupes contre-révolutionnaires cubains-américains qui depuis cinquante ans planifient et perpètrent des attentats à la bombe, des assassinats et d’autres attaques contre des Cubains et d’autres partisans de la révolution cubaine — sur l’île, aux États-Unis (oui, à l’intérieur des États-Unis), à Puerto Rico et ailleurs. Leur mission était de tenir le gouvernement cubain informé de ces opérations meurtrières afin d’empêcher autant que possible qu’elles n’aboutissent.
Les Cinq Cubains: qui sont-ils, pourquoi ils ont fait l’objet d’un coup monté et pourquoi ils doivent être libérés raconte cette histoire le plus complètement possible. Les articles reproduits ici, ainsi que des dizaines de photos et autres représentations graphiques, ont été choisis parmi près de 200 articles d’actualité et de reportages spéciaux sur les Cinq Cubains parus au cours des quatorze dernières années dans les pages du Militant, un hebdomadaire socialiste publié à New York.
Le livre a surtout trois objectifs.
Le premier est d’expliquer pourquoi « le cas des Cinq Cubains » est en fait « le cas de la révolution cubaine. » Pourquoi le gouvernement U.S. a-t-il tant de haine et éprouve-t-il tant de peur face aux hommes et aux femmes qui ont fait la révolution cubaine et aux jeunes générations qui, aujourd’hui, se joignent à eux dans le combat pour défendre la révolution et la faire avancer ? Pourquoi retient-il en otage ces cinq – tous des produits exemplaires de cette révolution – face au refus du peuple cubain de renoncer à son cours socialiste et se mettre à genoux devant Washington ?
Le second objectif est d’aider les travailleurs, les agriculteurs et les jeunes aux États-Unis à prendre conscience de cette toile d’intérêts de classe communs qui relie la « justice » infligée aux Cinq par la police et les tribunaux des États-Unis à nos propres expériences de vie en prise à ce même système de « justice » ; particulièrement à chaque fois que nous résistons, à chaque fois que nous refusons de nous soumettre simplement à l’exploitation de plus en plus brutale imposée à nous par un système capitaliste de plus en plus en crise, à chaque fois que nous disons « assez! » et entrons en lutte, quelles que soient nos chances de gagner.
Les États-Unis détiennent le pourcentage le plus élevé au monde de sa population derrière les barreaux. Pour les dirigeants U.S., ceci n’est pas un choix mais une condition préalable nécessaire au maintien de leur domination à l’intérieur des frontières et à l’étranger. Aujourd’hui, Gerardo, Ramón, Antonio et Fernando se retrouvent parmi les 2,3 millions d’hommes et de femmes dans les prisons U.S., et les presque cinq millions, comme René, soumis à une forme ou une autre de sursis, de libération conditionnelle ou « de mise en liberté surveillée. » Sans l’avoir eux-mêmes choisi, ils se tiennent aux premiers rangs de la lutte des classes aux États-Unis. Et les travailleurs et les agriculteurs aux États-Unis qui en nombre croissant sont en train de trouver les moyens de résister découvrent dans les Cinq un exemple louable.
Le troisième objectif est de fournir des informations qui seront une aide à tous ceux qui sont impliqués dans cette lutte à travers le monde. La nouvelle édition comprend pour la première fois non seulement une présentation du livre faite à La foire du livre internationale de la Havane en février 2012 mais aussi plusieurs articles récents du Militant qui continuent d’approfondir notre appréciation du caractère et du calibre révolutionnaires de chacun des Cinq Cubains – et des membres de leurs familles.
Un certain nombre d’éléments spéciaux ont également été ajoutées. Il s’agit notamment d’une « chronologie » politique du cas des Cinq, d’un résumé des chefs d’accusation dont chacun a été reconnu coupable et des peines infligées à chacun d’eux, ainsi que des extraits des opinions rendues par des juges de la Cour d’appel des États-Unis qui ont réexaminé le procès-verbal et qui auraient cassé les condamnations si leurs décisions n’avaient pas été remises en cause. Se trouve également dans cette édition une liste de quelques-uns des milliers d’individus, d’organisations et d’institutions aux États-Unis et dans le monde qui ont apporté leur soutien à la bataille pour obtenir la libération des Cinq, ainsi que des déclarations par certains des plus connus d’entre eux.
Le mérite de ces ajouts revient aux individus et organisations de différents coins du monde – de l’Indonésie et l’Iran, à la France et aux États-Unis – qui ont demandé avec insistance d’autres informations et documents pour les aider à comprendre l’affaire et à la présenter à d’autres qui commencent seulement maintenant à connaître les Cinq Cubains et à les soutenir.
Ces demandes ont suscité la préparation de réponses sous une forme conçue pour être utile à tous ceux qui sont impliqués dans cet effort international, y compris les 350 comités dans 114 pays, les milliers d’individus et les centaines d’organisations politiques qui travaillent à construire ce que Gerardo Hernández a décrit à juste titre comme « le jury de millions de gens qui feront connaître notre vérité. »
Mary-Alice Waters
Martin Koppel
1er septembre 2012